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12/10/2006

Une journée ordinaire

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Hier après midi, l'homme avait rendez-vous avec un pneumologue à l'hôpital, c'est "son" chirurgien qui a demandé cette visite.

L'homme est grand, superbe et généreux mais comme tout le monde, il a la trouille, moi aussi, mais nous jouons les blasés, Madame de nous accompagne, c'est vraiment trop gentil de sa part, l'hôpital, c'est vraiment un truc qui file le bourdon.

Elle arrive, nous sommes en pleine discussion.
Discussion animée.
Disons plutôt dispute, l'homme parle de repartir en Alsace et je ne suis pas d'accord, j'exprime mon désaccord haut et fort.

Nous déjeûnons et hop, direction l'hôpital. Je ne sais pas pourquoi, allergie aux arbres du jardin ravissant, que je traverse à chaque fois que je vais dans ce fichu truc ou réaction psychosomatique, j'ai mal aux yeux et je me retrouve avec des yeux de lapin russe !!!

Un hôpital, c'est un labyrinthe, faut trouver la bonne couleur, passer 12 fois devant la chapelle avant de se retrouver devant 2 mâcheuses de chewing-gum nonchalantes, qui finissent leur discussion, avant de lever un oeil distrait :

- Ouais, z'avez votre convocation ? Vos étiquettes ? Eh oui, l'homme a un paquet d'étiquettes, des NIP, en gros, il est fiché et son dossier le suit partout.

Madame de et moi lisons des numéros d'été de Glamour, Closer et autres cochonneries, aucun intérêt, il fait chaud, trop chaud. Même Madame de a des couleurs, c'est dire.

L'homme sort, soulagé, juste un examen supplémentaire à passer dans deux mois. On se croirait dans Urgences, on va lui faire les gaz du sang et autres joyeusetés mais d'après le pneumologue, il n'aura, peut être, aucun traitement.

Il est sorti avec l'ordre d'aller voir un dermato (trop de grains de beauté), je me demande chez qui le dermato va l'envoyer ...

11/10/2006

L'Oulpan, je jette l'éponge

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Premier jour d'Oulpan avec mon nouveau prof, Nourit, au premier regard échangé, je sais que je ne l'aime pas et que c'est réciproque !

Boker Tov ! et c'est reparti sauf que là, je sais, même si je ne suis pas douée, j'ai retenu certaines choses, je ne confonds plus le médecin et le malade, c'est plus confortable, le même ventilateur aussi peu efficace brasse l'air chaud mais Nourit n'a pas le talent de Yoela, elle fait son cours et elle attend la pause comme nous.

Je rêvasse, c'est mon plus grand talent, j'ai envie de faire pipi. Ouf, c'est la pause, je me précipite vers les toilettes, une queue de boulangerie polonaise (à l'époque soviétique), je fonce dans les toilettes des profs et je me fais passer un savon comme si j'avais encore 15 ans :

- "Tu ne dois pas être là, c'est réservé aux professeurs.
- J'ai pas 15 ans, vous voulez que je fasse pipi dans le couloir ?

La matinée commence bien, mais tout a une fin, je sors et pars déjeuner avec l'homme en terrasse, c'est le meilleur moment de la journée.
C'est bientôt Shavuot, je vais partir à Petra, en bus jusqu'à Eilat ( nous n'avons pas encore la voiture), c'est la dernière limite, pour visiter le site, il fait déjà très chaud et je crains terriblement la chaleur.

Le voyage en bus est épique, 40 bus qui font la course de minuit à 5 h le matin suivant, il faut vivre ça une fois dans sa vie, je découvre la mer rouge à l'aube, elle est d'un bleu profond, la ville dort, c'est superbe.

Nous passons un moment difficile à la frontière, nous sommes un petit groupe, les Jordaniens entretiennent des relations "cordiales" avec Israël mais c'est quand même pas l'amour fou.

