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Cette année, elle n'est même pas finie, n'est pas un grand cru. J'éviterais même d'en souhaiter une aussi désagréable à mon meilleur ennemi.

Hier, lorsque nous faisions les courses avec Milky, que je restais dubitative devant le rayon animaux, je tiens d'ailleurs à préciser que Balagan n'est pas grasse, elle est épanouie ! J'allais chercher ma baguette chez le seul bon boulanger de la rue, j'ai croisé mon donneur de leçon et il m'a reconnue !!!

L'homme est venu me récupérer chez Milky, les yeux pétillants, on ne va pas passer notre vie à geindre, pourtant des évènements dignes d'un mauvais roman policier, vont peut être compromettre sa fin de carrière.

Noël s'annonce difficile à gérer, nous ne sommes pas nombreux, l'Ours est fils unique, sa moitié est fille unique, en principe, nous fêtons Noël chez eux, l'homme est patient, il n'en fait qu'à sa tête mais avec diplomatie, enfin en vieillissant, il devient plus "brut de décoffrage".

Cette année, nous ne savons rien, l'Ours est évasif, un jour chez eux, un jour chez nous, je ne sais pas quoi acheter, je me demande si je ne vais pas me retrouver dans les magasins au dernier moment.

Hier soir, l'homme a mis les pieds dans le plat, pour une fois, je suis innocente, je n'ai qu'un fils, je n'ai pratiquement plus de famille, je n'ai pas envie de me retrouver le 24 décembre en tête à tête avec l'homme même si je n'ai pas le temps de m'ennuyer avec lui, nous pagayons plus souvent en pleine tempête que sur une mer d'huile.

C'est pas étonnant que je n'arrive pas à croire que Noël va arriver très vite !

Hier matin, Madame de..téléphone pour me demander si je peux venir avec elle acheter un cadeau d'anniversaire à son petit fils, qui n'a vraiment pas de chance, naitre avant Noël, c'est une grande injustice surtout que ce charmant bambin devait naitre le jour de Noël.

Elle m'annonce que la boutique en question, une boutique de monstres japonais, se trouve à la place Voltaire, il fait beau, nous décidons de marcher, heureusement, la boutique en question se trouve à 5 mn de la Nation, pas du tout place Voltaire.

Embouteillage sur le trottoir, un homme corpulent, nous empêche de passer, il est en train de faire la morale à une brave dame accompagnée d'un enfant, la malheureuse n'ose pas broncher. Ma patience est limitée, je demande donc au quidam de se pousser, il n'est pas nécessaire de boucher un trottoir pour donner des cours de civilisation à plus faible que lui, furieux l'homme se tourne vers moi et commence à me les briser menu !

J'arrête les frais d'un péremptoire : "Vous m'emmerdez Monsieur !", Madame de rit dans son coin et le passant imbibé, je viens juste de le remarquer, me demande mes papiers et veut que je le suive au poste de police pour agression verbale, sa requête me laisse de glace, Madame de prétend que je n'ai rien dit, j'insiste, si, si, j'ai dit "Vous m'emmerdez Monsieur et vous poussez le bouchon un peu loin".

Nous partons, suivies par notre sirop cognac qui croit avoir trouvé des proies faciles, J..râle, je pleure de rire, nous traversons, il nous suit, nous finissons dans une librairie très "gauche caviar".

Madame se gausse "Je ne savais pas que tu pouvais marcher aussi vite".

C'est ça Paris, des malotrus qui donnent des leçons de politesse à des parisiennes qui doivent courir les boutiques pour trouver un cadeau d'anniversaire !

Il faut bien l'avouer, j'ai perdu l'habitude d'être seule, le bibelot, depuis son opération, passait souvent ses journées avec moi, il partait quelques jours au pays des cigogne, j'appréciais ma solitude et hop là, il était de retour, plus d'annonce : "Je pars 3 jours" et finalement, j'y passe un mois, j'avais le bibelot tout à moi.

Le bibelot est frileux mais cette année, il n'avait pas d'excuse pour refuser les promenades, les musées, le Père Lachaise, cher au coeur de Madame de.. et les pauses dans les cafés, j'avais pris goût à la cuisine de l'homme, bon l'apprentissage n'était pas terminé, il n'était pas encore capable de se servir de la machine à laver ni du fer à repasser mais j'avais bon espoir.

