15/12/2018
Le cahier de géographie.
Je ne me rappelle pas en quelle année c'était ni en quelle classe j'étais.
Je me souviens seulement de l'avertissement du prof de géographie :
"Demain, je ramasse les cahiers de géographie ! ".
Je me suis sentie mal.
Je n'avais pas pris une note depuis le début de l'année.
Je n'avais pas dessiné une seule carte.
Mon cahier était vierge ! J'avais un cahier neuf !
J'ai regardé le cahier de ma voisine avec envie.
Je n'ai jamais oublié son prénom.
Elle s'appelait Rosette et son cahier était un vrai bijou.
Les cartes étaient plus belles que sur le livre.
C'était une "laborieuse appliquée".
Hélas, j'étais une paresseuse révoltée...
J'ai regardé Rosette.
J'ai dit à Rosette "Je veux le même cahier que toi ! Pour demain ! "
Le jour dit j'avais un cahier superbe.
Bon, je n'étais pas trop futée et j'ai trouvé très bien que mon cahier soit le jumeau de celui de Rosette.
Le prof a rendu les cahiers.
J'ai eu zéro.
Rosette a eu zéro.
Si j'ai trouvé mon zéro mérité j'ai trouvé celui de Rosette injuste.
Alors je suis allée trouver la prof et j'ai expliqué que c'était moi la coupable et que Rosette n'avait fait que m'obéir.
" Je mérite mon zéro pas Rosette ! "
La prof m'a expliqué que nous méritions toutes les deux ce zéro, moi pour avoir exercé un chantage et elle pour s'être laissé faire.
J'ai oublié le nom de la prof, pas celui de Rosette.
J'ai encore honte aujourd'hui d'avoir menacé quelqu'un pour qu'elle fasse à ma place un travail que j'aurais dû faire moi-même.
C'est jour là que nous avons eu notre première leçon de lutte contre le fascisme.
Moi pour avoir eu ce comportement de bourreau.
Rosette pour avoir accepté d'être une victime.
10:16 | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : géographie, rosette, école
12/12/2018
C'est juste pour t'expliquer, Gwen.
J'étais à Tel-Aviv depuis quelques jours.
Le Goût travaillait, je découvrais la ville qui n'est pas très grande où on se repère assez facilement et où la mer n'est jamais loin.
Le Goût travaillait rue Allenby, pas très loin de chez nous.
J'en profitais pour déjeuner avec lui et je revenais tranquillement sous un soleil écrasant lorsque mon regard fut attiré par trois gamins qui se faisaient "remonter les bretelles" de belle façon par trois petites "soldates" car ils avaient traversé hors des clous.
J'ai fait la même chose.
J'ai traversé hors des clous...
La circulation était à ce moment arrêtée et les trois soldates ont commencé à me hurler dessous en hébreu.
J'ai continué tranquillement.
Elles ont hurlé en anglais.
J'ai continué tranquillement.
Il me faudra plusieurs mois pour comprendre...
Devant mon air désinvolte, une petite soldate m'a attrapée et m'a jetée dans le souk.
Alors j'ai fait comme tout le monde, j'ai attendu.
Personne ne parlait et c'est plutôt surprenant dans ce pays plutôt bruyant.
Les bus étaient arrêtés et c'est plutôt surprenant dans ce pays où ils ont l'habitude de faire la course.
Je me suis rendue compte alors que tout le monde retenait son souffle...
D'un camion de l'armée est sorti un robot.
Il alla droit sur un paquet au milieu de la rue. Une explosion a suivi.
Un démineur est sorti du camion et est allé jusqu'à l'endroit de l'explosion.
La foule était toujours silencieuse.
Le démineur a examiné les restes, a fait demi-tour.
Les bus sont repartis faire la course.
Les Israéliens ont recommencé à vivre bruyamment.
C'était ma première rencontre avec celui que nous avons surnommé "Nono, le petit robot".
Je dois vous dire que parfois ce n'était pas un sac oublié par un touriste qui explosait mais un bus plein...
09:50 | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : israël, démineur, vie quotidienne
10/12/2018
Elle regardait la mer
"Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie"
Elle avait besoin de solitude.
