11/03/2019
Flou artistique
On ne distingue pas pas encore les traits mais on y projette toujours quelque chose.
Voilà...
Une fois de plus on me chasse de ce porche !
Il paraît que je m'étale...
Il paraît que j'ai "des odeurs corporelles"
Il paraît que surtout je fais chuter la valeur des appartements.
Il paraît aussi que les touristes ne viendront plus visiter la Ville Lumière à cause de ma présence.
Je dois rester cachée, comme les rats.
Paris n'est que luxe, calme et volupté...
Il faut cacher cette misère que nous ne voulons pas voir.
Paris est une vitrine.
Les appartements y sont rares et chers.
Il faut attirer le visiteur qui dépensera beaucoup d'argent pour ressembler à un arbre de Noël ou à un homme sandwich...
Les bancs ont été conçus exprès pour être inconfortables pour les gens comme moi.
Un jour, pas si lointain je le sens, à l'aube lorsque le touriste dort encore, on ramassera les gens comme moi pour les exiler dans les campagnes désertes et on fera brûler les morts discrètement.
09:19 | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : flou, jeu, sans abri, femme
08/03/2019
De tout et de rien.
Si j'avais su j'aurais été retraitée plus tôt !
Bon, je tempère : Je préférerais être jeune et moins douloureuse mais je n'aurais pas de petites filles, je n'irais pas dans les musées en semaine.
Je ne profiterais pas de ma rue sans les sorties du collège et rien que ça, c'est bien.
Nous sommes allés voir l'exposition sur les roux.
C'était sympa.
Surtout pour le Goût qui adore voir des femmes rousses.
Les voir souvent vêtues de leur seule innocence, et c'est pas gras, le met en joie...
J'ai surtout apprécié la maison.
Une maison dans Paris, dans le XVIIème arrondissement, dans un coin calme, pas vraiment arboré, ça doit être agréable.
Ah oui ! On a aussi fêté les douze ans de Merveille.
Le temps passe à une vitesse incroyable.
Je nous revois, attendant dans un café car la clinique était en travaux.
Je revois l'Ours arrivant en courant, annonçant : "C'est la plus belle des petites filles".
C'est toujours vrai.
P'tite Sœur, elle, est à peine jalouse de la grande.
Elle hésite entre refus de grandir et envie de rattraper sa sœur.
Pour l'instant, c'est plutôt son statut de petite dernière qu'elle apprécie.
Que vous dire de plus ?
Que la vie est chouette !
C'est bien...
09:38 | Lien permanent | Commentaires (14)
05/03/2019
Ma déclaration.
Le Goût vous entretient longuement de mes petits défauts, de mon habitude de traîner lorsque nous allons au ravitaillement, ce qui revient souvent.
De mon habitude détestable d'arriver en retard.
De ma rousseur qui n'existe plus que dans sa mémoire et autres billevesées.
Je ne vous parle jamais de ses manies...
C'est un homme.
Il vieillit.
Il a encore le cheveu dru.
Il a encore le pas alerte.
Sauf en montée...
Mais comme tous les hommes, il ne remarque que ce qui l'avantage.
Il ne rate jamais un train.
Et pour cause ! Il est tellement en avance qu'il pourrait prendre celui d'avant.
En revanche il peut rater un avion en faisant sonner son réveil à cinq heures.
Mais de l'après midi parce qu'il n'a pas vu "PM" sur l'écran du radio-réveil.
Je parle d'aller au ravitaillement ?
Il me suffit de me tourner pour le voir harnaché !
Vêtu comme s'il faisait moins quinze alors que je suis pieds nus.
Il a fait une liste ?
Il l'oublie !
Il met trois heures à choisir un pot de miel mais est beaucoup moins regardant sur la qualité du chocolat et des petits gâteaux qui vont avec.
Ah il faut le voir ! Tel la plus jeune de ses petites filles, il prépare ses gâteaux, petits, et les décore de deux carrés de chocolat.
Il est tout de suite plus humain, vous ne trouvez pas ?
09:56 | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : provision, le goût, le temps élastique
04/03/2019
D'abord, j'aime pas la pêche.
Une partie de pêche.
Un jeudi, de bon matin, debout sur une roche, je laissai flotter ma ligne dans le tourbillon des belles eaux claires. Ah, quel bonheur, quand au bout de quinze à vingt minutes, en allongeant et retirant lentement l'amorce sur l'eau agitée, tout à coup une secousse répétée m'avertit que le poisson avait mordu et qu'ensuite le bouchon descendit comme une flèche habilement lancée.
C'était un gros ! Je le laissai filer, et puis, relevant la gaule à la force du poignet, une truite colorée fila dans les airs et se mit à sauter au milieu des ronces coupées et des herbes pleines de rosée.
(d'après Erckmann-Chatrian)
Mal réveillée, un jeudi, en plus de bon matin, je traînais des pieds derrière mon flirt et ses amis.
Evidemment je portais le sac de ravitaillement, j'ai toujours pensé qu'ils préféraient dans la pêche le casse-croûte à la prise...
Debout sur une roche, en équilibre instable, après avoir supplié un des garçons d'accrocher un appât à l'hameçon, je laissais flotter ma ligne dans le tourbillon des belles eaux claires, en rêvassant à la pensée du gros livre qui m'attendait dès cette corvée achevée.
Ah, quel bonheur ! Un peu de flatterie ne gâche rien...
Quand au bout de quinze à vingt minutes d'ennui, en les regardant faire, en allongeant et retirant lentement l'amorce sur l'eau agitée, tout à coup, je sursautai, une secousse répétée m'avertit que le poisson avait mordu et qu'ensuite le bouchon descendit comme une flèche habilement lancée, j'appelai un garçon à la rescousse et lui tendis ma canne à pêche.
Il était dit que ce jour là, je boirais le calice jusqu'à la lie, on me rendit la canne.
C'était un gros, je suivis les instructions de mon ami. Je le laissai filer, et puis relevant la gaule, à la force du poignet, une truite colorée fila dans les airs et se mit à sauter au milieu des ronces coupées et coupantes, et des herbes pleines de rosée qui mouillaient mes ballerines.
Je savais déjà que je ne pourrais pas manger cette truite...
09:59 | Lien permanent | Commentaires (17)
28/02/2019
A bicyclette...
Hier soir, l'Ours téléphone et, de la fierté dans la voix, annonce que P'tite Sœur sait faire du vélo.
J'exprime ma joie et derrière j'entends la douce voix de ma petite fille en train de râler.
Elle accuse son père de ne pas savoir garder un secret.
Je demande donc à l'Ours le pourquoi de la chose car c'est bien de savoir faire du vélo.
Il m'apprend que P'tite sœur voulait nous annoncer la chose elle même, dimanche.
En grand'mère inventive, je dis à l'Ours "tu peux lui dire que nous sommes sourds, que nous n'avons rien entendu et que c'est pour ça que tu as parlé de vélo".
Il me passe P'tite Sœur qui m'explose les tympans en m'annonçant d'une voix à casser les carreaux "Je sais faire du vélo ! " puis elle demande à parler à Papy.
En plus d'être sourd, on doit être mal comprenant...
J'ai entendu la douce voix de la petite dernière depuis ma place, à l'autre bout du séjour.
J'espère que dimanche, elle aura oublié notre surdité...
09:46 | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : p'tite soeur, l'ours, vacances