20/05/2020
L'indiscrétion.
J'ai commencé à travailler dans une librairie de quartier.
Une librairie où on trouvait les livres d'Edgar Morin et Henri Troyat.
On y croisait aussi les auteurs de bouquins qu'on mettait en vitrine.
On y faisait des photocopies, on y vendait des cahiers et on prenait le développement de photos pour Kodak.
La propriétaire de cette librairie était une originale.
Fantasque et indiscrète, venir dans sa libraire était sa récréation.
Y venir quand elle était là était aussi une récréation...
La curiosité était son moindre défaut.
Un jour, en fin de matinée est arrivée une jeune femme qui déposa une pellicule à développer.
"C'est le mariage de ma soeur" a-t-elle dit en remplissant le formulaire.
- Tu n'as pas pris beaucoup de photos...
- Ce n'est pas grave, les photographes étaient présents à cause de mon beau-frère.
Elle partit sans en dire plus...
Les photos revinrent, la propriétaire de la libraire, curieuse, ouvrit la pochette.
Elle découvrit que le beau-frère était Michel Piccoli.
La jeune femme ne s'entendait pas très bien avec son beau-frère.
Michel Piccoli était de gauche.
La belle-soeur était de droite...
J'ai revu un jour Michel Piccoli dans un restaurant.
J'étais avec l'Ours.
Je ne suis pas allée lui dire que j'avais vu ses photos de mariage...
09:48 | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : librairie, photo, michel piccoli
21/04/2020
Si la photo est bonne.
De « confinement » à « enchaîné » il n’y a qu’un songe.
Cette photographie du Russe Gueorgui Pinkhassov vous inspire-t-elle ?
Ce serait gentil de commencer ce qu’elle vous a inspiré par cette remarque d’Oscar Wilde :
« Discerner la beauté d’une chose est le plus grand raffinement que l’on puisse atteindre »
Et si vous le terminiez par ces deux vers d’Agrippa d’Aubigné
« Mon penser est bizarre et mon âme insensée
Qui fait présente encor’ une chose passée. »
Entre les deux, libre à vous.
Ramassage mardi seulement car Adrienne veut montrer quelque chose lundi.
Eh oui, je fais attention à ce que me disent mes lectrices chéries…
Discerner la beauté d'une chose est le plus grand raffinement que l'on puisse atteindre.
Il avait raison le poète.
Si un jour on fouille dans mes affaires pour retrouver mon butin, un pandore va se pencher sur la photo et trouver que je suis le "gentleman cambrioleur".
Laissons lui ses illusions...
J'ai pris cette photo pour le collier, pas pour le grain de peau de cette femme, qui est belle, j'en conviens.
Je voulais m'assurer que j'avais affaire à des perles fines, pas des perles de culture.
Un collier de perles fines de belle facture est une affaire rare et la vente en est aisée.
J'ai suivi la dame pendant quelques jours.
Elle est revenue du pressing avec une robe de soirée.
Je n'avais plus qu'à trouver le lieu de la réception.
Rien de plus facile car les grands événements sont toujours annoncés dans les journaux. Le soir dit, j'étais à mon poste.
J'ouvris la porte de la berline, un salut et hop ! Le collier avait changé de propriétaire.
"Le cave se rebiffe" traversa mon esprit.
Comme disait l'autre "Mon penser est bizarre et mon âme insensée
Qui fait présente encor' une chose passée".
09:32 | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : collier, photo, jeu, lakevio-le-goût
28/06/2015
Di yiddishe mame
D'accord, ce n'est pas mon meilleur profil.
Mais au moins on peut dire avec certitude que je n'ai pas le profil antisémite...
Quand je me promenais dans les rues de Tel Aviv, il était courant qu'on traverse la rue pour me demander "tu parles yiddish ?"
Lorsque je répondais non, on me reprochait "Mais qu'est-ce qu'elle t'a appris ta mère ? !"
Non, ma mère n'avait pas fait son travail...
J'évitais de répondre que dans ma famille, c'était le genre de truc qui n'intéresse plus personne.
Je n'avais pas prévu d'aller vivre en Eretz.
Mais alors pas du tout.
09:19 | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : israël, photo, tri, chaleur
21/11/2024
Les années.
Annie Ernaux a quelques années de plus que moi.
Son livre, que je suis en train de lire, me fait revivre une partie de ma vie.
Mai 68 que j'ai traversé comme un jeu.
La rencontre du Goût puis la naissance de l'Ours et la première fois que je l'ai tenu contre moi.
Ce livre me fait ressentir un manque cruel.
Celui des photos.
J'ai retrouvé quelques photos de l'Ours petit que je lui ai données.
Je ne manque pas de photos de Merveille et bientôt je ferai développer celles de Petite Sœur.
Le soir en lisant, je regarderai de mon lit le pêle-mêle sur mon mur et les sourires des deux sœurs me raviront.
Mais les autres ?
Celles où j'ai l'Ours dans mes bras, où je souris ?
Je me rappelle, j'ai une robe d'été courte.
J'aimais cette photo, je me trouve si rarement naturelle sur une photo...
Et le Goût portant son fils comme un trésor ?
Ses cheveux sont si noirs que de dos on le prend pour un Asiatique.
La perte des objets n'est rien.
Je n'ai plus d'argenterie, je m'en moque.
Celle de ma mère, celle de ma grand mère, tout a disparu, les draps brodés, les collections d'objets inutiles... pffffuittt...
Mais les photos ?
Les traces de toute une vie.
Mes photos de mariage, des souvenirs, mon Ours sur son petit vélo...
Merveille et sa sœur qui ne pourront pas s'attendrir ou se moquer de leur père enfant.
Les objets ne sont que des objets, on les oublie mais la trace du temps qui passe, j'aimerais l'avoir encore...
18:30 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : temps qui passe, photo, manque