Nous avions simplement oublié une chose, on ne vit pas de l'air du temps même si l'ablation d'un rein, le mot et la chose n'ont rien de particulièrement réjouissant, fait que le travail devient secondaire, on doit travailler pour vivre et ne pas vivre pour travailler.

Le bibelot aurait bien continué à travailler à son rythme, un soupçon de nonchalance, un coup de cravache pour terminer à temps, des bagarres pour se faire payer et de nombreuses parties de cartes, manque de bol, le bibelot doit retourner au turbin, au boulot, se faire suer, gagner sa croûte à la sueur de son front, faire acte de présence.

Ce matin, le réveil a sonné et l'homme est parti, il ne rentrera que ce soir, Balagan et moi errons comme des âmes en peine.

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.

Hier, je suis allée chez mon médecin pour mon ordonnance habituelle, l'asthme n'est pas seulement une maladie désagréable, c'est aussi une maladie onéreuse. J'ai discuté avec mon médecin qui de référent est redevenu traitant, et on parle du gouffre de la Sécu, il faut dire que de réforme en réforme, c'est surtout nos grands penseurs qui creusent le trou avec leurs dents qui rayent le parquet.

A ma grande surprise, les rues du Marais étaient aussi peu décorées que celles de mon quartier, les magasins n'avaient pas sorti leurs guirlandes, seul le Monoprix du coin avait un air de fête.

Polémique pour rien, le 24 Décembre tombe un dimanche, c'est pas la première fois, je ne sais plus qui a interdit aux commerçants d'ouvrir ce jour là, le 24 décembre tombe régulièrement un dimanche.
Comme libraire, j'ai travaillé ce jour là, même pas forcée en plus.
L'usine de maillots de bains qui ferme ses portes, ça la dérange pas de mettre ses salariés au chômage avant les fêtes, drôle de société où plutôt, société pas drôle.

Je suis invitée chez ma voisine, avec Madame de, l'homme, lui, n'est pas là, ma voisine et ses 80 ans à rallonge nous aura fait une tarte superbe où même la pâte sera maison.

J'ai regardé les images dans "Elle", les cinquante femmes les plus élègantes, bof, bof, j'ai pas regardé le reste, suis toujours plongée dans mon polar glauque.

En dehors de ça, j'ai toujours pas d'idée pour Noël. Bon, très souvent, je fais tout au dernier moment, je crois que je deviens indifférente aux fêtes, vivement que le bébé naisse, un enfant c'est une vraie motivation.

Fait mes carreaux de salle de bains malgré la pluie, regardé "La chambre des officiers" en repassant, très bon film sur les gueules cassées, film acheté depuis longtemps et jamais regardé.

Regardé "FBI portés disparus" à la télé, juste avant reçu un appel téléphonique de Madame de, pour me parler de la petite bouche en cul de poule de La Paglia, la hyène, elle sait qu'après ça, je ne regarde plus l'épisode et que je n'arrête pas de dire à l'homme : "Elle a raison, J... sa bouche est vraiment moche".

Lu un tiers du bouquin de Kellerman "Le Club des conspirateurs", interdire à l'homme de le lire, ça parle de cancer toutes les deux pages.

Eu envie de tuer Balagan qui a miaulé devant son assiette pleine, a mordillé mes jambes pour obtenir le changement de garniture pas à son goût.

Vérifié que je devais absolument aller chez le médecin aujourd'hui, me reste à peine deux doses pour traiter mon asthme.

Ronchonné devant le blog muet de Mab, lui demande d'écrire sur celui de Maky, puisque ce dernier laisse le sien en friche.

Regardé par la fenêtre et constaté que la pluie était toujours au RV, je déteste la pluie, sauf la nuit, à force de reculer pour mieux sauter, je suis obligée de sortir.

Constaté que ce matin, je n'avais pas envie de me battre contre les moulins, que finalement ma vie était faite de petits riens.

Reçu un coup de téléphone de l'Ours, n'a pas d'idée pour Noël, proposé nos services, ils n'auront rien à faire, et me rendre compte que nous étions au mois de Décembre et que je n'ai pas d'idée, non plus !

Voila, c'est tout