04/11/2019
Migration...
Je marche depuis des jours et des jours...
J'ai faim.
J'ai soif.
J'ai envie de me poser mais j'ai peur.
Les gens me croisent, indifférents, je ne suis qu'un errant de plus.
De fait, je suis un migrant, un "nègre blanc" comme disait Boris Vian.
Mes ongles ne me trahiront pas car personne ne regarde les ongles d'un SDF.
J'ai froid...
Je me suis embarqué, comme beaucoup, pour connaître une vie meilleure.
Ceux qui donnent des nouvelles disent qu'ils sont cousus d'or.
Les autres ? On pense qu'ils sont morts, tués par les passeurs, par la mer, enfermés par "l'Administration", que sais-je.
Cette maison semble abandonnée, vide, je vais y jeter un coup d'oeil.
Elle ferait un abri presque confortable je suis sûr.
Ça ne fera de tort à personne, je ne veux qu'y dormir et manger un peu.
Avec un peu de chance il y aura un foyer où je pourrai me chauffer un peu d'une flambée de quelques bûches.
Lorsque j'aurai repris des forces je me mettrai en quête d'un travail.
Il sera mal payé, évidemment pas déclaré car je n'ai pas de "papiers".
Personne ne m'appellera "Blanche neige" car je suis trop clair mais je suis l'un d'eux.
Allez ! Je ferai la plonge et un peu la cuisine dans un restaurant.
C'est là qu'on nous trouve en général.
Ou bien dans les vieilles maisons abandonnées...
09:31 | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : lakevio-le goût, migrant, refuge
Commentaires
Ton optimisme et ta confiance dans la nature humaine font chaud au cœur...
Écrit par : le-gout-des-autres | 04/11/2019
Temps pluvieux, maison abandonnée, nouvel habitant esseulé, une belle semaine commence ! ;)
Écrit par : Fabie | 04/11/2019
Ce genre de maison abandonnée est souvent le lieu idéal pour un squat, c'est honteux à notre époque... ton billet me met en colère, me chagrine, me révolte, alors j'arrête d'écrire :-(
Bisettes
Écrit par : Praline | 04/11/2019
De bon matin, heure-bleue, ça plombe ! Mais ce sont là les réalités de la vie. Très dures pour certains. Et ces " certains " sont de plus en plus nombreux hélas.
Écrit par : SdL | 04/11/2019
Bien vu Heure Bleue ! Effectivement cette maison, avec sa porte juste entrebâillée, invite à entrer en catimini. Comme le ferait un sans-papier. Et tant mieux s'il peut y trouver quelque réconfort.
Écrit par : Yvanne | 04/11/2019
Hélas… Il y a encore quelques années cette personne aurait pu se planquer mais notre époque veut que nous soyons épiés partout. Il finira tout au mieux dans une tente sur le bord du périph. A chaque fois que je passe Porte de la Chapelle, j'ai honte de notre société car alentours, des immeubles de bureaux entiers sont vides et pourraient être transformés pour héberger temporairement cette misère humaine.
A cet endroit, certains font leurs besoins au regard de tous entre la bretelle qui dessert l'autoroute du nord et le périph à proprement dit. Comme c'est toujours blindé à cet endroit, on a le temps de mater sans le vouloir.
C'est aussi ça Paris… Et Madame Hidalgo que dit-elle, que fait-elle ?
Écrit par : Armelle | 04/11/2019
Réalité plus que dure, et quand il y a un abri même de fortune, où passer la nuit. Tout cela ne devrait pas , plus se voir de nos jours, je devrais dire plus exister, car en effet tout le monde ne le voit pas.
Écrit par : delia | 04/11/2019
A Paris, vous devez effectivement en voir de la misère humaine, en province, elle est moins visible...Quand je pense à toutes les maisons abandonnées en France, ça en ferait des lieux d'hébergements. Mais, va donc habiter en province où il n'y a ni train, ni bus, ni commerce, rien de rien !
Écrit par : julie | 04/11/2019
J'ai travaillé plusieurs années comme enquêtrice pour l'IFOP et je suis entrée une fois dans un hôtel particulier du presque centre de Nantes. La saleté et l'abandon du hall m'ont surprise, mais j'ai néanmoins frappé à une porte.
Ce que j'ai vu m'a fait déguerpir vite fait : des clochards y cuvaient leur vinasse et la femme qui a ouvert était repoussante et a été aussi surprise que moi.
L'hôtel particulier a depuis été restauré, mais je pense à ces pauvres gens chaque fois que je passe devant.
Puis-je vous confier que j'héberge actuellement un Erythréen, médecin dans son pays et qui apprend le français pour devenir (peut-être) aide-soignant ? Nous sommes deux familles à nous le partager.
Écrit par : Gwen | 04/11/2019
Je dirai la même chose que ton cher et tendre...
Mais tu vas me dire que c'est se voiler la face que d'être optimiste...
Et tu auras sans doute raison...
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Écrit par : celestine | 04/11/2019
les gens du pays ne sont pas toujours mieux lotis, je viens de voir le film "sorry we missed you", aouchhh...je te le conseille
Écrit par : ang/col | 04/11/2019
j'ai vu tellement de mendiants à Paris que je ne savais plus où donner de la piécette, alors on finit par ne plus rien donner... mais il faisait froid, il pleuvait, et je me demandais comment on survivait dehors dans ces conditions
Écrit par : Adrienne | 05/11/2019
Dur ce texte ! Il nous ramène à des réalités que nous avons en face de nous chaque jour.
Et, il faut bien le dire, on commence à penser comment préparer les ripailles de Noël ! C'est quand même ça qui est important…
:-(
Écrit par : alainx | 05/11/2019
Tu nous ramènes au problème de l'accueil des migrants.
Qu'ils squattent un lieu désert répond à un réel besoin de trouver un toit avant l'hiver (mais représente aussi un danger pour eux).
Mais que ce même lieu soit loué comme habitat normal, voilà aussi qui m'interpelle (voir à Marseille).
Écrit par : Sophie | 06/11/2019
oh pinaise que c'est triste, mais si vrai...Nous sommes tous des migrants...la terre n'appartient à personne en particulier !!! Même Jésus était migrant..., bisous pluvieux!!! ras la casquette!
Écrit par : Charlotte17 | 06/11/2019
noel,temps du partage:deux mille ans plus tard,jésus serait né sous les ponts ,la luminosité des féeries des ^fetes aurait noyé l'étoile du berger...
christiane
Écrit par : christiane | 10/11/2019
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