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Madame de a décidé qu'elle était ruinée, ce qui est faux, et qu'elle ne pouvait plus supporter le bruit qui règne dans son appartement (travaux dans son immeuble). Elle arrive chez votre servante presque tous les jours, partage notre repas et me pique mon ordinateur.

Je dois avouer que la compagnie de Madame de n'est pas désagréable, les jours de pluie, nous écoutons de la musique, nous discutons, l'après midi passe très vite, je l'accompagne au métro et je fais mes petites courses, elle me donne des conseils, je n'en tiens pas compte, même pour Balagan et ses caprices !

Les jours de soleil, comme hier, Madame de veut aller au Père Lachaise, c'est gratuit, plus question de visites dans un musée, sauf s'il est gratuit et Carnavalet me file des boutons !

Hier, nous partons donc au Père Lachaise, Madame de veut finir une pellicule, elle cherche une tombe aperçue un jour, tombe ornée de deux petits lapins, je me souviens d'avoir dit : "C'est une vengeance posthume, la veuve fait savoir aux visiteurs que son mari b...comme un lapin", pas moyen de retrouver les petits lapins, une main indélicate les a peut -être dérobés.

La promenade finit toujours par se gâter, j'ai envie de sortir, de m'installer dans un café et même luxe suprême de me payer un café, Madame de râle et traine les pieds, elle n'aime pas le café, le thè l'empêche de dormir, la tisane c'est trop dispendieux, c'est le moment où Madame de commence à me "gonfler grave".

Hier l'homme était avec nous, comme son client ne le paye pas, il fait grève "point d'argent, point de suisse", nous prenons nos cafés, Madame de, gourmande comme une vieille chatte, prend une patisserie; L'addition arrive, ceux qui nous connaissent savent que nous ne sommes pas rats mais chacun à le droit d'être mesquin, hier c'était un jour avec, Madame de royale paye son goûter, l'homme paye nos cafés, il est très en colère, il vient d'avoir son client au téléphone.

Nous sortons du café, l'homme annonce qu'il en a marre des additions à la Muriel Robin ! Je ne comprends pas, aujourd'hui Madame de ne vient pas...

Je suppose que tu sais déjà, camarade blogueuse, que lorsque tu achètes un collant, collant qui après lavage descendra tranquillement sur tes hanches,que ce collant vient de Chine.

Camarade blogueuse, il t'arrive de regarder la télévision, tu vois les usines de textile fermer les unes après les autres, délocalisation ça s'appelle, et toi, dans ton village, tu manifestes contre cette fermeture, l'usine faisait vivre ton village, ton élu local promet des trucs devant les caméras, et puis il oublie ses promesses et tu deviens rapidement une chômeuse en fin de droit.

Pendant ce temps là, en Chine, des jeunes filles arrivent en masse de leur village, pour fabriquer les jouets que tu auras bien du mal à acheter à tes enfants cette année. Lorsque mon enfant chéri a commencé à étudier le chinois en primaire, il a appris "La Chine est un grand pays", il n'a pas appris que ce grand pays avait des usines employant environ 200 000 ouvrières chacune, ça te fait rêver, camarade blogueuse, toi qui cherches du boulot depuis 2 ans et qui ne sait plus quoi faire de tes diplômes !

Ne rêve pas, cette nouvelle esclave gagne soixante euros par mois, lorsqu'elle a tout payé, il lui reste 10€ environ, qu'elle donne à sa famille.

Les grandes marques, je vais parler des sacs à main, ceux que tu vois au bras des peoples, ceux qui ont une liste d'attente, ceux que tu ne pourras jamais acheter, non pas un Prada, ni un Zadig et Voltaire, non je parle du sac d'une vie, celui que tu donneras à ta fille, et ben il est fabriqué en Chine, brusquement, camarade blogueuse, il te tente moins ce sac, tu te dis que rêver devant un truc fabriqué par une fille qui gagne 60€ par mois, ça vaut pas le coup.

Et pendant ce temps la, la petite chinoise ne s'enrichit pas, toi tu t'appauvris, merde où est passé tout cet argent, dans les poches de ceux, mégalomanes, qui s'offrent des Musées à Venise.

Et là brusquement, tu t'aperçois que tu crois au Père Noël, à ton âge, parce que malgré tout, tu crois que le prochain que tu vas élire va changer la donne, alors que elle ou lui n'ont aucune prise sur ça...

