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15/01/2020

Nous avons essayé d'aller chez le médecin.

Nous avons beau vieillir, nous gardons une belle innocence !
Nous surveillions avec attention les prévisions de la RATP.
Leur site est aussi fiable qu'une promesse électorale...
Chaque jour la télé nous "informe", chaque jour, on nous annonce des améliorations que nous ne constatons jamais.

Lundi, le site de la RATP nous a dit que nous pouvions prendre un bus.
Celui qui nous amène où on veut mais qui n'a jamais roulé depuis le début de la grève.
Lundi miracle ! On pouvait espérer un bus sur deux.
Nous sommes donc partis joyeux à Saint Lazare prendre ce bus miraculeux.
J'allais enfin bénéficier du renouvellement de mon ordonnance.

Le temps d'arriver à Saint Lazare, notre bus était passé de un sur deux à zéro sur pas beaucoup.
Plutôt que de taper du pied, nous avons choisi de profiter d'une journée agréable, nuageuse et douce.

Nous sommes revenus avec une galette au chocolat de l'Équateur qui, pour le moral, valait plus qu'une consultation médicale.

C'est aussi ce genre de petite surprise, la grève.

Grève, bus, galette

13/01/2020

D'après une histoire vraie

devoir de lakevio du gout_22.jpg

Je sais bien pourquoi je suis là, au bord de cette route et ce qui m’y a amené mais vous ?
Qu’est-ce qui a fait que vous y êtes ?
Dites-le, avec ou sans fleurs mais dites-le…
À lundi, lectrices chéries et lecteurs que j’aime aussi mais c’est pas pareil…

Ce jour là, il faisait beau sur cette route que je ne connaissais pas.
Je marchais confiante, tenant la main d'un jeune homme et j'étais loin de me douter que ce garçon deviendrait le père de l'Ours.

J'allais rendre visite à son père car les parents de ce garçon vivaient séparés enfin pas vraiment, disons qu'ils vivaient "à part"...
Son père était souvent dans cette petite maison pendant que la mère vivait à Paris.

Je n'étais déjà pas très campagne.
J'avais peur des guêpes, je n'aimais les trucs qui rampent et cette maison avait tout pour attirer les hôtes indésirables et piquants.
L'herbe, oui le mot pelouse n'était pas de mise, était haute, une seule rose superbe me regardait, et un homme se tenait sur le perron, il souriait, le jeune homme qui me tenait la main lui ressemblait.

L'accueil fut chaleureux et n'avait rien à voir avec celui que la mère du jeune homme m'avait réservé à Paris...

Nous sommes revenus souvent dans cette petite maison sans barrière et sans chauffage.
C'était juste une maison d'été, nous avons dormi à trois avec l'Ours un week-end de printemps, nous nous sommes lavés devant la cheminée.
J'ai beaucoup aimé cette petite maison perdue, la dernière d'un village qui mourait bien avant les autres.

J'ai surtout aimé cette maison lorsque la mère du garçon, que vous avez sans doute reconnu, n'était pas là...

12/01/2020

Paris meurt-il ?

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Paris a perdu douze mille habitants en 2018 soit près de trois habitants toutes les deux heures.
Pourtant 17% des appartements sont vides, ni loués, ni vendus, ni rien...

Un part importante du parc immobilier est louée par des touristes pour une courte période et rien que dans mon coin, on parle chinois, allemand, italien dès que le soleil se montre.

Le prix de l'immobilier est décourageant et souvent lors de l'arrivée du deuxième enfant, plutôt que Paris ne gagne un habitant, il en perd quatre.
Alors, comme dans les petits villages, les écoles perdent des classes car le Parisien part en banlieue où les prix grimpent aussi ou bien en province.

Dans mon coin, les enfants sont peu nombreux.
Les jeunes couples et les retraités sont les plus représentés, 

Paris est la ville la plus chère de France, la fréquentation des touristes permet la création de traiteurs "branchés" qui vendent la part de gratin dauphinois au prix de l'or.
Pourquoi le gratin dauphinois ?
Ça a dû germer dans l'esprit d'un touriste qui a trouvé ce plat "si typiquement parisien".

Même mon boulanger parle anglais et vend des plats préparés.

