30/04/2018
Le tableau.
Mais quelle idée d'aller aux Puces ! Je n'ai jamais aimé ce coin.
Je n'aurais jamais pensé y retourner si une de mes amies n'avait pas eu, pendant un petit moment, un stand dans le coin des antiquaires.
Nous avions en commun une jeunesse difficile.
Tel-Aviv et d'autres choses qui n'ont pas leur place ici.
Je suis allée avec elle au "marché aux voleurs" sous le périphérique.
On y trouve de tout, des chaussures, des petits meubles, des pneus et même des œuvres volées dans les musées de province.
Je suis tombée en arrêt devant cette croûte.
Mon amie ne comprit pas mon emballement quand je me suis retrouvée l'heureuse propriétaire de ce tableau, vaguement enveloppé dans du papier journal.
Je regrettais déjà cet achat que je n'aimais pas vraiment.
Il me faisait penser à mon père, il matérialisait cette haine du Soviétique.
Haine qu'il a traînée toute sa vie, depuis l'arrivée des Russes dans son camp pour le "libérer".
De retour au stand de mon amie, cette dernière à consulté le "Bénézit", cette bible des antiquaires, par acquit de conscience.
"Mon" tableau y était répertorié.
Hélas comme oeuvre volée.
Il avait été dérobé dans un petit musée.
Il a fallu le signaler et le rendre.
Je suis rentrée heureuse.
Je n'avais plus pensé à ce tableau jusqu'à aujourd'hui.
09:45 | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : lakevio tableau, puces de clignancourt
29/04/2018
Histoire d'eau.
Lorsque la boîte israélienne du Goût nous a expédiés à Bruxelles pour mieux nous plumer, elle avait d'abord choisi Amsterdam.
Mais le néerlandais après l'hébreu, je trouvais ça un peu décourageant alors nous nous sommes retrouvés à Bruxelles, que j'adore depuis toujours.
Pendant que le Goût était encore à Tel-Aviv, en épouse dévouée je cherchais un appartement en Belgique.
« Uccle ou Ixelles ! » avait précisé le Goût.
J'ai trouvé !
Un trottoir à Uccle, l'autre à Ixelles sur une chouette avenue.
L’immeuble n'était habité que par des Français.
Je laisse de côté un Américain au premier étage.
Bon, on était trois couples de Français, l'immeuble était petit et ne comptait qu'un appartement par étage.
Notre appartement était grand et presque vide car nos affaires d’Israël ne sont arrivées que bien après notre retour à Paris.
Nos propriétaires étaient riches.
Ils étaient surtout rats au point, lorsqu'ils devaient changer une ampoule, de passer la nuit sur place dans une chambre de bonne pour ne changer l'ampoule qu'au matin.
Avec la Française du premier, aussi désœuvrée que moi, nous avions décidé d'explorer les chambres de bonne qui étaient normalement vides.
Une de nos clefs nous a permis d’ouvrir les portes.
Nous avons trouvé celle qu'ils occupaient parfois.
Avec stupeur nous l’avons découverte couverte de croix gammées, de slogans et d’affiches antisémites.
Nous étions écœurées mais obligées de nous taire car nous étions entrées sans autorisation.
Je vous raconterai la suite et les histoires d’eau un autre jour…
10:33 | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : bruxelles, paris, eau
27/04/2018
Insensiblement...
Si tu t'imagines fillette, fillette, que ça va durer toujours, ce que tu te goures...
Bien sûr qu'on s'imagine que ça va durer toujours !
On cavale, on porte des cartons, on fait des batailles de boules de neige avec son gamin, on grimpe les escaliers quatre à quatre.
Et évidemment qu'on s'imagine que ça va durer toujours !
Le temps passe.
Le gamin se marie.
Il a des enfants.
On tient encore le coup avec la première Merveille.
Puis six ans après, arrive P'tite Soeur.
Les deux premières années, on ne s'aperçoit de rien, Merveille vient toujours seule chez Papy et Mamie, la petite détourne la tête lorsqu'elle nous voit.
Merveille joue à saute moutons sur les colonnes de Buren, mange une glace passage Vivienne et si on évite les miroirs, on se sent toujours jeune.
Bon, le matin, j'émets quelques "aïe" car la machine est un peu grippée.