Petra, c'est beau, c'est trop chaud, l'hôtel est superbe, un palace anglais qui domine le site avec un côté un peu décati, on dirait l'Angleterre en nettement plus chaud.

Levée à l'aube pour la visite du site, très très encadré, la garde hachémite, armée, veille.
Sur les touristes ? Sur les malheureux qui essaient de gagner leur vie ?
Probablement les deux...
C'est grandiose, je suis contente d'être là mais je sais que je n'aurai jamais envie de revenir, obligation de déjeûner dans un restaurant choisi par notre guide.
Erreur terrible : Je me jette sur les crudités.

Le soir, je commence à me sentir mal, et c'est parti, la turista du siècle, je passe Shavuot à Eilat, je commence à connaître les toilettes de tous les hôtels.

Imodium en grande quantité, rien ne marche, j'ai la drille, je ne peux avaler que du thé et je rentre à Tel Aviv, pas en courant mais presque.

Pas question de retourner à l'Oulpan, j'ai pris possession des toilettes, ma turista et moi sommes inséparables, je me vide, je bois du thé, j'ai des crampes horribles, je vais mourir sans revoir Paris.

J'avais quitté l'Oulpan au présent lorsque je reviens, ils sont passés au futur, les carottes sont cuites, je n'ai jamais compris l'histoire des 3 racines...

10/10/2006

lettre de motivation

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La vie n'est pas un long fleuve tranquille, lorsque j'apprends que ma jeune voisine se doit d'expliquer à un crétin un peu plus vieux qu'elle, combien l'idée de vendre du pop corn est la chose la plus excitante qui lui arrive, ou que le même crétin, refusant sa canditature, lui annonce que sa technique de marketing pour vendre du pop corn n'est pas compétitive, j'ai envie de sortir mon revolver.

Chaque soir, au supermarché du coin, celui qui n'est pas Monoprix, mais qui accepte ma carte et me donne des points, qu'un jour dans 4 ans, je pourrai même aller diner à la Criée avec mes points, je vois des annonces :

- Cherche hotesses de caisse motivées et performantes

Ni plus, ni moins, pas d'idée de salaire, j'en ai bien une, le smic horaire, pas d'horaire, commencer tôt le matin, finir tard le soir et avoir une coupure assez longue pour se faire suer mais trop courte pour rentrer chez soi.

Il faut envoyer une lettre de motivation et un curriculum avec photo, la photo c'est pas pour voir si tu es assez jolie pour passer des packs d'eau qui tirent sur le dos toute la journée, c'est pour pas te prendre, si par hasard, tu as un nom qui sonne français mais que tu es noire ou arabe..

Si tu n'es pas noire, arabe ou pire, vieille, tu peux éventuellement passer un entretien avec un "trou du cul" qui a peur de perdre sa place, et qui va se triturer les neurones :

- si tu as fait des études, pourquoi te présentes tu à ce poste ? (simplement parce que tu n'as pas trouvé autre chose et que tu manges tout les jours) eh oui ! Jeune crétin, les hotesses de caisse ont parfois un loyer à payer et des enfants à nourrir.

- si tu n'as pas fait d'études, pourquoi te présentes tu à ce poste alors que des jeunes diplomées, sans boulot prennent n'importe quel boulot pour manger, tu es étonné, jeune crétin, eh oui ! Tout le monde mange, enfin essaie.

Je ne veux pas être hotesse de caisse, d'abord je ne suis pas assez jeune, pas assez rapide et surtout pas docile mais j'avais envie de pousser un coup de gueule, pourquoi demander des lettres de motivation, alors que la seule motivation qui pousse à accepter un boulot sans intérêt, c'est le salaire.

Alors toi, Monsieur le PDG d'Airbus, oui toi qui viens de te faire débarquer au bout de 3 mois, tu peux dire combien tu as touché d'indemnités ?

09/10/2006

l'Oulpan suite

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Chaque matin, je traverse Gan Meïr pour me rendre à l'Oulpan, chaque matin, je traîne les pieds, mon livre (je l'ai pas retrouvé celui-là) et mon cahier sous le bras.

