28/02/2018
Ce n'est pas un scoop.
Il fait froid, très froid.
Pourtant je ne suis pas frileuse.
Je n'ai pas froid dehors,.
J'ai froid chez moi et hier j'ai gardé un gros pull toute la journée !
Comme tous les immeubles, cet immeuble a ses défauts.
Son isolation approximative et pendant que je vous écris, je sens de perfides courants d'air sur mes jambes.
J'espère obtenir une température convenable pour recevoir les filles demain.
Mon immeuble est parisien car je suis une Parisienne, comme le Goût.
Alors j'ai bien ri au commentaire acerbe qu'il a reçu hier.
J'ai appris que les Parisiens sont tous des bobos qui ont les poches cousues d'or.
C'est certainement vrai pour certains et ils habitent tous dans mon immeuble.
Enfin, ils sont des noms sur les boites à lettres mais ils ne sont jamais là.
C'est un immeuble de passage, nos rockers sont en tournée, nos propriétaires passent pour fêter des anniversaires, la "Madame de." de notre immeuble doit partir dans le château familial et nous, bobos fauchés, nous sommes là, et heureux de l'être malgré le petit 16°C qui règne dans l'appartement.
Notre immeuble est calme parce que nous sommes seuls, donc notre chaudière chauffe pour tous les absents.
Vivre à Paris a un prix.
Notamment ses loyers et le montant de la note de gaz.
Le Goût est si heureux de vivre dans ce quartier qu'il se plaint très peu.
Il parle juste de taper avec des moufles...
10:10 | Lien permanent | Commentaires (40) | Tags : froid, chauffage, immeuble
26/02/2018
En coupe réglée.
« La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. »
Je sens quelque chose dans mon cou, une piqûre ?
Ce n'est pas le moment.
Il faut que je me brosse les cheveux, c'est mon atout majeur.
Je dois avouer que je les soigne, ils brillent et attirent la main et j'en ai besoin aujourd'hui...
Lorsque je sors et que je marche dédaigneuse dans la rue, j'entends les commentaires, des hommes comme des femmes.
Tous admirent ma chevelure et je ne dois pas me retourner sinon je les transforme en statue de sel.
Oui, je suis laide !
Regardez ma main, c'est une main d'homme.
Je suis "un homo" comme ils disent.
De dos je fais illusion, de face on me traite de "trav".
Heureusement, j'ai Aurélien qui m'aime comme je suis. Pourtant je me souviens de cette phrase dite par un de ses amis :
"La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide."
Aujourd'hui Aurélien veut m'épouser.
J'ai été opéré au Maroc, je n'ai jamais osé lui dire que j'ai été baptisé Pierre.
Après tout, il y a bien eu cette comédienne, dont on ne connait ni l'âge ni le sexe, qui a eu une aventure avec Dali, alors...
Qui peut empêcher Aurélien de m'aimer ?
09:26 | Lien permanent | Commentaires (16)
25/02/2018
J'appelle un chat un chat.
"J'appelle un chat un chat et Rollet un fripon."
Aujourd'hui, écouter les informations demande du temps.
Les deux tiers des mots sont inutiles.
Un handicapé est devenu "une personne en situation de handicap".
Vous ne voyez dire au Goût : "Tu veux bien sortir ta carte de personne en situation de handicap" ?
Surtout que je lui demande sa carte pour me trouver une place assise dans le bus...
Où alors : " Si nous allions explorer les territoires de la ruralité pour créer du lien", c'est tellement plus pratique que de dire : "J'irais bien faire un tour à la campagne rencontrer Machin".
Si j'avais l'âge, il me faudrait "être en capacité de trouver un emploi".
Même si j'ai un "adorable baby bump".
En plus, j'écouterais de la musique en "direct live".
Je ne meurs pas, non, "je vous ai quittés".
Mieux "j'ai disparu", le truc que je trouve particulièrement niais car tout le monde saura où je suis passée...