Parfois, je me sens étrangère dans ma propre ville.
Lorsque j'étais gamine, Paris était la ville de tout le monde, les gens travaillaient à la Sécu, dans des banques, étaient commerçants, dans les nombreuses petites entreprises.
La ville, on y vivait, on y travaillait...

Aujourd'hui, en ces périodes de grève où le touriste attend une embellie, le soir les lumières de ma rue sont rares.
Depuis que je suis levée pas une seule voiture n'est passée, ce n'est pas l'absence de bruit qui me gêne, c'est l'absence de vie.
Je regrette simplement que les investisseurs et les agents immobiliers soient devenus les rois du monde.

08/01/2020

Voyage en terre inconnue.

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Lundi, le Goût avait rendez-vous, comme tous les deux ans, à l'hôpital de la Croix Saint Simon.

À Paris, ces temps-ci les transports sont rares...
Les chauffeurs de taxis sont donc redevenus arrogants.
Ça va leur faire drôle lorsque la grève sera finie même si pour l'instant les prévisions de transports en commun restent toujours fausses et optimistes.

Alors, nous avons pris le tram.
Nous avons réussi à monter.
Poussés par les uns.
Tirés par les autres.
Assis par miracle...
Nous avons pu nous asseoir surtout parce que de jeunes hommes se sont levés.
Nous avons alors vu défiler les portes de Paris.

J'ai souvent eu l'impression que la Cour des Miracles avait fait des petits aux portes de Paris.
Des zones sans commerce, des immeubles à perte de vue et rien d'autre.
Les stations de tramway ont des noms qui frappent : Rosa Parks, tout un symbole.
Il y a aussi "Delphine Seyrig", là j'avoue que je n'ai pas compris car elle habitait Place des Vosges.

Nous avons mis un peu plus de deux heures pour arriver à destination.
Une sensation de colère qui ne nous a pas quitté tout le trajet.
Les gouvernements successifs ont tous fait semblant de s'étonner de la colère qui gronde, de la police en arrêt maladie, des trafics, de la misère de tous ces reclus et se sont contentés de faire construire des monstres de béton et donner des leçons de morale et de civisme.
Un jeune black bayait aux corneilles, attendant de descendre pour allumer une pétard d'une taille impressionnante qui n'était pas le premier vue la vacuité de son regard et la niaiserie de son sourire permanent.
Quand j'ai vu la station où il descendait, je me suis demandé si, à
sa place, je n'aurais pas fait la même chose...

06/01/2020

Devoir de Lakevio du Goût N°21

devoir de lakevio du gout_21.jpg

Combien de temps vais-je pouvoir tenir…
Déjà deux mois se sont écoulés.
Tous les jours je pars, je viens m’asseoir là, sur ce banc et j’attends en lisant le journal.
C’est l’été, c’est supportable mais si ça dure, si je ne trouve pas d’ici un mois ou deux, ça va mal se passer.
Je pars au travail, enfin, je prends ma mallette, j’achète le journal en passant et je monte la rue jusqu’au jardin et je m’assois sur ce banc.
Il est parfait.
Il y passe peu de monde, à peine six ou huit personnes dans la journée, toujours les mêmes.
Le midi je fais semblant de rien, je ramasse mon journal qui doit durer jusqu’au soir, je vais jusqu’au café en face du jardin et je mange un sandwich.
Tous les jours je dois trouver quelque chose à raconter à ma femme et mon fils sur ma journée de travail.
Je n’ai pas osé leur dire mais ça va finir par se voir.
Tant qu’il reste un peu de l’argent de mon indemnité de licenciement, ça va.
D’abord plus de restaurants, plus de sorties, plus de cadeaux.
Pire, dans deux semaines, ce sont les vacances.
D’accord, c’est mieux, pas de journée à inventer mais après ?
Bon, quel idiot j’ai été !
Je fais semblant d’aller travailler tous les matins.
J’aurais dû savoir que ça n’aurait qu’un temps.
- Mais qu’est-ce que tu fais là mon chéri ?
- Euh…
- Je sais… C’est la boulangère qui me l’a dit…
- Mais…
- Sa vendeuse, celle de l’après-midi, elle passe là tous les jours vers deux heures…