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06/03/2016

L'émigré.

Montmartre de Lakevio.jpg

Comme le premier touriste venu, je me suis dirigé vers Montmartre.
J'ai eu du mal à me diriger.
Je viens d'arriver à Paris.
J'ai réussi à quitter Calais, je n'ai pas envie de me retrouver en Angleterre, je ne pense pas que la vie sera plus douce là-bas.

Je suis venu m'installer sur ce banc avec un journal de mon pays.
Même si la censure est visible, je peux savourer ma langue, je peux rêver à mon pays.
J'ai quitté la Jordanie pour trouver du travail.
Assis sur mon banc, je rêve du désert mais je dois nourrir ma famille.

En France on ne parle jamais de la Jordanie.
Pour les français, je suis un arabe de plus...

Ceux dont certains disent que nous venons chez eux pour faire des attentats ou toucher les allocs.
Je ne suis pas un réfugié de guerre Syrien, je suis un réfugié économique de Jordanie.
Pourquoi ai-je choisi la France ?
Aujourd'hui seul sur mon banc, avec la solitude comme seule compagne, je me le demande.

La France, terre d'accueil, "Pays des Droits de l'Homme", je l'ai cru.
Je ne le crois plus.

On vient de me refuser mes papiers alors je vais faire comme les autres, je vais disparaitre dans cette grande ville.
Je travaillerai, parfois même pour l'Etat français.
Je cotiserai et, le moment venu, je n'aurai droit à rien et parfois, avec d'autres clandestins, je manifesterai dans l'indifférence générale...

Pourquoi ai je quitté mon pays ?
Pour une vie meilleure ?
Vraiment ?

Commentaires

Pas gai tout ça mais hélas véridique

Écrit par : mab | 06/03/2016

Que sait-on de la vie de ces gens ? C'est si triste de quitter son pays pour un ailleurs hostile et, comme vous le dites, indifférent.

Écrit par : la Mère Castor | 06/03/2016

Très belle nouvelle. J'aime beaucoup la façon dont tu t'es glissée dans la peau de ce personnage comme on en croise tant, silencieux, dans nos villes !

Écrit par : Armelle | 06/03/2016

Une triste réalité hélas ...... elle nous renvoie à beaucoup de questions ....

Écrit par : Colette | 06/03/2016

Très beau texte... Un de mes étudiants est syrien et réfugié politique, il déprime d'être loin de sa famille, ton billet m'a fait penser à lui.

Écrit par : Koalisa | 06/03/2016

Les lauriers de champions de l'accueil sur lesquels nous nous reposons semblent bien anciens effectivement...

Écrit par : Brin de broc | 06/03/2016

Très beau texte, on ne peut plus vrai..."Le pays des droits de l'homme" est-ce que ça veut encore dire quelques chose, à l'heure où ils sont si nombreux dans la rue....

Écrit par : tanette2 | 06/03/2016

Triste réalité que tu as bien su décrire à partir de ce tableau.

Écrit par : Praline | 06/03/2016

pas plus gai que moi !

Écrit par : liliplume | 06/03/2016

pas marrant! ... Hélas .... d'actualité !

Écrit par : emiliacelina | 06/03/2016

le réel du quotidien malheureusement, sauf que ça nous met de plus en plus mal à l'aise. Bonne journée
manouedith

Écrit par : manouedith | 07/03/2016

Impeccable.
Je plains ces personnes déracinées dans l'espoir de jours meilleurs pour eux et leur famille et qui se retrouvent leurrés.

Écrit par : lakevio | 07/03/2016

un questionnement qui actuellement est malheureusement bien partagé

Écrit par : maevina | 07/03/2016

Des phrases courtes et d'autant plus percutantes mais qui résument particulièrement bien une situation ô combien difficile.
Mais, pour être juste, il faut aussi voir ceux qui ont trouvé aide et assistance, s'intègrent et sont heureux, même si le manque du pays est toujours présent.
En cardio j'ai été soignée par un interne libanais dont les parents étaient toujours à Beyrouth.
Mon ophtalmo est roumaine et tranchante comme le couperet d'une guillotine.
C'est aussi cela la réalité.

Écrit par : Sophie | 07/03/2016

J'ai eu une dentiste roumaine, je cours encore, elle n'était pas jeune et ne connaissait qu'une technique l'arrachage.

Écrit par : heure-bleue | 07/03/2016

La France, terre d'accueil, "Pays des Droits de l'Homme", je l'ai cru.
Je ne le crois plus.
Je me demande pourquoi ils veulent tous aller en Angleterre. Il me semblait qu'en France, ils étaient aussi bien (bon, d'accord, à Calais, les conditions ne sont pas géniales, surtout en hiver). Les Englishs que j'aimais beaucoup commencent à me sortir par les trous de nez.
Ah oui, je sais, c'est parce qu'ils sont sûrs de trouver du boulot bien payé, à 5 euros de l'heure.
Et, qu'en France, on autorise pas encore l'esclavage.

Écrit par : Julie | 07/03/2016

Hélas, c'est si vrai...

Écrit par : Anne | 07/03/2016

grr y avait longtemps que j'étais pas passée, hé oui, les émigrés...les pays préfère construire des murs plutôt que des ponts, que veux tu, l'homme est d'une telle bêtise...c'est à pleuré...c'est vrai ça, on ne parle jamais de la Jordanie...

Écrit par : esthériane, mialjo | 07/03/2016

C'est sûr que mon texte est plus optimiste... le tien certainement plus réaliste !

Écrit par : Alphonsine | 07/03/2016

Une version qui nous rappelle la triste réalité de certains voyageurs du désespoir.

Écrit par : Véro | 07/03/2016

"Pourquoi ai je quitté mon pays ?"
Oui certains se le demandent...

Écrit par : Coumarine | 07/03/2016

l'immigration a toujours des élans de solitude, d'isolement, de mélancolie... c'est dur d'être loin des siens, loin de ses repères, loin de sa culture...

Écrit par : seia | 08/03/2016

... Une solution : y retourner, y travailler, s'y battre, y vivre et y mourir.

Écrit par : artémise | 10/04/2016

Les commentaires sont fermés.