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12/11/2020

Premier amour.

premier amour,fondation,enfance

J'ai été une petite fille insouciante...
Enfin pas vraiment, j'étais fille encore unique quand ma mère est partie rejoindre un homme et me laissa en cadeau d'adieu à mon père.

J'ai passé beaucoup de temps chez mon arrière-grand'mère.
Je n'avais pas l'impression que ma mère me manquait, elle est partie lorsque j'avais quatre ans.

Un jour, elle est revenue avec ma soeur.
Mon père a accepté le lot et la vie a repris.
Ma mère ne me supportait pas.
J'ose espérer qu'elle avait des remords quoique...la connaissant...

Ma mère n'avait de cesse de se débarrasser de nous.
Un jour, elle nous a envoyées, ma soeur et moi, dans une fondation appelée "Aux fils des Tués".
Sauf que mon père était vivant mais pour ma mère ce n'était qu'un détail.

Nous y avons passé quelques mois dans le Puy de Dôme.
J'y ai trainé le Goût en pèlerinage.
Je crois que cette fondation existe toujours.

Nous n'étions pas nombreux, nous étions heureux et la ville ne me manquait pas, mes parents non plus.
J'avais ma soeur cadette et surtout Christian.
Christian était un garçon que je trouvais très beau.
Il avait les cheveux blonds du Prince Eric.
Eh oui, j'ai lui les "Prince Eric", je ne connaissais de l'auteur, je ne savais pas qu'il était "facho" ni même ce qu'était "un facho".

Christian partageait ses bonbons avec moi et je lui donnais mon chocolat.
L'amour est sérieux à cet âge, il apprend à partager.

Malheureusement Christian est parti avant moi.
Mon monde s'est écroulé.
Ne croyez pas qu'on ne sait pas aimer à huit ou neuf ans.

La preuve, je ne l'ai jamais oublié.

02/12/2019

Le cerf-volant...

promenade dans les prés.jpg

En regardant cette toile d’Harold Harvey je m’interroge.
À quoi peuvent bien penser ces trois enfants ?
J’ai bien une idée, mais vous ?
Je vous dirai lundi ce qu’ils ont d’après moi à l’esprit…

Je l'ai regardée cette toile.
Je l'ai regardée et j'ai d'abord pensé à une histoire "façon Comtesse de Ségur".


Madeleine et ses deux cousins qui jouent.
Madeleine qui ne veut pas prêter son cerf volant.
Les deux garçons vont faire fondre la tête de la poupée au soleil.
Et c'est parti !
Les deux garçons seront fouettés et tout finira par une prière...

Pfff... Que c'est lénifiant comme histoire.
Édifiant comme il se doit.

Puis, j'ai pensé à "Sa majesté des mouches".
Ça finit mal cette histoire.
Tous ces enfants livrés à eux-mêmes qui, après un drame, finissent par recréer l'autorité. 
Et quelle autorité !

Que choisir ?

Rien de particulier, se laisser porter par ce tableau.
Trois enfants.
Une petite fille qui ne veut pas lâcher son cerf volant.
Deux garçons qui mijotent de le lui arracher.
C'est bucolique mais dans un instant, tout va basculer.

Le garçon va se lever, attraper l'objet convoité, se mettre à courir, son ami va le suivre, la petite fille déséquilibrée va dévaler la pente et se blesser au genou.

A la vue du sang, les garçons vont accourir, supplier la petite fille de se taire, lui faire un bandage sommaire et ils vont jouer tous les trois.

La toile redevient charmante.
On est passé à côté du pire.
Elle aurait pu se tuer en tombant mal sur une pierre.

13/11/2019

Enfance.

Si j'ai accepté de vivre dans le XVIIIème arrondissement de Paris, c'est avant tout qu'il est proche du XVIIème et que quelques jours auparavant un appartement rue Cardinet nous était passé sous le nez...

Je peux parler sans crainte de la rue Cardinet car elle est longue.
Elle commence Avenue de Wagram et va jusqu'à l'avenue de Clichy.

Ce coin est peuplé de fantômes familiaux.
Fantômes devenus bienveillants avec le temps.
Je ne passe que rarement dans ma rue, quasiment jamais...

