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Je n'ai pas trois filles, je suis mère d'un fils unique, c'est difficile à porter d'être enfant unique, un enfant unique subit les bonnes intentions de ses parents, on veut le meilleur pour lui et comme tout le monde, on se plante.

Un fils unique doit, en plus, couper le cordon avec sa mère, pour pouvoir aimer ailleurs, mon fils n'a pas coupé le cordon, il l'a tranché !

L'homme et moi, nous nous sommes aperçus que nous passions plus de temps avec Milky qu'avec l'Ours et JJF, nous sommes fatalistes, avons nous le choix ?

Hier soir, l'homme appelle son fils, je me demande à quoi servent les portables, les leurs sont souvent fermés et son téléphone par internet fonctionne par intermittence, il vit dans un arrondissement parisien champion pour les pannes, le père réussit à avoir son fils et lui propose de venir déjeuner aujourd'hui, l'homme se fait envoyer dans le mur, l'Ours est fatigué, JJF aussi !

Comme en ce moment j'écoute des chansons Yiddish, je vous livre la traduction du dernier couplet

Alors, jouez, l'orchestre ! Arrachez nous des larmes ! Le dernier petit lit, aujourd'hui, restera vide...
Toute la chambre, sa penderie...
Hélas... Quel vide...quelle peur.

Si nous mourions brusquement, je me demande parfois. Au bout de combien de jours serions nous découverts ?

Journal mondiale de la lutte contre le Sida, tu parles, même nos chaînes publiques, toutes au service du Petit Nicolas, ne prennent même plus la peine de consacrer une soirée à cette épidémie, elles préfèrent nous vendre le Ben Hur de Robert Hossein, en même temps, faut bien sauver les espèces menacées, c'est peut être son dernier spectacle.

Le Téléthon, c'est propre, ça parle pas de sexe, on peut se sentir concerné et c'est plus émouvant à regarder, enfin, je crois, ça fait des années que je n'ai pas regardé, mais je suppose que les pompiers lancent toujours des défis, que la télé continue à nous sortir des vieilles gloires du placard.

Le Sida c'est sale, du sperme et du sang, des drogués, des homos comme ils disent et des Africains, un continent entier qui crève sous l'oeil indifférent des passants qui passent, le pékin moyen ne se sent pas concerné, le Sida c'est comme le cancer, c'est pour le voisin.

Je me souviens dans ma banlieue ouest, bien pensante, une école catholique très fréquentée par la jeunesse du coin avait eu l'intelligence de mettre un distributeur de préservatifs à l'entrée. Tollé des parents, leurs enfants n'ont pas de pulsions, leurs enfants se gardent purs pour le mariage, la bêtise humaine n'a pas de limite.

La contamination de cette cochonnerie de virus touche tout le monde , ce n'est plus depuis longtemps "une maladie gay", étiquette simpliste qui permettait à l'hétéro de base de se croire à l'abri !

Quelle mère normalement constituée n'a pas fait la guerre à ses adolescents pour qu'ils utilisent des préservatifs et qu'ils fassent le test règulièrement ?

J'ai des copains qui ont le Sida, vous pouvez les embrasser, vous pouvez même boire dans leur verre, ils ne sont pas les "nouveaux pestiférés", ils sont comme vous, juste un truc, eux savent que la faucheuse n'épargne personne.

Je ne sais pas si vous l'avez remarqué, ce n'est pas le travail qui manque, c'est le salaire !

Dernièrement, une PME a annoncé à son personnel qu'elle supprimait les 35 heures ( sans modification de salaire) , les RTT, le 13ème mois, lorsque le personnel a demande : "En échange de quoi ?" il fut répondu : "En échange de ne pas être viré ! "

Hier dans ma journée, j'ai eu mon Ours au téléphone, il supporte de plus en plus mal, les remises autoritaires pratiquées par ses clients, il présente une facture de 1 300€, il reçoit 1 000€, vous trouvez ça normal ?
Non.
Lui non plus.

Un de ses meilleurs copains se retrouve avec un ulcère de l'estomac à force de galérer, heureusement que son père est médecin sinon le corps médical, qui a pourtant prêté serment, refuserait peut être de le soigner, notre belle société libérale vient de se rendre compte que les moins argentés étaient aussi les plus mal soignés, La Palisse bouge encore ! Il y a des cadavres qu'il faut tuer sans cesse.

L'homme, comme son fils, présente des factures, il les présente lorsque il a terminé une étude, y a un proverbe qui dit : "Toute peine mérite salaire", ça doit pas fonctionner pour les indépendants ! L'homme doit se battre comme un chiffonnier pour obtenir son dû.

Après son cancer, un de ses clients, délicat lui a dit : "Vous comprenez si vous retournez à l'hôpital ou pire.."

Depuis, je m'interroge sur ce "pire" ?

J'ai regardé, pas longtemps, il passe tous les jours à la télé, le petit Nicolas. J'ai peur . Vous l'imaginez à la tête de l'Etat ? Il a parlé de sécurité, le drapeau qu'on agite pour faire peur à la foule, il a parlé de la jeune africaine brûlée dans un bus, c'est bien la première fois qu'il se sent proche d'une minorité.

Ce matin, j'en arrive à regretter l'époque où on pouvait les promener dans les rues de Paris, la tête au bout d'une pique...