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Cher Simply, il m'arrive d'aller te voir de l'autre côté de la passerelle.
Je ne t'aime pas particulièrement mais le petit Franprix à côté de chez moi est encore plus moche et plus onéreux.

L'Homme n'est pas un pur esprit, il lui faut du carburant mais voilà, lorsque nous arrivons chez toi, cher Simply, l'appétit nous quitte.

Nous regardons tes légumes flétris et décidons de les acheter chez le petit primeur de la place.

Nous regardons ta viande, parfois elle nous rend végétarien.
Hier j'ai attrapé un planton et je lui ai demandé de saisir un responsable pour retirer tous ses produits périmés des rayons.

Et pourtant, sans fruits, sauf des tomates à un œil, sans viande, juste avec deux litres de lait dont j'ai vérifié la date de péremption, un morceau de Comté bio, du beurre, un petit fromage de chèvre et quelques produits pour la maison, même pas de lessive, du tout venant, et j'ai oublié le vinaigre ménager, ma note était de 83 €.

Le litre de lait entier frais est à 1,85 €, je suis surprise de ce prix !
J'entends chaque jour les éleveurs se plaindre qu'on leur achète leurs produits à bas coût, oui ! on leur paie 28 centimes le litre de lait !
Oui 28 centimes pour que tu me le vendes 1,85 € !!! .
Bon, tu vas me dire que tu as des frais mais je ne me fais pas de souci pour toi, tu vas continuer à grossir, cher groupe Auchan.

Je m'attaque à toi parce que je suis parfois obligée d'aller chez toi mais je sais que c'est la même chose chez tes concurrents.

Je sais que de plus en plus de couillons mangent vegan, faut dire qu'un panier bio ça revient moins cher que toutes tes cochonneries mon cher, très cher supermarché.

Hier, il fallait aller faire du ravitaillement.
Dans notre coin de banlieue où même le boucher part en vacances en même temps que les enfants, il nous reste un Simply et un Monop'.
Le Simply, c'est raisonnable mais pas attirant .
Le Monoprix, c'est attirant mais pas raisonnable.

Nous étions déjà allés au Monoprix avec Merveille.
Il nous restait donc le Simply, franchir la passerelle et se creuser la tête.

Acheter de la viande là ?
Impossible, je ne peux pas.
Je la regarde.
J'en regarde la couleur.
Je regarde la date d'emballage et je repose.
J'arrive tout juste à acheter du poulet du Périgord.
Bientôt je vais avoir des ailes qui vont me pousser.

Les légumes, c'est comme la viande, les moucherons en plus.
Ils sont moches, il nous arrive d'acheter un kilogramme de pommes de terre.
Pommes de terre qui se révèlent complètement impropres à la consommation lorsqu'on veut les utiliser.

Alors, hier on est revenu avec un panier presque vide.
Les fameuses escalopes de poulet, de l'ail en poudre.
Et même pas de chocolat.
Même lui n'est pas tentant.

Le pire ?
On a oublié le PQ !!!

Depuis que le Goût a été soulagé de quelques euros, j'ai la musique du film dans la tête.

J'ai l'habitude, dans mon supermarché, celui qui est à côté de chez moi, de donner à la banque alimentaire.
Je trouve normal d'aider ceux qui, même en travaillant, gagnent si peu qu'ils sont obligés d'aller aux Restos du Cœur...

J'avais remarqué qu'on distribuait de petites cartes et qu'on passait ces cartes en caisse.
On se faisait soulager de quelques euros et il était dit que c'était pour aider à loger des personnes en difficulté.
Ça m'avait semblé étrange. La politique de la ville où je fais mes courses ne donne pas dans le social et les logements HLM y sont rares.
Presque aussi rares qu'à Neuilly.

Le Goût a donné.
Je l'ai laissé faire.
Je ne voulais pas passer pour l'avare de service.
En sortant, je me suis quand même renseignée.
Une charmante Africaine a bien voulu m'expliquer.
En réalité, on donnait de l'argent pour l'Afrique, pour aider des Africains.
Là ou j'ai tiqué et il faut que je retourne au supermarché reprendre leur tract, c'est qu'il s'agissait de soigner "une femme qui avait des seins d'un mètre de long après avoir accouché".
J'ai eu l'impression d'avoir donné de l'argent à un marabout.
Sauf que "Amour, Gloire et Beauté", c'était pas pour moi !

Je ne comprends toujours pas le lien entre relogement et seins d'un mètre de long.
Ça doit être une question de place...