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04/04/2016

La maison au bord de la voie ferrée.

Aujourd'hui, je suis la dernière occupante de la maison.
La maison qui donne sur la voie ferrée.
Je suis vieille et fatiguée et surtout je ne veux pas la vendre.

Je vis dans mes rêves.
Je revois la maison pleine d'enfants, de cavalcades dans les escaliers, de mon angoisse de les voir aller sur la voie ferrée.
Plus d'enfants maintenant, ils ont grandi.
La vie les a dispersés...

Alors, je m'installe dans le salon.
Je demande qu'on m'ouvre les lourds rideaux.
Je regarde passer les derniers trains.
Oui, on annonce la fermeture de la ligne...

Le jour où les trains ne passeront plus, que la nature reprendra ses droits, que la verdure commencera à envahir les voies, mon temps sur terre s'achèvera.

Maison, Lakevio, Hopper, train

21/03/2016

Fenêtre sur rue.

Je passe mes journées devant la fenêtre.
Je ne donne plus mes cours.
J'ai refusé une tournée.

Toute la journée, je la surveille.
Je note les heures.
Elle sort à heures régulières.
Mais elle est toujours seule maintenant, même le chien semble avoir disparu.

Au début, quand je suis tombé amoureux d'elle, elle n'était qu'une silhouette que je voyais avec un homme.
Ils semblaient s'aimer.
Je voulais être à la place de cet homme.

Et puis un matin je l'ai vue sortir seule.
Depuis, je n'ai plus jamais revu l'homme ni le chien.

Je me pose des questions.
Dans mes moments de lucidité, je me dis que cet homme a dû partir.
Voir sa famille ou résoudre une crise familiale.

Depuis, je les revois ensemble.
Je la revois elle, son air méprisant, son attitude de rejet.

Là, devant la fenêtre je me demande si elle est capable de les tuer.
Oui eux, l'homme et le chien.

Je vais aller m'acheter des jumelles.
J'arriverai peut être à voir à l'intérieur de son appartement.
Je me demande si je suis pas devenu fou.
Un excès de solitude.
Une imagination trop féconde.

Mais non, je vais rester devant ma fenêtre.
Je vais continuer à l'épier et si l'homme ne revient pas, je tenterai ma chance...

 

Lakevio, jeu, lundi

13/03/2016

Les danseuses de Degas.

 Tableaux, Degas, Lakevio

Nous sommes devenues célèbres, fixées sur notre toile...
Même après la ruine de celui qui nous a peintes, ce vieux misanthrope qui errait dans les rues de Paris.
Il ne voyait plus guère et son vilain caractère a fait le reste.

Depuis longtemps, nous sommes accrochées dans ce musée.
Nous "faisons des barres" pour l'éternité...

Heureusement, nous sommes distraites par les visiteurs et nous discutons.
Le temps passe plus vite.
On en apprend de belles, à regarder passer les générations.
Regardez ces deux jeunes femmes en jean : Leur vie est autrement plus facile que la nôtre.
Elles ont des machines qui font la vaisselle, qui lavent le linge.
Mais, à les écouter, les hommes n'ont guère changé.

Ecoutez les donc, ces deux jeune femmes.
L'une se plaint que son mari est parti avec un homme.
L'autre se plaint de ne pas trouver de travail, qu'elle doit retourner vivre chez ses parents, que son copain vit à l'étranger, qu'elle ne le voit pas souvent...

Finalement, les femmes sont encore et toujours comme nous.
A quoi pensons nous lorsque nous quittons nos barres
le soir ?
Au manque d'argent, à la peur qui nous guette de se retrouver enceinte et de devoir avorter.
Comme elles toutes, nous faisons attention à notre nourriture.
C'est plus facile pour nous car certains soirs, aucun galant ne se presse pour nous emmener dîner...

06/03/2016

L'émigré.

Montmartre de Lakevio.jpg

Comme le premier touriste venu, je me suis dirigé vers Montmartre.
J'ai eu du mal à me diriger.
Je viens d'arriver à Paris.
J'ai réussi à quitter Calais, je n'ai pas envie de me retrouver en Angleterre, je ne pense pas que la vie sera plus douce là-bas.

Je suis venu m'installer sur ce banc avec un journal de mon pays.
Même si la censure est visible, je peux savourer ma langue, je peux rêver à mon pays.
J'ai quitté la Jordanie pour trouver du travail.
Assis sur mon banc, je rêve du désert mais je dois nourrir ma famille.

En France on ne parle jamais de la Jordanie.
Pour les français, je suis un arabe de plus...

Ceux dont certains disent que nous venons chez eux pour faire des attentats ou toucher les allocs.
Je ne suis pas un réfugié de guerre Syrien, je suis un réfugié économique de Jordanie.
Pourquoi ai-je choisi la France ?
Aujourd'hui seul sur mon banc, avec la solitude comme seule compagne, je me le demande.

La France, terre d'accueil, "Pays des Droits de l'Homme", je l'ai cru.
Je ne le crois plus.

On vient de me refuser mes papiers alors je vais faire comme les autres, je vais disparaitre dans cette grande ville.
Je travaillerai, parfois même pour l'Etat français.
Je cotiserai et, le moment venu, je n'aurai droit à rien et parfois, avec d'autres clandestins, je manifesterai dans l'indifférence générale...

Pourquoi ai je quitté mon pays ?
Pour une vie meilleure ?
Vraiment ?

08/02/2016

Le jeu de Lakevio 4

Pourquoi suis-je désignée pour aller assister à la fin de ma grand' tante Alice ?

Père dit que ses affaires l'occupent trop.
Mère doit s'occuper des pauvres de la paroisse.

C'est donc à moi de remplir les devoirs de la famille.

Ce train sent mauvais.
Il est particulièrement inconfortable.
En plus, cet homme est trop insistant.
Il me trouve jolie, le dit, le répète à l'envi.

Il me propose des choses inconvenantes comme de descendre du train avec lui, d'aller vivre la grande vie.

Il est laid et insistant mais j'aime mon cousin.
Il s'appelle William, il est beau et je l'aime en secret.
Je lui ferai comprendre bientôt...

Je déteste quitter la maison pour aller tenir la main à une femme que je ne connais pas.
Et qui ne me laissera peut être rien...

Ah ! Vivement que ce train s'arrête !
Cet homme à une haleine de chacal en plus !

Tableau, jeu, Lakevio