Mais c'est bien connu, si à partir de cinquante ans, un matin on n'a pas nulle part, c'est qu'on est mort.
Depuis, on a les filles, les deux, c'est un lot.
Si on veut un peu d'harmonie, on finit toujours par prendre une fille chacun pour permettre à chacune de choisir son activité.
Je me retrouve souvent au jardin avec P'tite Sœur, à quatre ans et demi, on a des goûts simples.
On finit la journée sur les rotules, on a vieilli.
Le Goût tousse, il a dû attraper ça chez le médecin, ça lui fait mal sur le côté, ma hanche réclame du titane.
On refuse même de se regarder dans la glace de l'ascenseur car on ne se reconnaît plus.
On continue à trouver la vie chouette.
C'est peut être qu'on commence à perdre la tête mais on s'en fiche.
On est heureux.
Pourtant, on n'a jamais été cantonnier...
09:47 | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : age, douleur, juliette gréco
25/04/2018
Les petits riens de la vie.
Nous sommes allés chez le médecin.
Nous sommes passés par la gare Saint Lazare.
D'abord pour acheter des tickets, puis rejoindre l'arrêt du 20.
Nous avons vu un seul train, pas de foule, pas de journaliste et les quelques personnes qui étaient là ne montraient aucun signe d'agacement.
Je ne me prononcerai pas sur les motifs de cette grève ni sur sa légitimité car je suis une privilégiée qui ne travaille pas et peut prendre le bus pour aller chez les enfants.
Arrivés chez le médecin, celui-ci a ri lorsqu'il m'a vue.
Ses premiers mots ? "Les pollens sont de retour" !
Il n'a pas été plus compatissant avec le Goût, qui doit se faire retirer une hernie, souvenir probable de notre dernier déménagement...
"Truc de vieux" lui a dit le médecin.
Depuis notre retour d'Israël, et ça commence à dater, il est notre médecin traitant.
Il était très distant, je le préfère aujourd'hui.
Sinon, l'Ours et sa famille ont déménagé. Ils n'ont pas choisi la facilité.
JJF a un pied dans le plâtre, Manou est fatiguée, les filles sont énervées mais tiennent à être présentes.
Ils vont avoir un jardin, plus de place et vivront dans une rue calme.
L'Ours m'a dit au téléphone " Je déteste déménager, je suis sûr que c'est à cause de vous ! Vingt deux déménagements depuis ma naissance, ça calme !"
Pauvre petite misère, va !
Nous, on regarde toujours les annonces immobilières.
On ne sait jamais...
09:35 | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : grève déménagement médecin
23/04/2018
Journal
1) Commencez impérativement votre texte par la phrase suivante : « Notre première expérience, chose remarquable, est celle d’une disparition. » Emprunt à Lou qui nous raconte sa Vie.
2) Terminez impérativement votre texte par la phrase suivante : « Referme un instant sur le monde la porte et la fenêtre, tourne-toi vers le journal pour toutes ses notations musicales, et commence un autre roman. » Emprunt à Anaïs qui écrit son Journal.
Voilà...
Notre première expérience, chose remarquable, est celle d'une disparition.
Salomé ferma son livre, d'ailleurs il n'en restait que les notes à lire.
Une disparition ? Laquelle ?
Celle de sa mère qui, malgré ses pleurs, disparut le premier jour d'école maternelle ?
Celle de son innocence ?
Oui, la trahison le jour où son premier amoureux, toujours à la maternelle, partit avec son goûter.
Une disparition ? La mort de sa grand'mère adorée !
Celle qui comprenait son besoin de liberté, celle permettait à sa petite-fille de faire des choses qu'elle avait interdites à sa mère.
Une disparition ? Celle de sa virginité...
Ce ne fut même pas un traumatisme, simplement une expérience avec un amoureux décevant.
Toute notre vie est disparition !
Même les "e" se font la belle chez Pérec.
Pire, notre jeunesse disparaît un jour, permettant malgré tout une apparition dans cet océan de disparitions : L'apparition de la première ride...
Salomé soupira et repris le journal d'Anaïs Nin qu'elle avait posé sur la table.
Elle en lut une phrase au hasard :
Referme un instant sur le monde la porte et la fenêtre, tourne-toi vers le journal pour toutes ses notations musicales, et commence un autre roman.
08:05 | Lien permanent | Commentaires (15)