Je traîne de temps en temps le Goût rue Poncelet.
Nous y faisons parfois nos courses.
Par exemple, vendredi nous avons acheté des coquilles Saint Jacques venues tout droit de Bretagne.
Il est gentil le Goût, il ne me dit que rarement que je radote.
Je lui parle de mon arrière grand'mère, mon gentil fantôme.
Je lui parle des "Magasins Réunis", devenus la FNAC.
Je le traîne chez "POU", c'est le seul traiteur plus vieux que moi.

Le Goût me suit rue de Lévis où il ne reste que la librairie l'Astrée.
Cette librairie où enfant je ne mettais jamais les pieds.
J'allais chercher les "Signes de piste" chez un libraire d'occasion qui a fermé depuis quelques années.
Je lisais les aventures de "Prince Eric", ce garçon blond et surtout aryen.
Je ne savais pas encore que l'auteur du "Prince Eric" était d'extrême-droite...

Finalement, je ne lui parle que très rarement du Boulevard Pereire que je suivais longuement le soir en espérant atteindre la mer, les soirs où je voulais échapper à ma famille.

Famille, je vous hais.
Ou je vous aime.
Je ne sais trop, la différence est mince...

famille, quartier parisien, enfance

19/08/2019

En sortant de l'école.

jenedoispasecriresurlemetro.jpg

Suis-je une enfant sage ?
Oui sans doute...
Comme je peux être une adulte sage lorsque je suis plongée dans un bouquin comme en ce moment.
Je lis "La fille de la supérette" de Saryaka Murata, une Japonaise.
C'est elle la fille de la supérette, celle qui n'est pas adaptée à la culture de son pays.

Étais-je une enfant adaptée ?
Je ne sais pas mais je me souviens de ce jour de printemps, j'avais alors six ans et j'arrivais avec une copine de ma rue devant mon école.

Le temps était printanier, la circulation nulle, les oiseaux chantaient et le square des Batignolles n'était pas trop loin...
Alors nous ne sommes pas rentrées dans l'école, nous avons continué notre route.

Au début c'était bien.
Nous avions la colline aux billes pour nous toutes seules mais pas de billes et ça manquait d'enfants.
Des femmes poussant un landau nous regardaient bizarrement.

Alors, nous sommes reparties...
Nous avons marché dans la rue et je commençais à avoir une drôle de sensation au creux de l'estomac.
Finalement, j'avais envie de retrouver l'école.
Nous sommes arrivées à la récréation et notre arrivée a été saluée comme il se doit par un passage chez la directrice, à lui raconter une histoire invraisemblable inventée sous le coup de l'émotion par une Heure-Bleue qui ne manquait pas d'imagination.

Tout ça suivi par un retour triomphal chez nos parents, tenues par une aile par l'assistante sociale...

La suite, vous pouvez l'imaginer...
Je ne connaissais pas encore "l'école buissonnière" mais encore aujourd'hui, je pense à elle avec tendresse.

07/09/2018

Hier encore.

J'y vais depuis toujours et j'y suis encore allée hier.
J'ai passé mon enfance dans ce quartier.
L'Ours a habité à deux pas du Monoprix...

Je n'ai pas les mêmes souvenirs d'enfance que le Goût.
Il est fils d'un "pied-noir" et d'une Berrichonne.
Mon père n'était pas "pied-noir" et ma mère une Parisienne.

Dans mon coin de Paris, il reste une charcuterie qui s'appelle encore "Le faisan doré" et un tabac "Le Brazza".
La boulangerie est devenue un Franprix et le grand centre de la Sécurité Sociale a fermé, comme quasiment partout.

Je ne sais pas si mes parents avaient des fins de mois difficiles.
J'avais deux grand'mères dans le coin ce qui rendait impossible la moindre bêtise.
Ma mère l'aurait su avant même mon retour.
J'avais une tante, que je n'aimais pas et qui ne m'aimait pas plus.
C'était le temps où les quartiers de Paris accueillaient encore des tribus familiales.

J'avais une mère volage et un père silencieux.
Une petite sœur souvent malade et des copines de quartier.
Les écoles n'étaient pas mixtes, je n'avais pas de frère et les garçons étaient en minorité dans ma rue.

J'étais déjà une lectrice compulsive et je me rappelle avoir dit en refermant "Le Journal d'Anne Frank" : "Anne Frank, c'est moi...

Mon enfance n'était pas gaie, elle n'était pas triste non plus.
J'ai quitté le domicile familial quand j'ai eu dix huit ans alors que la majorité était à vingt un ans.

Paris 17ème, enfance