20/02/2017
Les trois soeurs.
Nous avons toujours été le regret de mon père.
Il voulait un fils pour reprendre le domaine.
Il a élevé l'ainée de ses filles comme le fils qu'il n'a pas eu.
A la mort de père, elle a repris le domaine.
Ah, il fallait la voir surveiller "ses gens" et parcourir les terres, à cru sur son pur-sang.
Elle a refusé tous les prétendants.
Elle n'aimait que son amie Violette, morte depuis quelques années.
Il était trop tard pour nous marier.
Nous n'aurions attiré que les coureurs de dots...
Maintenant, nous vivons là toutes les trois, accusant ma sœur de nous avoir gâché la vie.
Barbara s'est usé les yeux à force de lectures édifiantes.
Elle passait sa vie au presbytère.
Je crois qu'elle avait un faible pour le vicaire...
J'ai tiré l'aiguille pour habiller les miséreux du coin et pris l'habitude d'aller voir les femmes en couche dans les taudis.
J'ai souvent eu envie de revenir avec un petit.
Il aurait reçu l'amour et l'éducation qu'il méritait mais je n'en ai jamais eu le courage.
Aujourd'hui, il est trop tard.
Il faut abandonner les rancœurs.
Il faut apprendre enfin à nous aimer.
Nous sommes seules toutes les trois pour le temps qu'il nous reste à vivre.
Les prières de Barbara vont enfin servir...
08:00 | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : lakevio, tableau, soeur
18/02/2017
L'assassin ne revient jamais sur les lieux de son crime.
Je ne retournerai jamais vivre à Caen.
Le Goût n'a tenu que huit mois loin de Paris.
Caen est une ville sympa mais avec un tram particulier.
Le tram est arrêté l'hiver par le froid et arrêté l'été par la chaleur et les travaux.
Caen n'est pas loin de la mer mais le Goût n'aime pas l'eau froide.
Il ne s'y baigne que par hasard.
Lorsqu'il tombe à l'eau par distraction, glissade sur un brise-lame où pour aller récupérer un gamin qui s'éloigne...
J'ai envie d'aller vivre à Trouville, c'est ma madeleine de Marcel.
Le Goût ne veut pas.
J'essaie chaque jour de lui vendre le bord de mer.
Pas moyen.
Dire que lorsque nous vivions dans le Marais, je lui avais vendu le Canada ainsi qu'à des copains.
Au dernier moment, c'est moi qui ai fait machine arrière.
Vous me voyez écrire "maudit tabernacle" avec l'accent de Québec ?
09:38 | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : déménagement, caen, bruxelles, paris, tel-aviv
17/02/2017
Hier c'était la journée de P'tite Soeur.
Cette délicieuse enfant a encore des goûts simples.
Pas d'expo Gaston, pas de glace au Bistrot Vivienne, elle voulait le Mc Do et un jardin que j'aime bien car les enfants y sont calmes.
Nous sommes passés devant le cinéma, l'affiche de "Tous en scène" était bien visible, la petite s'est assise sous l'affiche en nous regardant d'un air suppliant.
Il faut croire qu'elle a bien aimé.
Comme tous les jeunes enfants, elle est passée à autre chose.
Comme grimper comme un cabri mais en tenant la main de Mamie.
Contrairement à sa sœur, qui ne jure que par son grand-père, la petite "est très mamie".
Sauf pour se faire porter sur les épaules de son grand-père.
Aller au jardin avec un enfant de trois ans, c'est du sport !
Du bac à sable, elle passe au toboggan puis court vers un "mini Atomium" où je dois l'aider à grimper.
Elle comprend vite, il faut seulement lui montrer où poser ses pieds pour descendre et ça recommence.
Lorsqu'il a été l'heure de rentrer, on a téléphoné à l'Ours.
- "On est en bas de chez toi mais on n'a pas le courage de monter, viens récupérer ta fille ! "
C'est là qu'on s'aperçoit qu'on était plus vaillant avec l'aînée.
Oui, le temps passe, on résiste mais on fatigue...
Hier soir, j'ai essayé de lire les articles de Télérama.
Je lisais mais mon cerveau n'imprimait pas.
