heure-bleue

Le gouvernement l'a dit alors c'est vrai.
Nous sommes protégés.
Le niveau du plan Vigipirate est élevé à "alerte attentats".

Dans notre coin, avant d'arriver au Monoprix, il y a le "centre communautaire".
Enfin... Il faut savoir où il est car il n'est pas particulièrement signalé.
Depuis les deux derniers attentats, il y a maintenant deux policiers armés en faction.
Ils ne sont pas toujours là le soir et, lorsqu'il pleut comme hier, ils sont à l'abri dans leur estafette.
Hier, justement, l'estafette était vide, moteur tournant.
Les deux flics étaient peut-être au café...

Dans Paris, j'ai vu deux pandores faire le pied de grue devant une porte cochère.
J'en ai déduit que c'était également un "centre communautaire" qu'on venait de signaler aux foules...
Je passe très souvent devant, il est juste à côté du Monoprix Courcelles et je n'avais jamais rien  remarqué.
La yeshiva est sur le trottoir en face.

Du coup, c'est comme si on avait mis un panneau "ici vous trouverez des juifs"...

Pour le reste, rien, nada, pas de militaire, pas de CRS.
Au Bon Marché, il y juste un petit maigrelet qui vous demande poliment d'ouvrir votre sac.
Heureusement que la crise est là et que la foule n'envahit pas les magasins car le petit maigrelet serait vite débordé.

Dormez tranquille braves gens, on veille sur vous.

Nous n'avions pas vu nos Merveilles depuis quinze jours.

Nous avions fêté l'anniversaire du Goût.
Les petites profitaient de leur mère et c'est rare.
Dans ces cas là, nous nous faisons donc discrets.

Puis, le Goût a été malade.
Ce n'était pas le moment de refiler une gastro à une JJF qui sort de la grippe, alors nous avons attendu.

Hier, nous avons été invités.
C'est l'Ours qui cuisine, "curry vert de poulet".
La toute petite s'était invitée sur les genoux de son grand père, elle a même refusé de me dire bonjour.

La grande m'a chanté une chanson sur l'hiver.
C'est dramatique d'écrire ça mais Merveille chante faux comme sa grand mère et son père.

C'était bien.
C'est toujours bien... 

Hier, j'ai appris que José Artur était mort.
Non, il ne nous a pas quittés !
Non, il n'est pas parti !
Non, il n'a pas disparu !
Il est juste mort !
Et pas longtemps après Jacques Chancel...

Ca a ravivé des souvenirs.
J'aimais tellement écouter ces deux hommes.
Et puis ça me rappelle le temps qui passe, ma jeunesse enfuie.
Je n'aurai plus jamais trente ans.
Je n'aurai plus jamais un Ours dans les bras qui me dira : "Maman, je t'aime, je resterai toujours avec toi".

La vie est souvent belle.
Traversée de belles périodes de chienlit mais globalement c'est toujours le meilleur qui l'emporte.
Pourtant, comme Gainsbourg, je pourrais chanter " j'avoue, j'en ai bavé, pas vous ?"

Lorsqu'on arrive à un certain âge, plutôt à un âge certain, et que vos articulations vous font mal de bon matin, on espère malgré tout que le temps imparti nous permettra de voir grandir nos Merveilles...

Nous entretenons de bonnes relations de voisinage, essentiellement par mail, David notre voisin est notre interlocuteur auprès de nos syndics.
Oui, nous avons deux syndic et deux propriétaires institutionnels pour une petite quarantaine de locataires.
C'est beaucoup mais à chaque problème, ça leur permet de dire : "C'est pas moi, c'est l'autre !".

L'ascenseur était en panne.
"Encore ?!" me direz vous ?
Oui encore, c'est une bête fragile, pleine d'électronique et susceptible.
Samedi le couloir était rempli de cartons, emménagement ou déménagement, ça bouge beaucoup car les loyers sont lourds et les prestations bâclées.
Ça a dû énerver l'ascenseur...

J'aime bien lorsque l'ascenseur est en panne, je ne le prends jamais, je déteste l'idée d'être coincée et j'habite au deuxième.
En cas de panne, l'escalier est le dernier salon où l'on cause.
Problème de porte qui ne ferme plus, fuite dans les parkings, fissure à droite, fuite à gauche.

Le voisin au chat ne dit jamais rien.
Il accepte tout, trop timide.
Certains par mail sont agressifs alors qu'ils papotent avec vous dans les couloirs, les mails ne sont pas anonymes mais je ne connais pas le nom de famille de mes voisins et eux non plus...

Donc, hier, avant de partir, le Goût a échangé quelques mails avec un voisin toujours charmant.
Sauf par mail...

C'est comme les blogs, certains jours vous êtes satisfait de vos écrits et vous vous sentez bien seul...

Après nous avoir fichu la tringle, bloqué les salaires, laissé le chômage atteindre des records, laissé vendre les trésors nationaux au plus offrant, l'Europe vient d'avoir une idée brillante : Relancer l'inflation en faisant fonctionner la planche à billets.

Les USA le font, avec un succès mitigé, la reprise n'est pas là pour tous les Américains.
Les Anglais qui sont dans l'Europe uniquement pour le meilleur font aussi fonctionner cette planche avec le même succès mitigé.

Alors, le Président de la BCE nous a expliqué combien les banques et les patrons vont être contents.
Et nous ?

Relancer l'inflation, c'est bien, si tout le monde en profite.
Si l'augmentation des revenus diminue les dettes des salariés, des retraités, des bénéficiaires des minima sociaux.
Je ne crois pas un instant que ces gens qui ne manquent de rien aient pensé à ceux qui manquent de tout.
Pourquoi y auraient ils pensé ?
Ils n'y ont jamais pensé jusqu'à présent...

Donc, si j'ai tout compris, on continuera à nous vendre des cochonneries chinoises mais plus cher et notre argent fondra encore plus vite.
Comme toujours, c'est un plan d'aide qui profitera surtout à ceux qui n'en ont pas besoin.
Un plan d'aide qui exclut ceux qui ont besoin d'aide...