08/11/2019
Chacun son tour.
Le Goût vous parle souvent de moi comme la lumière de ses jours.
Lumière éteinte quand un de ses amis l'invite à son anniversaire, ou à aller voir une expo ou déjeuner chez lui.
Le Goût a des amis aussi déjantés que lui.
Des audiophiles, autant dire des cinglés.
Des hommes, qui parfois ne vivent pas dans la même maison que leur femme...
Et pourquoi ?
Pour avoir des enceintes acoustiques plus grandes que le studio d'un étudiant parisien !
Le Goût est le cousin germain de Gaston.
Ce matin il a la même coiffure.
Tous les jours il a le même sens de l'absurde...
Il est capable - et il l'a fait- de jeter des billets d'avion à la poubelle avec l'enveloppe de dollars et les traveller-checks.
Il est même capable de sortir sans pantalon.
C'est d'ailleurs le regret de ma vie, j'ai tellement ri qu'il a compris que quelque chose clochait et a fini de s'habiller...
Le Goût ne ferme jamais les portes, toutes les portes.
Il m'est très difficile de prendre ma douche tranquille, le bruit de l'eau doit lui donner envie de m'informer immédiatement de tout et de rien.
Même ses petites filles ne lui font pas confiance pour traverser.
Il traverse sans regarder, l'écharpe au vent, il va certainement marcher dessus avant la fin de l'année.
Vous connaissez mieux le Goût ?
Vous avez de la chance, pas moi...
09:57 | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : le goût, vie, ordinaire, heureuse ?
04/11/2019
Migration...
Je marche depuis des jours et des jours...
J'ai faim.
J'ai soif.
J'ai envie de me poser mais j'ai peur.
Les gens me croisent, indifférents, je ne suis qu'un errant de plus.
De fait, je suis un migrant, un "nègre blanc" comme disait Boris Vian.
Mes ongles ne me trahiront pas car personne ne regarde les ongles d'un SDF.
J'ai froid...
Je me suis embarqué, comme beaucoup, pour connaître une vie meilleure.
Ceux qui donnent des nouvelles disent qu'ils sont cousus d'or.
Les autres ? On pense qu'ils sont morts, tués par les passeurs, par la mer, enfermés par "l'Administration", que sais-je.
Cette maison semble abandonnée, vide, je vais y jeter un coup d'oeil.
Elle ferait un abri presque confortable je suis sûr.
Ça ne fera de tort à personne, je ne veux qu'y dormir et manger un peu.
Avec un peu de chance il y aura un foyer où je pourrai me chauffer un peu d'une flambée de quelques bûches.
Lorsque j'aurai repris des forces je me mettrai en quête d'un travail.
Il sera mal payé, évidemment pas déclaré car je n'ai pas de "papiers".
Personne ne m'appellera "Blanche neige" car je suis trop clair mais je suis l'un d'eux.
Allez ! Je ferai la plonge et un peu la cuisine dans un restaurant.
C'est là qu'on nous trouve en général.
Ou bien dans les vieilles maisons abandonnées...
09:31 | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : lakevio-le goût, migrant, refuge
31/10/2019
C'est déjà fini.
Les filles sont reparties dimanche soir...
Plus de "mais Mamiiiieeee..."
Plus de "ferme des animaux" au milieu de la pièce...
On traîne ce jouet depuis au moins une dizaine d'années.
On en perd des morceaux, on y ajoute d'autres bêtes, cette "ferme" tout plastique aura pour l'instant, survécu à tout.
À tous les déménagements.
À tous les jeux et emportements de Merveille.
À tous les jeux et enthousiasmes de P'tite Sœur.
Depuis dimanche, plus de Merveille reprochant à "Vipère au poing" de parler de religion.
Ça ne l'a pas empêchée de me traiter de "Folcoche" quand je n'étais pas d'accord avec elle...
Je ne lui ai même pas fait remarquer que son père avait dit ça avant elle...
J'en ai retiré l'impression qu'en leur donnant cette oeuvre à lire d'une génération sur l'autre, les enseignants manquent d'imagination.
Hier, nous sommes allés déjeuner avec une amie puis nous sommes allés ensuite boire un café en face de la mairie des Batignolles.
Comme je vis sans montre, j'ai été toute surprise d'arriver à la maison à sept heures du soir...
Ce matin, la rue est si calme et l'immeuble si vide que je savoure la chose car lundi le collège va rouvrir ses portes.
