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19/05/2015

? מה זה בלגן

Qu'est-ce que c'est que ce bordel bazar ? 
Et ça se lit de droite à gauche...

Vous me demandez ce que veut dire balagan ?
Balagan, c'est le bazar, le bordel, le foutoir.
C'est un des premiers mots que j'ai entendus le jour où j'ai atterri à Tel-Aviv.

C'était un quatre avril, le Goût était déjà installé.
Il m'attendait.
Il m'avait prévenu : "Premier arrivé, premier servi".
L'Israélien ne fait pas la queue, il gruge, et il fait boule devant les comptoirs.
C'est la loi du plus fort , du plus mal élevé.
Je suis devenue très forte à ce petit jeu, j'arrivais toujours à monter dans le premier bus et à passer l'immigration la première.

Tel-Aviv, c'est de l'histoire ancienne mais il me reste des expressions dont le fameux "ma ze balagan", passé dans le langage courant de la famille.
Il me reste d'autres mots que je ne vais pas vous traduire ici.
Il me reste des sensations, la chaleur qui s'abat sur moi à peine descendue de l'avion, le bruit, l'arnaque des chauffeurs de taxi, la mer au bout de la rue.
Les premiers jours, l'histoire d'amour-haine qui me lie à ce pays.
Au début boire son café en terrasse au bord de la mer est un vrai kif...

Les restaurants qui n'ont rien à envier aux restaurants parisiens.
C'est délicieux, ce n'est pas casher.
Enfin à Tel-Aviv.

Et puis arrive l'ennui.
Le soleil chaque jour, le Goût qui part travailler, moi qui apprends l'hébreu avec difficulté, ma vie d'avant me manque, mon Ours me manque, c'est le balagan dans ma tête.

Balagan, Israël, souvenirs

 

 

   

17/05/2015

Les années…

Merveille, Petite Soeur, souvenirs, photos perdues

Je suis en train de lire "Les années".
Annie Ernaux a quelques années de plus que moi, mais ça ne compte pas.

Les évènements sont les mêmes, 68, la mort de De Gaulle, les années consommation.
Ça me plonge dans mes propres souvenirs.
J’ai traversé mai 68 comme un jeu.
Puis la rencontre du Goût, la naissance de l’Ours, la première fois que je l’ai tenu dans mes bras.

Tout a disparu mais ce ne sont que des objets, ça n’a pas d’importance.
L’argenterie de ma mère ? Celle de ma grand’mère ? Pfffuitt…
Mais les photos ? Ces traces de notre vie ?
Celle où je tiens l’Ours dans mes bras. J’avais une robe courte. Je n’ai que rarement l’air naturel sur une photo mais là je l’étais. Je regardais l’Ours…
Celle où le Goût, tenait son fils comme un trésor.
Il avait les cheveux si noirs que de dos, on le prenait pour un Asiatique…
Je ne manque  pas de photos de Merveille et bientôt je ferai tirer sur papier les deux premières années de vie de Petite Sœur..
Merveille s'affiche sur le mur de ma chambre, sa sœur va la rejoindre bientôt.
Je pourrai regarder de mon lit le pêle-mêle sur le mur et leurs photos me raviront.
Mais les photos ?
Celle de l'Ours sur son petit vélo orange ?
L’Ours et son père couchés dans un canapé et regardant un western ?
Où sont elles ?
 Elles ont disparu et mon fils et mes petites filles ne pourront pas s'attendrir ou rire sur un passé presque récent…

16/05/2015

Le lendemain, il a plu

Jeudi j'ai été réveillée par la pluie.
Merveille dormait.
Elle reprenait des forces.
La veille, elle
n'avait pas aimé notre rire quand elle nous avait demandé s'il y avait des dinosaures quand on était petit où quelque chose d'équivalent...
Elle a dormi jusqu'à midi, pris une longue douche et expédié le repas.
Nous n'avions plus qu'à occuper Merveille.

J'ai eu une idée, j'ai parlé de gâteau.
Le Goût a pris Merveille par la main et ils sont partis en bus au Monoprix.

Au retour, elle a fait un gâteau roulé sous la direction de son grand-père.

merveille,petite soeur,gâteau roulé

Après, on a joué, au "boggle", elle a tout de suite compris le principe mais elle écrit encore trop lentement. On a vu qu'elle avait enfin appris à ne pas gagner, c'était bien.
Puis on a habillé des poupées de papier.
On a aussi fait des coloriages.
Mais pas des trucs anti-stress parce que ça m'énerve...
Son père a téléphoné, j'ai compris qu'ils viendraient chercher Merveille.
En fait ils venaient tous dîner ! Je n'avais pas compris ça...

