heure-bleue

Notre immeuble se vide, 17% de ses habitants ont déjà quitté les lieux.
Et ce n'est pas fini...

Seul le petit du quatrième s'accroche.
Oui, celui qui fait la fête et qui en ce moment est calmé pour au moins trois semaines.
Les résistants, le noyau dur est allé lui causer de la dure réalité de la vie, à savoir que certaines règles doivent être respectées.

Nous avons perdu deux voisins de palier.
Heureusement restent les plus sympathiques.
Ou ils sont encore fidèles à l'immeuble ou ils ont la flemme de chercher un appartement cet été...

Le rez de chaussée se vide, le cinquième étage aussi.

Nous ne comprenons pas la surdité de notre bailleur.
Nous sommes pourtant courtois avec lui !
Nous ne demandons que notre dû, de respecter ses obligations.
Nous envisageons le séquestre des loyers à la Caisse des Dépôts et Consignations mais ce n'est plus aussi simple qu'avant.
Il faudrait maintenant passer par un juge et vous connaissez les gens, certains ne le feront pas et nous ne sommes plus si nombreux.

Bien sûr que j'ai visité quelque chose.
Notamment un appartement sympa dans la rue à côté mais je n'ai pas de coup de cœur.
Et puis j'avoue qu'après tant de mésaventures, j'ai encore peur de miser sur le mauvais bailleur.

J'ai encore un peu de temps devant moi, mais pas tant que ça car ma date de naissance ne jouera pas en ma faveur.

Il est vrai que cet immeuble, qui n'a que deux ans, se dégrade de jour en jour mais il me reste la vue, les arbres, cette impression d'espace.
Dire que le bailleur a encore changé d'agence immobilière, que les prix sont à la baisse et que malgré tout les appartements ne trouvent pas preneur...

Cher Simply, il m'arrive d'aller te voir de l'autre côté de la passerelle.
Je ne t'aime pas particulièrement mais le petit Franprix à côté de chez moi est encore plus moche et plus onéreux.

L'Homme n'est pas un pur esprit, il lui faut du carburant mais voilà, lorsque nous arrivons chez toi, cher Simply, l'appétit nous quitte.

Nous regardons tes légumes flétris et décidons de les acheter chez le petit primeur de la place.

Nous regardons ta viande, parfois elle nous rend végétarien.
Hier j'ai attrapé un planton et je lui ai demandé de saisir un responsable pour retirer tous ses produits périmés des rayons.

Et pourtant, sans fruits, sauf des tomates à un œil, sans viande, juste avec deux litres de lait dont j'ai vérifié la date de péremption, un morceau de Comté bio, du beurre, un petit fromage de chèvre et quelques produits pour la maison, même pas de lessive, du tout venant, et j'ai oublié le vinaigre ménager, ma note était de 83 €.

Le litre de lait entier frais est à 1,85 €, je suis surprise de ce prix !
J'entends chaque jour les éleveurs se plaindre qu'on leur achète leurs produits à bas coût, oui ! on leur paie 28 centimes le litre de lait !
Oui 28 centimes pour que tu me le vendes 1,85 € !!! .
Bon, tu vas me dire que tu as des frais mais je ne me fais pas de souci pour toi, tu vas continuer à grossir, cher groupe Auchan.

Je m'attaque à toi parce que je suis parfois obligée d'aller chez toi mais je sais que c'est la même chose chez tes concurrents.

Je sais que de plus en plus de couillons mangent vegan, faut dire qu'un panier bio ça revient moins cher que toutes tes cochonneries mon cher, très cher supermarché.

Hier, le Goût a pris le bus et est passé prendre sa petite-fille.
Ils sont partis à la piscine, piscine qui n'est pas du tout à côté de chez Merveille et ça grimpe.
C'est un Goût soufflant qui est arrivé devant l'établissement pour y lire une pancarte : "Fermé pour manque de personnel".

Les mairies ont toutes subi une baisse de revenus.
Notre nouvelle maire, malade et âgée, qui aura plus de 80 ans à la fin de son mandat, a choisi.
Elle a choisi d'armer la police municipale, la renforcer et surtout la faire passer dans notre coin où il ne se passe jamais rien...

