heure-bleue

Mais où va-telle ?
Pourquoi ?
N’aurait-elle pas pu choisir un autre moment ?
Mais pourquoi diable semble-t-elle si pressée ?
D’ici lundi vous aurez sans doute eu une idée.
Et peut-être en aurais-je eu une…

Je ne comprends rien à mon attitude, accepter un rendez-vous avec un illustre inconnu !

Partir seule dans la nuit avec un parapluie et une écharpe rouges, je me fais penser au Petit Chaperon rouge allant à la rencontre du loup.
En plus, je ne vais même pas voir ma grand'mère...

Je sais, c'est mal !
Mais elle est vieille ma grand'mère !
Elle entend mal et ne voit plus très clair.
Elle me confond avec ma mère les bons jours, sinon elle m'appelle "Maman"...

Elle me dit de faire des économies, elle ouvre un porte-monnaie sans âge, me donne une pièce qui n'a plus cours depuis longtemps.
Elle croit qu'elle me donne une belle somme parce que la pièce brille.

Je me sens donc un peu honteuse en allant à ce rendez-vous.
Bien plus nerveuse que le Petit Chaperon rouge car je connais le danger.
Je me rends à un rendez-vous en espérant un peu me faire dévorer.
Dévorer toute crue !
Je m'imagine déjà dévorée de baisers parce que je dois dire que cet inconnu est diablement séduisant !

Lundi. Édition de sept heures.
Gros titre du Parisien en ligne.
Une jeune fille dont l'identité n'est pas connue a été retrouvée morte à l'orée du bois de Boulogne.
Les premières constations parlent de l'attaque d'un loup.
Les riverains ont peur.
Deux manifestations sont en cours à la Porte Dauphine.
Les habitant de Passy demandent la protection des promeneurs.
Les défenseurs des droits des animaux demandent la protection de la faune du bois de Boulogne.

Le commentaire d'Alainx sur le pain a fait revivre un souvenir qui va tout à fait dans le sens de ses écrits.

Ma plus jeune soeur est alors dans sa poussette et parle.
Elle était donc assez grande pour marcher mais c'est la plus jeune, est souvent malade et n'aime pas marcher.
Alors on la laisse faire.
C'est un peu la même chose aujourd'hui sauf que personne ne la traîne en poussette...

À ce moment, ma mère est dans la boulangerie.
Le fils de la boulangère possède un fennec et je pense qu'aujourd'hui, le fennec n'aurait pas le droit de vivre sa vie comme à cette époque lointaine où les voitures étaient rares dans les rues...

Ma soeur est donc dans la rue, devant la boulangerie et elle "parle à un minou".

Quand ma mère sort, c'est l'horreur, le "minou" que ma soeur est en train de caresser est un rat !
Le rat est tranquillement installé sur elle et manifestement apprécie d'être caressé.

Il ne souffre pas d'être appelé "beau minou".

Hurlement de ma mère.
Surprise de ma soeur et du rat.
Une belle bête que ce rat.

Il est parti tranquillement sans mordre ma soeur.
Ma mère a continué à fréquenter la boulangerie.
Sans doute parce que c'était la seule boulangerie du coin...

Aujourd’hui c’est pour faire plaisir, du moins je l’espère, à Adrienne que je vous soumets cette toile peinte vers 1680 de Job Berckeyde.
Il y est question de pain, celui qu’on doit pétrir pour le vendre ou gagner à la sueur de son front.
Si vous me disiez lundi ce que vous avez retiré de cette toile ?
Hmmm ?

C'est un véritable malheur que n'être pas Rabelais pour parler du pain.
Qui oserait écrire sur ces belles miches dorées que l'on veut prendre à pleines mains avant de les croquer...

Aujourd'hui, on mange de moins en moins de pain.
C'est assez logique, qui a envie d'acheter des patons industriels que le boulanger n'a qu'à mettre au four ?
Ce boulanger sortira du pain chaud toute la journée.
Hélas un pain qui ne sentira rien d'intéressant et sera devenu une éponge le lendemain matin.

Alors on traque la boulangerie qui fait sa pâte, la pétrit, la fait lever le temps nécessaire, celui dont le pain a la mie légère, parfumée.
Ah... Quel plaisir de respirer une bonne baguette au levain, cuite comme il faut, dorée, tentante !

Les jours de pluie violente, comme hier, il nous arrive de ne pas manger de pain.
La boulangerie bio est trop loin, on ne mangera pas de pain car le seul boulanger ouvert près de chez nous vend du pain trop blanc, pas assez cuit.
Le pain qui vous restera sur l'estomac.

Chez mes parents, avant l'apparition de la baguette, j'allais chercher un « bâtard », le pain court et costaud.
Je prélevais ma dîme, c'était un vrai plaisir que d'en manger le croûton puis de revenir en sautillant...

En ce moment, j'ai des problèmes avec mes comptes sur le Web.

Je suis régulièrement piratée par les Russes.
Feue ma bestiole, cette bestiole tant aimée, s'appelait "Balagan".
"Balagan" est un mot russe très utilisé en Israël où il est particulièrement à sa place.
En gros, ça signifie "Bazar", dans le sens de "bordel généralisé".
Cette petite bête était arrivée chez nous et fut adoptée.
Née au pays où coule le lait et le miel, elle portait bien son nom.

"Balagan", "bazar", "foutoir", ce mot russe lui allait comme un gant.
Elle était voleuse et maladroite mais si tendre et affectueuse.
C'était un véritable escroc dont le métier consiste à vous séduire pour vous voler...
Elle me manque encore.

J'avais donc utilisé son nom comme mot de passe.
J'ai si peu de choses importantes sur mon PC que ça me semblait peu important.

Depuis un certain temps, je reçois des messages en russe.
J'en suis désolée car je ne comprends pas le russe.
Ces Russes tentent de pirater mes comptes.
Hélas pour eux, je n'ai rien d'important et on me demande si souvent de l'argent sous des prétextes divers que je n'en donnerai pas plus à ces Russes qu'aux autres.

Le Goût vient de changer mes mots de passe mais peu importe, Balagan est toujours ma bestiole regrettée.
Ma petite bête.
Elle était bien...

Vivre à Paris, c'est une chance !
Bon, moyenne la chance...
Les appartements y sont petits, la pollution, elle, est grande et le bruit très présent.
Mais j'aime y vivre, c'est ma ville.

J'avais bien aimé le premier confinement car on entendait enfin les oiseaux, les rues étaient désertes, on croisait peu de monde dans des rues sans voitures et les rendez-vous médicaux avaient un air de plaisir défendu.

Bon, pour l'instant, c'est plus calme, on oublie souvent de vous demander votre "pass sanitaire" et les serveurs ne portent pas toujours le masque.

Je reprends, donc lundi il faisait beau.
On voulait voir l'Arc de Triomphe empaqueté.
C'est assez réussi, c'est sympa, ça brille sous le soleil et ça ne sert à rien donc c'est plaisant.

Nous sommes repartis tranquillement jusqu'aux Ternes.
Puis on est allé chez "Pou".
"Pou", c'est un traiteur et il est plus vieux que moi.
Oui, oui, ça existe, on trouve des endroits dans Paris qui existaient avant ma naissance.

Nous avons acheté deux "bricoles" pour le soir, servies avec gants, masques et un soupçon de mièvrerie pour faire passer la note et nous sommes repartis contents.

C'était bien...