Il y aura le lot habituel de braillards, une minorité qui fait du bruit pour tout l'établissement.
Je ferai la queue à la boulangerie, le coin vivra de nouveau jusqu'aux vacances de Noël et sera de nouveau calme pour deux semaines.
Si les touristes qui louent un appartement pour un week-end ne gâchaient pas parfois nos nuits, nous aurions l'impression de vivre dans une ville abandonnée...
10:29 | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : fatigue, automne, les filles
28/10/2019
Je vieillis, c'est naturel mais fatigant.
Elles grandissent, pas moi...
Nous y sommes : P'tite Sœur est à la "grande école" et Merveille est plus grande que moi !
Ça y est ! Merveille est une ado !
Ce n'est que le début, elle argumente, je refuse, elle râle...
Je suis une "tortionnaire" qui entend très souvent : "Mais Mamiiiie..."
Brusquement elle se rend compte de mon grand âge et me donne la main pour me protéger des voitures.
Je suis devenue centenaire en quelques secondes.
P'tite Sœur, elle, est une groupie de notre voisin.
Elle ne connait absolument pas son groupe, elle croit même que le bassiste s'appelle "Bébé" et le guette comme une ado.
Elle veut même que j'aille sonner chez lui pour faire les présentations.
Je m'aperçois que je vieillis et pas uniquement à mon dos.
"Avant" je pouvais écrire lorsqu'elles étaient là, lire et répondre à leurs questions, tout ça en même temps.
Maintenant il faut que je fasse les choses les unes après les autres...
Nous sommes allées au cinéma voir "Shaun le mouton".
J'ai failli m'endormir au début.
Après ça passe, c'est plein de clins d'oeil à des films de Science-Fiction que j'ai détestés.
Je pense en particulier à "2001 Odyssée de l'espace", là je crois que j'ai vraiment dormi.
Merveille et son grand père riaient et P'tite Sœur a aimé.
Ça prouve que je ne suis pas complètement retombée en enfance...
Et le lendemain on a fini là :
09:50 | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : les filles, marche à pied, bains
21/10/2019
Départ
Il fait froid et il pleut.
Ça fait des jours et des jours que je me demande si je vais avoir le courage de partir.
J'en ai assez de cette vie.
Toujours les mêmes copines.
Dans le même café à tenir les mêmes discours sans fin ni décision.
Et toujours le même avenir bouché.
Oh ça, pour me seriner "Ailleurs ce n'est pas mieux, tu sais !" ou "Tu crois qu'ailleurs l'avenir est plus rose ?" Il y a du monde !
Pour prendre une décision, oser y aller voir, là, plus personne...
Comme si je ne le savais pas que l'avenir est bouché aussi, que le travail manque et que les étrangers ne sont pas appréciés... Pfff...
J'ai envie d'aller en France, c'est beau, je l'ai vu à la télé au café.
Bon, elle a mauvaise réputation.
On dit que les Français sont racistes, comme si on appréciait mieux les étrangers ici !
Le même discours partout sur ceux qui viennent d'ailleurs.
"Ils nous prennent notre travail ! ", comme si je ne savais pas qu'ils prennent surtout le travail qu'on leur laisse ! Celui qu'on ne veut pas faire !
Mais c'est décidé, j'ai décidé, je pars à Paris.
Je ne sais pas encore comment mais j'y arriverai, c'est sûr.
Je suis sûre que j'arriverai à passer pour une vraie Parisienne, que je mangerai des croissants et irai chez le coiffeur toutes les semaines...
Je me ferai même faire les ongles !
Je serai enfin une vraie Parisienne.
Je m'en vais.
Je pars faire mes études à Paris.
Je suis sûre que j'y trouverai l'amour, que j'irai à la Closerie des Lilas, je ne croiserai pas Hemingway, évidemment mais à la terrasse, je boirai mon café le petit doigt en l'air avec mon premier salaire de baby-sitter.
Je ferai ça, c'est décidé, comme une jolie Parisienne.
En attendant il faut que je rentre.
Maman m'attend pour partir travailler, je dois aider mon petit frère à faire ses devoirs et préparer le repas.
Je sors de mon rêve éveillé pour dire avec lassitude "A demain les filles..."
Un jour, j'irai à Paris, c'est sûr, j'y vivrai même...
Mais quand ?
10:07 | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : jeu, lakevio-le goût, départ