Elle a préféré taper dans la culture, la MJC et le fonctionnement de la piscine.
Ce n'est pas grave, une rue nous sépare d'une autre commune qui n'a pas choisi les mêmes options et la prochaine fois nous conduirons Merveille à la piscine à côté de chez nous.

Merveille était déçue alors qu'aujourd'hui elle pourra se tremper les pieds dans l'océan, juste en face de Soulac.
Elle sait qu'il faut se méfier des baïnes, son père connaît le coin et n'a pas manqué de leçons car le mari de ma sœur est natif de Soulac.

Alors, nous sommes allés à Paris chercher des cadeaux d'anniversaire pour sa sœur et un petit jeu pour elle.

Elle est revenue chez elle dansante, enchantée et en retard...

Sa sœur a hurlé "Papy !!!" dès l'ouverture de la porte et a embrassé son grand père.
Elle a tourné le dos en me voyant et n'a fait semblant de me remarquer que lorsque nous sommes partis.
Elle n'a pas été avare de ses adieux...
Deux ans à la fin du mois.
Deux ans qu'elle me snobe...

Ça me donne l’impression d’être une esclave.
Je déteste voir le quartier de l’Opéra et des Grands Magasins dépossédé de toutes ses boutiques.
Si on n’y prend garde, ce quartier va bientôt devenir aussi ennuyeux qu’un centre commercial.
Toutes les boutiques ont dû céder la place à des chaînes qui seules ont les moyens de payer des loyers devenus exorbitants.
Paris est de plus en plus défiguré et dénaturé par ces boutiques qui ne sont plus que des stocks de schmattès bas de gamme.
Il se trouve qu’hier, c’est justement du « schmattès bas de gamme » dont nous avions besoin, il fallait absolument un maillot de bain pour le Goût qui doit emmener Merveille à la piscine.
Mais quand même, j’aurais trouvé plus normal de devoir aller jusque chez Tati pour le trouver alors que là, le trouver en face du Printemps et à deux pas de la Madeleine et de l’Opéra est un scandale !
En revenant de cette expédition nous sommes passés à la FNAC, j’ai trouvé difficilement deux livres de poches.
Difficilement.
Alors qu’il me faut un stock pour les mois d’été.
Et j’ai malheureusement constaté que la FNAC avait perdu son âme et ses libraires au profit des actionnaires.
Les vendeurs ont pris la place des vétérans.
La preuve :

Hier, j'avais dentiste.
Il n'avait pas l'âme travailleuse.
Je n'avais pas envie de souffrir ni de mâchonner ses petits papiers violets.
La séance a été courte, je recommence le 25 Août...
Puis je suis allée voir les Merveilles et retrouver le Goût.
La petite dormait, on aurait dit sa sœur au même âge.

La grande jouait aux billes avec son grand père.
J'ai été invitée à jouer pendant que le grand père marquait une pause en buvant un café avec un fils toujours aussi peu bavard.

J'ai eu le malheur de gagner aux billes, sans même essayer.
Je suis bien plus forte aux billes lorsque ma légère myopie m'avantage et Merveille n'aime pas perdre.
Elle a commencé à chougner puis a parlé de la piscine avec son grand père, des trémolos dans la voix.

Ca a donné ça :
Merveille, moitié parlant, moitié chougnant :

- Demaiiiin je ne peux paaaaas, il faut que je choisiiiiisse des tenuuuues.
(elle part une semaine à partir de vendredi).

- Ce n'est pas grave mon cœur, tu iras jeudi.
Toujours moitié parlant, moitié chougnant :
- Jeudi, je ne sais paaaaas, il faut que je prépare ma valiiiiise.

Je l'adore mais j'ai préféré partir.
A peine dehors, il a commencé à pleuvoir, ça devient une habitude.

Jeudi, il devrait faire moins chaud, le grand père et sa petite fille devraient donc passer un bon moment ensemble...