Petite Sœur était tout sourire, même avec moi et heureuse de retrouver sa sœur.
Elles sont parties dans la chambre et cette petite qui n'a pas encore deux ans, a sauté comme une grande sur mon lit !
Je les ai vues en ombre chinoise sur le mur.
Evidemment, à mon arrivée, elles ont joué les innocentes.
Merveille a défendu sa sœur, dit qu'elle l'avait hissée sur le lit alors qu'elle est parfaitement capable de grimper sur mon lit toute seule.
Je l'ai vue !

C'était une excellente journée mais je ne sais pas pourquoi vendredi j'étais sur les rotules.
Je me suis rappelé toute la journée que j'avais un dos et qu'il n'avait plus vingt ans...

15/05/2015

Mais Mamiiiiie !!!

Mais Mamie !
Ce sont les premiers mots de Merveille dès la sortie de l'école.
Je ne sais pas ce que j'ai dit ou fait mais elle n'est pas d'accord.

Elle a faim.
Il faut passer chez ses parents, y laisser son cartable, prendre un petit sac et hop c'est parti pour une longue journée où nous rentrerons tous les trois sur les rotules.

Déjeuner dans un endroit secret.
C'est Merveille qui décide.
Elle est à l'âge où tout est secret.
Elle ressemble parfois à l'ado qu'elle sera mais reste une petite fille qui danse en marchant.

Les pierres, je n'ai pas envie, je les laisse s'engouffrer dans la Galerie de Minéralogie.
Je sors mon livre, je m'installe à l'ombre d'une pierre vénérable et me plonge dans les années 50 avec Annie Ernaux.

Ils sortent heureux au bout d'un long moment, près de deux heures.
Le grand-père innocent croit qu'il va échapper à la ménagerie.
Il rêve...
Merveille prétend ne jamais se souvenir mais le conduit droit vers son destin.
Elle court, on peine à la suivre, elle regarde, lit les panneaux, se pose devant les flamants roses, ceux là, sont oranges.

merveille,jardin des plantes,roulé au chocolat,enfants,petite soeur.

Elle reste un long moment assise à les regarder.

Elle veut voir les fauves.
Le jardin va bientôt fermer, les animaux attendent les soigneurs, le silence se fait.
Merveille espère mais non, elle ne verra pas tous les fauves.
Elle jouera à avoir peur dans un endroit où nous sommes presque seuls...
Nous regarderons les quais de la Seine en rentrant.

merveille,jardin des plantes,roulé au chocolat,enfants,petite soeur.

La suite demain.

12/05/2015

Paris ville des "lumières"

Paris, fous, soleil etc...

Le Goût est capable de me faire traverser Paris, même lorsqu'il fait chaud, pour déguster un döner.
Son préféré est situé à la Porte Saint
-Denis, quartier populaire de Paris avec une population majoritairement Kurde.

Lorsqu'il fait chaud à Paris, les fous sont plus nombreux que d'habitude.
Peut être qu'étancher sa soif avec des boissons fortes n'est pas étranger à cette multiplication de comportements bizarres.

J'ai vu un homme s'installer devant nous.
Il ressemblait à un possédé, un de ceux qui hantent les livres de Dostoïevski.
Il hurlait contre les passants.
Il fut chassé par le propriétaire du restaurant.

Les filles de joie ont réinvesti les portes cochères.
Effet de la crise ou échec à l'embourgeoisement du quartier ?

Plus loin, sur le chemin de la Bourse, une femme qui parlait tranquillement dans son téléphone s'est mise tout à coup à hurler et à rire, effet de surprise garanti.

Je passe sur ceux qui font la circulation.
Surtout du côté de la Bourse, devenue un endroit touristique où les cars bouchent la circulation.

Hier, nous étions dans un café, juste à côté de l'endroit où nous sommes rencontrés.
C'était une petite société de composants électroniques.
Je ne suis  devenue libraire qu'après la naissance de l'Ours.

Nous nous sommes fait la réflexion que nous retournions de plus en plus souvent sur les lieux de notre rencontre.
Le café de ma jeunesse est devenu un truc à brunch chichiteux.
Mais, il n'empêche que nous revivons les moments où avec les huit francs de mes tickets restaurants, nous avions un repas complet, café compris...