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J'ai pas le moral malgré le soleil qui persiste, j'ai pas le moral et je ne sais pas trop pourquoi.

Trop de pression depuis deux ans ? Trop de tracasseries avec l'administration ? Trop d'emmerdes tout simplement.

Ca faisait bien longtemps que je ne m'étais pas levée avec la gorge serrée dès le matin...

Derrière le Mahj, ya un jardin, des haricots qui grimpent, quelques tomates, un gros chat gris qui passe, des Parisiens qui jouent les jardiniers.

A l'intérieur du Mahj, ya une très belle exposition, des peintures flamandes en particulier, Goering était un nazi amateur de peintures flamandes. Voler des tableaux de maitre aux Juifs, ce n'est pas voler, c'est récupérer. Vider les musées de France et d'ailleurs, pendant la guerre, c'est considéré comme prise de guerre !

Cinquante trois tableaux sont exposés, vous me direz c'est peu, mais c'est la qualité qui prime... Cézanne, Chardin, Delacroix, Ingres, Matisse, Monet, Seurat rien que du bonheur.

Et la promenade qui a suivi dans un Paris déserté par les Parisiens, s'installer à l'ombre, à la terrasse d'un café dans une impasse et ne plus entendre parler français, ça a le goût des vacances, celles que je préfère, celle ou je redécouvre ma ville sans ses habitants.

Je n'aime pas les parades militaires, je n'aime pas les avions de guerre qui passent au dessus de ma tête.

Je n'aime pas que certains de mes amis aient eu des parents apatrides.

Je n'aime pas n'avoir pas connu mon grand oncle tué par la barbarie nazie.

Je n'aime pas ce que mon père est devenu après avoir passé trop de temps enfermé dans un camp en Pologne.

Je n'aime pas les mascarades qui font d'un 14 Juillet une opérette à gogos.

En revanche, j'aime Boris Vian et sa java des Bombes atomiques.

Demain sur la tribune présidentielle, on pourra admirer une belle brochette de Présidents qui ont une idée assez vague des droits de l'homme, de la démocratie et du respect des résultats électoraux.

Nous, nous avons un Président qui détruit les acquis obtenus, parfois par la force, par nos parents et grands parents.

Pour pouvoir encore me regarder dans la glace, je refuse de voir cette mascarade, même à la télé.

Hier soir, à peine couchée je me suis endormie sur mon roman policier, deux heures après, j'étais réveillée et je n'avais plus sommeil, j'ai rallumé ma lampe, j'ai fini mon livre.

Je me suis levée, j'ai regardé dehors, la nuit était presque calme, en me recouchant, en me tournant, retournant, j'ai réveillé le Bibelot, nous étions deux à ne plus dormir, conversation décousue, le Bibelot a fini par se rendormir, j'ai continué à chercher le sommeil, il me fuyait, la nuit toutes les pensées sont noires.

J'ai fini par sombrer, j'ai rêvé. Au matin, j'avais des petits morceaux de rêve accrochés à la couette.

Ce matin, le soleil brille, la rue nous appartient presque.

D'habitude, j'aime que ma ville se dépeuple...