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09/01/2019

Souvenirs, souvenirs.

Ma grand'mère, la mère de ma mère, tenait un café près de l'hôpital Saint-Antoine.
Ce n'était pas un café genre "Café de la Paix".
Non, c'était un "café d'ouvriers" où les ébénistes du coin venaient déjeuner.

Je trouve qu'ils avaient de la chance car ma grand'mère cuisinait divinement bien.
Le Goût se rappelle avec nostalgie un rôti de veau aux oignons grelots.
Ma grand' mère avait aussi un mari qui n'était pas mon grand père.
Il était d'une pingrerie telle que le père Grandet serait passé pour prodigue...
Ce mari ne nous aimait pas et nous le lui rendions bien.
Quelquefois, le dimanche lorsque le café était fermé, je venais voir ma tante.
Elle avait treize ans de plus que moi mais nous étions toutes deux très jeunes encore.
Nous jouions à la marelle dans le café, et surtout, on fouillait "la caisse à bouchons".

Le vieux grigou laissait toujours tomber des pièces dans cette caisse alors on s'installait tranquillement, sans risque d'être surprises car l'appartement était à l'étage et il fallait passer par la cour.

On se partageait nos trouvailles.
Je me rappelle que dans mon esprit le café de ma grand'mère était immense.
Un jour pourtant, avec le Goût, je suis allée à la chasse aux souvenirs.
Il n'y avait plus là-bas de boulangerie, plus vraiment d'ébénistes et le café était un tout petit café.
Il était fermé en plus...

grand'mère,jeunesse,le temps qui passe

08/05/2017

La vie aux champs.

lakevio.jpg

Et voilà...

C'est déjà une petite victoire, j'ai réussi à la faire venir.
Elle est sur la défensive.
Il est vrai que nous ne nous voyions qu'au lycée et que nous avons l'esprit de compétition.
Il va me falloir de la prudence pour lui faire comprendre que je m'intéresse à elle.
Plus même, que je l'aime et que je suis capable de mourir pour elle.
J'ai tout de même seize ans ! Je suis un homme !
                              ****

Il me plaît.
Et c'est la première fois qu'un garçon me montre que je lui plais.
J'ai un peu peur.
Je n'ai que quinze et demi et mes parents n'aimeraient pas me savoir seule avec lui.
Et si jamais il voulait m'embrasser ?
Il serait gêné par mes bagues et je serais morte de honte...
                              ****

Ils se regardent.
Ils attendent.
Le garçon se rapproche.
Il est temps de partir.
Je laisse à eux seuls leur premier baiser.

21/08/2016

Ma jeunesse fout le camp.



Ma jeunesse fout le camp, je le sais.
Je me vois chaque matin dans la glace, j'en ai -presque- pris mon parti...

Mais dans ces histoires là on trouve toujours un petit quelque chose qui ravive les souvenirs et efface des années.

Des dizaines d'années...

Rue de Lévis, la dernière boutique de ma jeunesse a fermé, la mercerie bleue.
J'ai acheté là l'abécédaire que je dois finir depuis bientôt vingt ans.
J'ai vu fermer "La Vachette" et le marchand de livres d'occasion.
Celui là même qui me vendait les "Prince Eric" que je lisais gamine avec délectation.
Je ne savais pas encore que les idées de l'auteur ne seraient jamais les miennes...

L'autre jour, à Paris il pleuvotait, alors nous sommes passés par le Passage Jouffroy.
L'hôtel Chopin est toujours là.
Le musée Grévin aussi est là.
Hélas deux boutiques ferment définitivement.
La grande boutique qui vendait des épées, des vêtements et des jeux d'échecs.
C'était un bazar, une boutique qu'on s'attend à trouver dans un souk.
Cette boutique ferme, ma jeunesse vient encore de perdre un morceau.
J'y suis entrée des dizaines de fois avec Madame de.
Nous n'y avons jamais rien acheté.
De sa part, rien de surprenant, mais de la mienne...

