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Pour la première fois de ma vie, je vais aller voter sans savoir (encore) pour qui.

Je vais voter pour le candidat le mieux placé pour battre Nicolas Sarkozy, l'homme qui prétend que le suicide est inscrit dans les gènes, l'homme énervé qui n'ose pas mettre les pieds dans les banlieues "sensibles".

J'ai trouvé cette campagne ignoble, volant au raz des pâquerettes, attaquer Ségolène Royal parce que c'est une femme, vouloir la renvoyer élever ses enfants, comme si une femme n'avait pas d'ambition, ne pouvait pas être aussi arriviste qu'un homme. J'aurais trouvé normal qu'on l'attaque sur son absence de programme, sur ses promesses tournantes au gré des attentes des français !

Pour la première fois, dans un magasin parisien, un homme que je ne connais pas, a clamé qu'il allait voter Le Pen, il peut aussi bien voter Sarkozy, ils pataugent dans le même marécage.

Je commence à être saturée d'entendre tous les candidats parler de "L'Identité Française" avec des majuscules partout, c'est quoi l'identité française, l'homme dont le père est né en Algérie, moi, ma grand mère est Belge et pire encore moitié flamande, moitié wallonne, mon nom est Alsacien, en fait il est d'origine autrichienne, l'Autriche de Zweig, Freud, pas celle d'Hitler.

Ce qui fait la richesse d'un être humain, c'est sa complexité, ses mélanges, ses racines qui partent dans tous les sens.

La Merveille a le droit de vivre dans un monde meilleur et pas dans le meilleur des mondes.

J'ai le coeur au bord des lèvres, ça va pas être facile de glisser un bulletin dans l'urne.

Que reste-il de nos amours ? J'ai gardé le même.

Que reste-il de mes déménagements ? Quelques objets, si peu... Une lampe en pâte de verre, achetée par l'homme lorsqu'il était encore lycéen, un masque vénitien cassé, une lampe achetée à Yafo, des gravures autrichiennes achetées chez Polak sur Sderot King George, des télégrammes de félicitations qui viennent de Bruxelles, une peinture sur bois représentant un religieux qui étudie la Torah.

Un ordinateur belge, qui arrive de Chine, une table suédoise achetée à Tel Aviv (je me demande d'où elle vient), un coffre en acajou acheté Chaussée de Waterloo, enfin, je le crois, il vient certainement du Vietnam, un miroir ovale appartenant à l'arrière-grand'mère de l'homme.

Objets inanimés avez-vous donc une âme ?

Ils sont surtout la trace du temps qui passe...

Hier, Madame de. avait décidé de s'inviter chez nous. Elle est arrivée les mains vides, enfin j'exagère, elle est arrivée lourdement chargée d'un sac contenant ses plantes, elle espère, sans doute, une remise du déménageur ?

Elle a commencé à distribuer ses ordres : "L'homme tu m'aideras à..." "Tu viendras avec moi chez Bouchara", non je n'irai pas chez Bouchera, ça me gonfle.

Elle nous a traîné dans son nouvel appartement, a redemandé à l'homme de l'aide, ne lui a pas demandé, s'il se sentait bien, si son insuffisance rénale n'était pas un handicap, non rien de tout ça.

Elle n'a pas demandé des nouvelles de la Merveille, j'ai eu droit à un lapidaire : "C'est un bébé...", à : " Ton fils t'appelle chaque jour ?!!".

Jusqu'à 19 heures, nous avons eu droit à "je ferai si, je ferai ça", j'attends encore et "Vous ça va ?"

Elle a pensé à demander : "Le Café Noir, c'est bien ?" Lorsque nous lui avons répondu que c'était très bien, elle a conclu qu'elle irait avec un ami, l'homme et moi sommes restés muets.

Elle tient beaucoup à sa particule.
Manifestement elle tient moins à l'éducation qui va avec.

Hier la Merveille nous a rendu visite pour la première fois, joie des grands parents, accueil mitigé de Balagan.

J'ai ouvert la porte, Balagan a miaulé et elle s'est sauvée, sous notre lit, elle ne fait jamais ça, Balagan garde une part dans son coeur à toute personne qu'elle a rencontrée à Tel Aviv, elle squatte les genoux de la mère de JJF et participe à tout, on ne sait jamais, un morceau de n'importe quoi de comestible est vite tombé.

Pourtant l'Ours, JJF et sa mère ont caressé, patouillé, admiré la chatte de la maison. Rien à faire, Balagan faisait la tête.

La Merveille a pris son biberon, est passée de bras en bras, les yeux bien ouverts, faisant des sourires dès qu'elle entendait la voix de sa mère, mais il a bien fallu la coucher.
JJF et sa mère chantaient doucement pour endormir la Merveille qui commençait à fermer les yeux, Balagan est arrivée, miaulante, la Merveille a ouvert les yeux, la phase d'endormissement était terminée. La Merveille est repassée de bras en bras et même Balagan s'en est mêlée, elle a caressé la Merveille avec sa tête.

J'avais la Merveille dans les bras, le dernier épisode de la saison 2 des Desperates Housewives en fond sonore, et Balagan sur les genoux.

Il faut savoir que Balagan ne vient jamais sur mes genoux, elle s'installe à côté de moi.
La Merveille ne connaît pas encore la jalousie, la bestiole qui nous a choisis, elle, connaît la jalousie...

Pour une fois, je ne peux être qu'être d'accord avec le Goût, c'est la plus belle !

Hier, nous avons emmené la Merveille au Parc Monceau, un retour aux sources, j'ai fait de la balançoire et du manège dans ce parc parisien.

J'étais persuadée que le parc allait nous appartenir, que tous les bobos du quartier étaient dans les embouteillages pour aller squatter les maisons de famille, grossière erreur, dans ce quartier où on loue un parking le prix d'un studio, les bobos sont fauchés ! Ils étaient plus nombreux que dans notre quartier "populaire", j'ai quand même croisé quelques petites filles qui semblaient sortir d'un roman de la Comtesse de Ségur mais les temps ont bien changé ma petite dame, plus de nurse poussant des landau anglais, ça a du disparaitre dans les années 60.

Lorsque j'étais enfant, je préférais le Jardin des Batignolles, la mère de JJF est d'accord avec moi, elle est née dans ce quartier au Jardin des Batignolles, on avait la colline aux billes, et je défie quiconque de dire qu'il ne s'est pas servi dans le porte-monnaie de sa mère pour acheter quelques calots...

J'aimerais beaucoup vous mettre la photo de la Merveille, toute de rose vif vêtue, mais je respecte l'interdiction des parents, vous devrez me croire sur parole, ses joues sont bien rondes, ses yeux bien ouverts et les biberons se vident avec régularité.

Je vous interdit de dire que je suis gâteuse, je suis une grand'mère objective.