heure-bleue

Mais Mamie !
Ce sont les premiers mots de Merveille dès la sortie de l'école.
Je ne sais pas ce que j'ai dit ou fait mais elle n'est pas d'accord.

Elle a faim.
Il faut passer chez ses parents, y laisser son cartable, prendre un petit sac et hop c'est parti pour une longue journée où nous rentrerons tous les trois sur les rotules.

Déjeuner dans un endroit secret.
C'est Merveille qui décide.
Elle est à l'âge où tout est secret.
Elle ressemble parfois à l'ado qu'elle sera mais reste une petite fille qui danse en marchant.

Les pierres, je n'ai pas envie, je les laisse s'engouffrer dans la Galerie de Minéralogie.
Je sors mon livre, je m'installe à l'ombre d'une pierre vénérable et me plonge dans les années 50 avec Annie Ernaux.

Ils sortent heureux au bout d'un long moment, près de deux heures.
Le grand-père innocent croit qu'il va échapper à la ménagerie.
Il rêve...
Merveille prétend ne jamais se souvenir mais le conduit droit vers son destin.
Elle court, on peine à la suivre, elle regarde, lit les panneaux, se pose devant les flamants roses, ceux là, sont oranges.

Elle reste un long moment assise à les regarder.

Elle veut voir les fauves.
Le jardin va bientôt fermer, les animaux attendent les soigneurs, le silence se fait.
Merveille espère mais non, elle ne verra pas tous les fauves.
Elle jouera à avoir peur dans un endroit où nous sommes presque seuls...
Nous regarderons les quais de la Seine en rentrant.

La suite demain.

Depuis la réforme de l'Education Nationale, Merveille ne vient plus dormir à la maison.
Elle n'assiste d'ailleurs jamais aux ateliers.
Dans son coin, elle faisait des arbalètes en carton.
A la troisième arbalète, ses parents ont déclaré forfait.
Elle n'apprenait rien et faisait des choses bien plus intéressantes et enrichissantes en famille...

Donc mercredi midi, nous allons la chercher et nous la faisons déjeuner.
Son grand père a déjà trouvé un programme : le Pavillon de Gemmologie du Jardin des plantes.
J'attendrai dehors, sur un banc.
Je déteste les pierres sauf les diamants car, comme dit Marilyn, "diamonds are a girl's best friends".
Je n'ai même pas un seul petit diamant...

Nous savons que Merveille au Jardin des Plantes passe toujours devant les animaux.
Alors, pour changer, nous allons lui proposer la visite des serres.

Deux jours de : "Mais Mamie...", c'est rien que du bonheur.

cliquez

Elle a fait le tour du cadran et, malgré la pluie, a insisté pour aller au Jardin des Plantes.
Précisément à la ménagerie avec repli éventuel sur la Grande Galerie de l'Evolution.

Le jardin était superbe, comme toujours, il hésitait entre automne et printemps, des parterres de dahlias fauves mais des arbres toujours verts.

Regardez ! Nous avons même vu des crocus en pleine forme devant les chevaux préhistoriques, la terre doit être généreuse.

Nous avons admiré les tortues, j'ai l'impression qu'elles viennent de revenir, un troupeau de kangourous, nos cousins les orang-outangs, les chouettes, elle a couru, réclamé à manger, j'avais prévu du carburant.
Elle nous a fichu sur les rotules.

Et samedi matin, elle part en vacances, nous irons voir la petite sœur, la petite aux yeux bleus bien plus sauvage que son aînée.

Le reste de ma note est parti dans les limbes d'Internet.

Il était question de Jardin des Plantes, de pluie, de Grande Galerie de l'Evolution.

De Lulu, qui sort quatre molaires en même temps.
Elle aura bientôt plus de dents que sa grand'mère a de couronnes...

De Merveille qui part en vacances samedi matin.
Elle en a bien besoin avec sa grosse gastro qui lui a fait perdre du poids, elle qui est déjà si mince.

De Lulu encore, qui commence à faire du charme et des sourires à son grand-père.

D'heureux grands-parents qui fondent devant leurs Merveilles