Si "je pars", mes proches n'auront pas d'illusion, ils sauront bien où je suis allée, eux.
Je n'en peux plus non plus, d'ouvrir mon navigateur et de lire "les quarante neufs chats les plus drôles du monde !".
D'ailleurs, pourquoi 49 ?
Plus le monde est féroce, plus la parole est lénifiante.
Ce qui n'est pas "joli" est "adorable".
Les animaux sont "cromignons" mais la cruauté est de plus en plus présente et sournoise...
10:06 | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : langage, locutions
23/02/2018
C'est à l'usage qu'on devient usagé.
Le Goût est frileux, depuis toujours.
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain...
Nous avions trouvé quelques défauts à cet appartement.
A l'usage, c'est comme l'amour, au début tout est beau, avec le temps tout s'en va disait Ferré, je dirai plutôt que les couleurs passent.
Donc, cet appartement est bien situé, agréable, très années 70.
Mais il a un défaut : quand il fait froid dehors, il ne fait pas chaud dedans.
Enfin, disons qu'il arrive à une température supportable pour le Goût en soirée.
Même moi je n'ai pas chaud, c'est vous dire !
Il faut dire que je n'arrive pas à dormir avec du chauffage donc le soir, on éteint et le matin il faut attendre comme pour les surgelés avant de cuisiner...
Se promener dans Paris, n'y songez pas.
Vous voulez que le Goût attrape une crise cardiaque ?
Déjà, j'arrive à le faire sortir chaque jour, il ne faut pas exagérer...
P'tite Sœur est encore malade.
"Petit virus" dit le docteur, ça donne quand même 40°C.
Elles seront avec nous la semaine prochaine et nous les ramènerons pour fêter l'anniversaire de Merveille.
Je lis, je m'occupe mais je n'ai guère envie d'écrire.
09:58 | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : froid, lecture, les filles
19/02/2018
Inconnu à cette adresse.
Petit garçon, je venais au Lutetia avec mon père.
J'étais fier de connaître le lieu, de regarder ces femmes si élégantes, ces hommes si affairés et de comprendre que mon papa en faisait partie.
Les Allemands ont déclaré la guerre à la France qui avait bien voulu accueillir ces Juifs d'Ukraine victimes de pogroms.
Le 14 juin 1940, on a perdu.
Les Allemands occupèrent Paris et le Lutetia devint le siège de l'Abwehr.
A la Libération, le Lutetia devint un centre de regroupement et accueillit les survivants des camps.
Yanka, la bonne dame d'Izieu, regroupait les rares survivants et tenait à jour les listes.
Je venais chaque jour regarder ces listes espérant voir un nom connu.
Les jours s'écoulaient, je n'avais plus d'espoir.
Je ne vins plus à l'hôtel.
On y apprenait plus de mauvaises nouvelles que de bonnes...
Pourtant, je ne résistai pas longtemps et j'y retournai.
Ce jour là, je vis le nom de mon père dans la liste des survivants.
Rien que son nom, pas d'adresse.
Je passai des mois à le rechercher.
J'écumais les Associations juives, sans succès.
Parfois on croit attraper la chance.
On me donna un jour une adresse, un lieu dans le Marais.
Je m'y rendis aussitôt et arrivai rue du Temple.
Dans un hôtel particulier, une ruine, mais j'y entendis parler le yiddish.
On m'indiqua un escalier.
Je restai longtemps, très longtemps derrière cette porte.
Je finis par frapper, puis cogner.
Mon cœur battait la chamade quand la porte s'ouvrit sur un homme décharné, le regard vide.
Il m'apprit que mon père avait quitté la France persuadé qu'il était le seul survivant de notre famille.
Il m'arrive encore aujourd'hui, d'aller au Lutetia et je ne peux m'empêcher de croire qu'un jour mon père franchira la porte qui le conduira vers moi...
07:55 | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : lakevio, lutetia, armée allemande