Je suis seule, je n'entends jamais parler français, c'est quand même un monde, pas de Française à l'Oulpan alors que j'entends parler français à chaque coin de rue.

Chaque matin, je me lève lorsque la prof entre dans la salle. Un ventilateur brasse l'air chaud avec nonchalance. J'ai 6 ans , les autres aussi. En choeur nous saluons "Boker Tov ! ", j'entends des mots, j'écris des mots, des portes, des armoires, des fenêtres, une table ("shulkhan" ), au singulier c'est masculin (shulkhan gadol) au pluriel ça une forme bizarre (shulkhanot gdolim) féminine pour le nom alors que l'adjectif reste masculin, va comprendre...

Mon esprit s'évade, je regarde ma montre. Quoi ?! C'est même pas l'heure de la récré ! Pendant que je compte les minutes, la prof a continué à écrire, j'ai perdu le fil, je m'en fiche, je veux mon café, même un deuxième.

Et puis un matin, contrôle des connaissances, j'ai oublié de vous dire que nous avons des devoirs à faire, mes devoirs sont toujours parfaits, les beaux, très beaux garçons de café s'amusent à les faire, mais ils n'ont pas le temps de m'expliquer, on me file un écouteur qui fait rien que me causer en hébreu et je dois retranscrire, mince, pas de joli garçon sous la main, et le verdict tombe, je ne comprends rien, mais rien du tout.

Découragée, je pose mes écouteurs, regarde les autres écrire et apprend de la bouche de Yoela que je vais recommencer le aleph, beth avec une autre classe.

Demain, je recommence "Ani gara be Tel Aviv" avec une autre prof et là commencent vraiment mes ennuis...

08/10/2006

J'ai le dos en compote

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La paille de fer est remise à une date ultérieure.

Madame de et moi avons choisi l'emplacement des cadres, l'homme a planté les crochets X.
Nous avons admiré.
Nous étions assez contentes de nous.

Hier, nous avons décidé de déplacer des étagères bourrées de livres et de transporter une bonnetière dans ma chambre - il n'est pas inutile de rappeler que je manque de place - cette bonnetière est occupée par un service de table plutôt joli, que j'utilise rarement, c'est le genre de service avec 12 assiettes plates, 12 assiettes pas plates, des tasses à café en pagaille (l'homme en a cassé deux, qui sont en attente de réparation).

Nous avons déplacé la vaisselle, déplacé la bonnetière et nous nous sommes attaquées aux livres. Je ne possède plus que quelques années de lecture et pourtant les livres sont partout, au pied de mon lit, sur un escabeau de bibliothèque, il reste une étagère contre un mur de ma chambre, à chaque jour suffit sa peine.

Les piles de livres s'effondraient dans le "salon-salle-à-manger-bureau", la poussière avait eu le temps de faire son oeuvre, nous avons trouvé plusieurs exemplaires de "24 heures dans la vie d'une femme", "84 Charing Cross", "Inconnu à cette adresse", Madame de est une grande lectrice, elle a quand même accepté certains doublons.

Nous devions absolument terminer notre ouvrage, vers 19 h, les livres essuyés, regardés, commentés avaient, pour certains trouvé de la place, les autres campent toujours, en attente de lecture...

Cette nuit, j'ai plutôt mal dormi, à chaque mouvement, mon dos, je n'ai plus 20 ans, avait la mauvaise idée de me rappeler son existence.

Dire que l'homme et moi avions l'habitude de changer les meubles de place, de vider les bibliothèques, de n'être pas satisfait du résultat et de recommencer. Si, je tourne la tête, c'était hier, et pourtant mon dos ne disait rien.

Un imbécile a dit : "Chaque âge à ses plaisirs", je reste d'accord avec Montherland "La vieillesse est un naufrage" et dire que je joue avec une cinquantaine floue,.
De moins en moins floue.
Elle penche du mauvais côté !