Pire encore ! "Comptoir de Famille" ferme !
Ça sent encore la bougie au caramel.
Il ne reste que quelques assiettes et quelques coussins.
J'ai failli en acheter un, juste pour le souvenir.
Je n'ai pas réussi à me décider.
Demain je ne pourrai plus avoir de valse hésitation...

Le Paris de ma jeunesse ferme.
Les boutiques sont remplacées par des chaînes.
Peut être que le bazar va se transformer en un "Prêt à manger"...

23/06/2016

Merveille, Benoîte et les petits Syriens.

Benoîte est morte à l'âge vénérable de quatre-vingt-seize ans.
J'ai lu et relu ses livres.
J'ai même emmené "Les trois-quarts du temps" en Israël.

J'ai aimé son côté bas-bleu et sa lutte, parfois dérisoire, pour les femmes.
Ce n'est pas Simone Veil, on ne lui doit pas la loi pour l'avortement mais la féminisation des mots.
Pour ce qui me concerne, je trouve ça un peu ridicule.
Je me mets pas des "e" partout.

Hier, nous avions Merveille, une Merveille en forme.
On a "joué à la maîtresse".
Elle avait deux élèves de choix...
Elle nous a laissé des devoirs pour samedi.
Le Goût traîne les pieds pour les faire.
Ça ne m'étonne pas de lui.

Merveille a neuf ans.
Elle ne parle plus de repassage.
Elle fait le service minimum, tout occupée qu'elle est à grandir.

Merveille est née en France.
Elle a la chance d'avoir des parents aimants.
Merveille est une petite fille heureuse sauf lorsqu'elle se fait des nœuds au cerveau.

Merveille a de la chance.
Merveille n'est pas une réfugiée Syrienne en Turquie.
Vous savez bien que l'Europe a payé la Turquie pour qu'elle garde chez elle le plus de réfugiés possible.

Merveille ne travaille pas à fabriquer des jeans pour quelques €uros par mois.
Elle ne se ruine pas la santé à utiliser des produits toxiques.
Elle va à l'école et elle aime ça.

Merveille passe en CM1 haut la main en dansant.
Le petit Syrien qu'on a vu passe à l'atelier en toussant.

Merveille, benoite, enfants, jeunesse

09/06/2016

Les "Blousons noirs" des Batignolles.

Square des Batignolles, blousons noirs, jeunesseCe matin je regardais un reportage de Pierre Dumayet, une archive de l'INA sur "la bande des Batignolles".

Le Goût l'a regardé avec moi, il souriait.
Il faut dire que ces gamins ne nous feraient pas peur aujourd'hui.
Ils ont un travail.
Il y a des gens qui s'occupent d'eux.
Des gens qui les logent lorsque leurs parents les mettent dehors à quinze ans...
Je n'en ai reconnu aucun sur la bande de l'INA.
Déjà j'étais plus jeune qu'eux et en principe je n'avais pas le droit de jouer au square des Batignolles...

Vous pensez bien que malgré la bande de commères du coin, celles qui informaient les mères du quartier, il était bien plus drôle d'aller jouer aux Batignolles qu'au Parc Monceau.

Pas de "colline aux billes" au Parc Monceau.
Pas de grotte ni de rigoles pour "trempouiller" ses pieds au parc Monceau.
Un sentiment de liberté rare pour les jeunes de notre époque.

Avec Manou, on évoque souvent cette période
On a dû se croiser des centaines de fois mais nous n'habitions pas exactement le même quartier.
Elle aussi, pendant que je montais la rue avec ma copine, amoureuse du garçon boucher, elle la descendait avec sa copine amoureuse du même garçon boucher.

C'est d'ailleurs par Manou que j'ai appris que le garçon boucher, devenu boucher à son compte, père de famille et tout, est mort depuis plusieurs années.