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10/09/2018

Guerre et Paix

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Elles sont amies, donc un peu ennemies... Comme on peut l'être à cet âge.

Elles parlent peu de leurs examens futurs, de leurs projets d'avenir.
C'est un soir d'été, elles parlent chiffons et garçons.
Il y a de l'insouciance et des rires bêtes comme on en a à leur âge, c'est normal.

Il y a Norma, qui rêve secrètement d'être une star de la chanson ou du cinéma, elle n'est pas fixée.
Elle veut juste la gloire et l'argent mais n'en parle pas aux deux autres car elle essuie déjà leurs moqueries.
Elle veut sortir avec Adrien, la coqueluche de leur petite ville mais il se dit qu'Adrien n'est pas intéressé par les filles, alors ...

Il y a Béa qui, sous son bandeau, n'est qu'une boule d'angoisse.
Elle n'en a même pas parlé aux deux autres.
Un mois de retard, c'est beaucoup. Surtout que Fred vient de changer de ville et ne se sent pas concerné.

Il y a Sarah, qui pense à Norma.
Elle ne peut rien lui dire.
Elle ne peut pas lui parler de son attirance, de son envie de l'embrasser, de son envie de la dévêtir et de la découvrir. Elle est amoureuse d'elle.

Elles se taisent, elles se sentent si différentes les unes des autres.

Le peintre a fixé une image fausse.
Elles vont bientôt se déchirer.
Sarah et Norma vont devenir plus que des amies.
Quant à Béa, elle ne parlera pas de sa grossesse, elle pratiquera le déni et tous seront surpris dans quelques mois...

23/07/2018

Moi j'aime pas la mer.

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Aaahhh... Marguerite !
Tu en as raconté des âneries tout au long de ta vie, somme toute assez longue compte tenu de tes addictions.

Tu as écrit longuement sur la baie d'Halong.
Tu as eu un prix pour un amant fantasmé.

Tu as passé les dernières années de ta vie aux Roches Noires, dans cet ancien hôtel de luxe de Trouville.
Tu as passé tes nuits à le guetter ce marin de pacotille.
Celui qui préférait les garçons mais toi tu l'acceptais plutôt qu'assumer ta solitude de femme vieillissante.

Aujourd'hui, tu veux qu'on parle de cette mer, qui pour moi n'en est pas une, trop chaude, trop polluée, trop fréquentée.

Tu nous parles de pastis, Marguerite !
Toi qui as su écrire la douleur, l'absence, le manque, tu oses nous proposer un pastis après un bain matinal.

Tu es coupable, forcément coupable,coupable de mauvais goût.
"Ah ! qui n'a pas eu envie d'un pastis après un bain de mer pris en Méditerranée ne sait pas ce qu'est un bain de mer pris le matin en Méditerranée." Écris tu.
Aaahhh.... Marguerite... Tu me déçois ! Si encore tu m'avais proposé de l'absinthe, comme Verlaine, Rimbaud et bien d'autres !
Mais non ! Du pastis ! 

16/07/2018

C'est encore loin la mer ?

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"A dix huit ans, j'ai quitté ma province bien décidée à conquérir Paris".

Je suis arrivée Gare de Lyon, éblouie.
J'ai regardé "Le train bleu" et j'ai décidé que la prochaine fois 
j'oserais m'installer dans l'un de ses fauteuils.

Je n'avais pas grand'chose : Ma valise et une lettre de recommandation pour une amie de ma grand'mère susceptible de me louer une chambre.
Même une pas très dégourdie comme moi pouvait faire son chemin dans le Paris des années soixante.
J'ai travaillé, j'ai étudié.
Je suis devenue plus parisienne qu'une Parisienne de souche !
Regardez autour de vous, Paris est surtout peuplée de gens venus d'ailleurs.

Bon, j'avais encore des émerveillements de petite provinciale.
Le Parisien de souche ne va pas à la tour Eiffel.
Il ne la regarde même pas.
La visite organisée avec sa classe lorsqu'il avait huit ans lui a suffi.
Je ne me suis pas mariée. J'ai pris un chat. C'est plus doux qu'un homme et tout aussi égoïste.
Aujourd'hui, j'en ai assez de Paris mais j'ai décidé que non, je ne retournerai pas dans ma ville de province, triste à mourir.
Je veux vivre au bord de la mer.
La femme mûre qui attend son train maintenant, celle qui a bazardé sa vie parisienne, ne ressemble plus à la jeune fille qui allait dans l'autre sens.
Elle a perdu quelques illusions et pris quelques kilos.
Elle sait qu'elle pourra faire son trou ailleurs...

 

02/07/2018

Des roses blanches ? Tu rêves !

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Adieu Berthe...

Tu n'espérais quand même pas que j'allais t'offrir des roses !
Des blanches en plus !

Je sais, je me suis fait avoir sur toute la ligne au début, ton prénom désuet, ton côté jeune fille de bonne famille.

J'ai été fou amoureux de toi au premier regard, tu as baissé les yeux modestement et je n'ai pas vu ton air triomphant.

Tu acceptais que je vienne t'attendre à ton travail.
Si j'avais connu la nature de ton travail, tes fréquentations, le voyou qui vivait avec toi et te dictait ta conduite, ça se serait arrêté dès le début.

J'ai voulu faire de toi ma femme. Non mais quel idiot !
Je t'offrais des bijoux, je voulais te faire rencontrer mes parents, tu trouvais toujours un prétexte pour repousser cette rencontre.
Je ne raconterais pas ici mes souffrances lorsque j'ai découvert la vérité.
Tu ne feras plus souffrir personne.
Je t'ai frappé avec rage. J'ai jubilé de voir ton corps à terre, inanimé.
J'ai jeté ton corps dans un ravin puis j'ai fait croire au village que tu avais suivi un colporteur.
Ton visage a été dévoré le premier, tu es désormais en bonne compagnie ave Capucine.
Elle aussi croyait pouvoir me berner.
L'idiote...

04/06/2018

RATP.

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éclat
farcis
musaraigne
saison
s'époumonait
retentit
machiniste
poubelle
document
distingué


Voilà...


Le métro arrive enfin. Il a l'air bondé.
Une grève, une de plus, par solidarité, un machiniste a été agressé.

Si les transports se mettent en grève à chaque agression, on peut reconvertir toutes les stations de métro en refuge pour migrants.
On peut même le faire sans un dramesans un cri.

Ceux qui ne prennent jamais le métro seront contents de ne plus voir de tentes sur le bord du Canal Saint Martin, plus de poubelle débordante.
Et puis la marche, c'est bon pour la santé !
On pourra s'empiffrer de petits farcis sans prendre un gramme !

J'ai enfin réussi à pénétrer dans la rame. J'ai même trouvé une place.
Bon, j'ai fait semblant de ne pas voir cette femme enceinte...
Je vais pouvoir relire ce document, j'espère être distingué et dire adieu à ce poste sans éclat.

Le métro freine, fait quelques mètres et s'arrête.
Punaise ! Qu'il fait chaud ! Un cri retentit, un rat, non une musaraigne, on se demande ce qu'elle fiche là cette bestiole, on a plus l'habitude de voir des rats bien nourris traverser les voies.

Ma dernière copine s'époumonait lorsqu'elle voyait une souris traverser l'appartement.
Elle a fini par me quitter, pas uniquement à cause des souris, je n'étais pas fiable, pas propre.

Je commence à avoir trop chaud, me sentir à peu mal.
L'odeur des gens, le malaise monte, je me fredonne du M'sieur Eddy, c'était "ma dernière séance".

Je ne reprendrai plus le métro en cette saison...