Nous sommes un pays riche mais la pauvreté est en constante augmentation, le seuil de pauvreté en France a été fixé à 657€ par mois, ça me fait rire jaune lorsque je vois le train de vie d'un homme politique, j'ai toujours envie de filer 650€ à notre Ministre del'Intérieur, celui qui passe au moins une fois par jour à la télé et de lui dire : "Allez mon bonhomme, débrouille toi avec ça".

Mais ce matin, ma "colère" se porte sur les publicitaires, au hasard, la nourriture pour chats, Balagan, qui a oublié depuis longtemps son statut de chatte des rues, est une bestiole capricieuse qui déteste la boîte qu'elle a adorée la veille.

Lorsque je fais ma corvée réassort, je me retrouve devant un rayon presque plus important que le rayon pour Bébé, et que je te propose de la truite sauce aux légumes, du veau sur lit d'épinards, du blanc de poulet en gelée, j'en passe et des plus aguicheuses !

Devant le rayon, je râle souvent et je me demande toujours si on me prend pour une c..., Balagan ne sait pas lire, elle se moque des méli-mélo de poissons et des sauces onctueuses, la cible c'est moi, et je rassure les grands groupes alimentaires, j'achète de la nourriture pour chat pas de la gastronomie.

J'ai la même impression pour les prochaines élections, et que je te promets la lune, et que je te débloque des crédits pour l'éducation, la jeunesse, les hôpitaux, les jeunes, les vieux et vous verrez à l'arrivée, celui ou celle qui obtiendra le rôle de sa vie, nous expliquera que les caisses sont vides, que nous devons nous serrer la ceinture pour faire de la France un grand pays compétitif.

Lili me parle souvent de partir à la campagne, je n'aime pas la campagne, les insectes, ceux qui rampent, ceux qui volent, ceux qui me piquent me font prendre la fuite.

Si j'avais des sous, mais des sous j'en ai pas, je ne ferais pas des affaires, je m'en moque, je partirais à Bahia, au Pérou, mais des sous, j'en ai pas.

J'irai volontiers à San Fransisco, voir une maison bleue accrochée à la colline.

New York me prendrait dans ses bras, j'ai envie de vacances romaines, j'irais à Naples mais je refuse de mourir.

Mettre des petits papiers de riz ou d'arménie au Kotel, me faire des fractures de la paupière en contemplant les petits soldats, allez dire bonjour à Bérangère.

Barcelone et ses ramblas, Lisbonne et son Tramway.

Et je retournerais à Venise, c'est pas triste du tout Venise, j'irais dans le Ghetto, même à l'Arsenal, sous le pont des soupirs, je me dirais que les prisons vénitiennes n'étaient pas hospitalières.

Mais pour l'instant, dans la semaine, je me contenterai de l'IMA, c'est déja mieux que rien...

C'est dimanche, Barbara passe sur France Inter, Balagan dort sur mon lit, pas encore fait pour ne pas déranger la bête, je sens que je vais partir à la recherche des CD, ceux qui n'ont pas été perdus, de la longue dame brune.

C'est dimanche, le téléphone ne sonnera pas, l'Ours ne téléphone jamais le WE, heureusement que nous fonctionnons à l'électricité, défense de mourir un WE, l'Ours ne s'en apercevrait que le lundi.

C'est Dimanche, l'homme et moi parlons du Louvre, de l'IMA, d'Orsay que sais je ? Nous aurons peut être la flemme et irons simplement faire un tour au Père Lachaise pour aller boire un café de l'autre côté du mur.

C'est Dimanche, l'homme joue aux cartes mais ça compte pas, il joue aux cartes chaque jour, il prétend que ça l'aide à réfléchir, il réfléchit beaucoup l'homme...

C'est dimanche, lorsque l'Ours était plus jeune, nous cherchions à château à visiter, une maison d'écrivain, nous cultivions l'Ours, qui avec un copain ou un copine nous suivait en trainant les pieds, c'est ça être fils unique.

Je me demande, lorsque l'enfant paraitra, si l'Ours pensera déjà à l'emmener au Luxembourg, le bateau qui chavirera, qu'il devra récupérer, Guignol qu'il devra applaudir, en regardant discrètement sa montre. Je me demande si le petit ou la petite Ourse ira au Jardin d'Acclimation que l'Ours, lucide, avait baptisé le Jardin d'Exploitation.

C'est Dimanche, un dimanche d'automne avec une lumière d'automne, vous croyiez que c'était pour ça que je me penchais sur mon passé ?