Quand elle va mal, elle a besoin de voir la mer et d'être seule.
Elle aime la mer en hiver, au printemps, en automne.
Elle l'aime déchaînée.
Elle n'est pas en admiration devant la Méditerranée mais ce jour là, elle n'avait pas le choix, c'était la Méditerranée ou rien.
C'était l'hiver en Israël, autant dire l'équivalent d'un printemps pluvieux en Europe.
Le lendemain de son arrivée, il faisait beau.
Elle s'était installée dans un café et avait mangé un croissant qu'elle avait trouvé meilleur qu'à Paris.
Et pour cause... A Paris, elle n'avait pas le temps de se poser dans un café et de déguster un croissant !
Au début, elle venait tous les jours regarder la mer.
Ça avait bien duré quinze jours.
Après, elle avait connu l'ennui pour la première fois de sa vie.
Même les bus qui sautaient, même le petit robot qui faisait exploser les gros pots de cornichons russes, même les soldats, habillés en cosmonaute, rien ne la sortait de sa léthargie.
Même les cours d'hébreu l'ennuyaient, d'ailleurs elle était la seule à avoir redoublé...
Seul le désert lui apportait la sérénité.
C'est bien moi ça, d'habitude le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie...
09:37 | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : lakevio, jeu, mer, solitude
07/12/2018
Noël, Noël, tu vas venir bientôt.
Hier, j'ai tenté le Printemps.
Pas pour acheter, non, je n'achète que rarement dans les grands magasins mais pour tester ma vue.
C'est mon obsession du moment.
Ce n'est pas terrible, je n'arrive pas à accommoder "en temps réel" les changements de lumière, alors je suis sortie du Printemps.
Nous sommes allés boire un café, là où les cars de touristes s'arrêtent.
D'habitude, les touristes arrivent en trombe, dévastent les lieux d'aisance et repartent sans consommer.
Pas tous mais presque.
J'ai pu constater que les touristes boudaient Paris, ça ne me déplaît pas de récupérer ma ville.
j'entends déjà pleurer nos z'élites, tous coupables d'ignorer le sort du citoyen moyen.
Je me souviens d'un homme politique, je ne sais plus lequel, qui avait trouvé qu'on vivait très correctement avec 1.200 € par mois, je ne connais pas le prix de sa chemise mais il aurait dû manger du pain sec jusqu'à la fin du mois pour ne pas dépasser ces 1.200€.
Je n'ai pas trouvé que le coin ressemblait à un champ de ruines, en revanche, les clients ne se bousculent pas dans les magasins...
Tout ça pour dire que ma sœur pleure au téléphone et tout le reste.
Tout ça ne me fait pas penser à Noël...
10:35 | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : noël, chalands, paris
05/12/2018
Saison des pluies.
Lorsque je suis sortie vendredi de chez l'ophtalmo, j'aurais du sauter de joie.
Il a suffit d'un long trajet en bus pour tempérer ma satisfaction.
J'ai effectivement récupéré une grande partie de ma vue mais pas entièrement.
Il n'est donc pas question de refaire des lunettes.
Il me faut attendre quelques mois, les examens sont suspendus, on ne sait jamais...
Je me demande pendant combien de temps, chaque matin, je vais m'empresser de vérifier si ma vue change.
Ça me gâche la vie.
Ça me coupe l'envie de me promener dans ma ville ou de penser à Noël.
Ma petite sœur est toujours la proie des administrations.
Chaque matin, elle me répète qu'elle a de la chance d'avoir de l'argent en banque.
Je comprends la révolte des gilets jaunes et le rejet de la politique actuelle mais pas la violence. Ça je ne supporte pas.
Si du jour au lendemain, vous vous retrouvez veuve, sans famille, sans savoir répondre à une administration tatillonne, à une guichetière revêche, vous vous retrouvez sans le sou pendant des semaines voir des mois.
Il ne vous reste plus que les restos du cœur...
Apprendre aussi que des amies, même virtuelles, sont dans la peine ou le deuil n'aide pas non plus.
10:30 | Lien permanent | Commentaires (26)