Je voulais vous parler de mon installation à Caen mais ce sera pour une autre fois.
10:02 | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : paris, tel-aviv, caen, petite soeur
16/02/2017
Bruxelles ma belle
Un jour, j'ai quitté Tel-Aviv pour un séjour à Paris.
Je ne savais pas encore que je venais de dire adieu à ce petit pays...
Les employeurs du Goût avaient décidé de l'envoyer à Amsterdam.
Après l'hébreu, apprendre le hollandais, ça faisait beaucoup.
J'ai demandé si Bruxelles pouvait convenir.
Ils voulaient bien.
Comme ils voulaient planter le Goût, que ce soit Amsterdam où Bruxelles...
Le Goût est retourné à Tel-Aviv et moi j'ai cherché un appartement à Bruxelles.
Trouver un appartement à Bruxelles, c'est facile.
Pas de formalités sans fin, pas besoin de fournir trois tonnes de papiers, c'est très simple.
Vous ouvrez un compte exprès, vous mettez trois mois de loyer dessus et seuls votre signature et celle du bailleur jointes peuvent débloquer le compte.
J'ai trouvé un appartement dans une petite avenue, l'avenue Legrand.
Un trottoir à Uccle, l'autre à Ixelles, l'avenue Louise à un bout, la chaussée de Waterloo à l'autre.
Un grand appartement presque vide et qui l'est resté.
On a attendu, attendu... attendu... mais notre container n'est jamais arrivé.
Il est arrivé à Paris, plus de trois ans après son départ de Tel-Aviv.
Je connaissais Bruxelles, j'aimais la ville et y avais passé quelques week-ends.
Mais faire du tourisme et vivre dans une ville, ce n'est pas la même chose.
Il a fallu que j'apprenne que les magasins n'avaient pas les mêmes horaires que ceux de Tel-Aviv qui sont ouverts jour et nuit.
J'ai beaucoup aimé Bruxelles malgré la fin difficile de nos relations franco-israéliennes...
09:45 | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : bruxelles, tel-aviv, souvenirs
14/02/2017
בלגן
Vous pensez bien que le nom de notre bestiole bien aimée n'a pas été choisi par hasard.
Enfant, je n'avais pas l'âme pieuse.
Je dois avouer qu'adulte, je ne l'ai toujours pas.
Je suis donc arrivée en Israël en connaissant quelques injures, un "shalom" même plus utilisé dans les boutiques car on dit "hi", comme en Californie...
Ce n'est pas simple de se retrouver analphabète.
Sauriez vous lire le titre de ma note ?
C'est "balagan", tel qu'on l'écrit en hébreu.
Eh bien, moi non plus je n'aurais pas su le lire.
Le premier mot que j'ai réussi à isoler, à comprendre, c'est "balagan".
Il faut dire qu'il sert à tout.
Le bus ne s'est pas arrêté ? On entend "ze balagan !", c'est le foutoir.
Une alerte attentat ? "ze balagan !"
Avec "sheket !" - Silence !- , ce sont les mots qu'on entend le plus souvent.
Il y a aussi "savlanout !", "patience !" qu'on entend souvent dans ce pays impatient.
Balagan, c'est le foutoir et le mieux c'est que ce n'est même pas de l'hébreu, c'est du russe.
Tout le monde l'a oublié, les Israéliens l'ont adopté, moi aussi.
Lorsque Balagan est arrivée dans notre vie, ce nom s'est imposé de lui-même.
Elle était maladroite, voleuse et israélienne.
Elle l'est restée.
Si je suis restée dans ce petit pays quatre ans, c'est grâce à elle.
Ce petit pays où le commerçant français te vend un échantillon gratuit en oubliant que tu es française.
Puis le même commerçant qui accuse sa vendeuse "imaginaire" lorsque tu viens lui secouer les puces.
Ce petit pays où tu ne connais pas la solitude.
Ce petit pays où on t'offre dix chaises si tu as un malaise.
Ce petit pays où tu peux mourir de la sollicitude de ceux qui veulent t'aider et qui te font manquer d'air...
09:50 | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : souvenirs, balagan, tel-aviv