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Pendant que le Goût faisait des vers à l'autre bout de Paris, je donnais des biberons, je disais : "Non, non, non" à une poupée qui touche à tout.

L'Ours avait besoin de sa mère, sa belle mère prenait une RTT ; "Tu te rends compte, elle est pas payée et elle prend des RTT".

Dès que son père eût tourné le dos, la Merveille est devenue une petite fille modèle, d'habitude je sens le regard de son père qui se marre (j'ai oublié des tonnes de truc sur les bébés), là nous étions seules.

La Merveille a dormi le cul en l'air, comme d'habitude, je n'ai pas pu lire les blogs, l'Ours avait lancé du boulot sur son PC et j'avais interdiction de toucher alors j'ai lu et j'ai admiré.

J'ai habillé la Merveille avec un jean's "garde à vue", elle était debout dans son parc et son jean's laissait voir sa couche, on est tendance, c'est inné !

Je suis revenue tard, fatiguée, le Goût avait fait le ménage comme un homme, les courses comme un homme, je verrais ça demain.

Vendredi dernier, l'Ours nous invite pour le goûter : "J'amène quoi mon Ours ?" "Tu peux prendre les gâteaux si tu veux".

Nous arrivons, l'Ours est en plein travail, il n'est pas seul, il a déja goûté, des restes de gâteau trainent sur la table basse. Nous partons promener la Merveille avec sa grand mère maternelle, l'homme reste au chaud, il lit les Astérix de son fils.

Arrive JJF qui nous propose de rester à diner, personne n'a vraiment faim, on grignote, je sors les gâteaux et là, le Père et le Fils retombent en enfance ! Ils veulent LA tarte aux abricots, même pas la partager, non ils la veulent et le ton monte.

J'adore voir mon fils, le père de la Merveille, et mon Bibelot, le père de l'Ours se disputer pour un gâteau même pas bon.

C'est bon de se retrouver entre adultes. La Merveille, elle, a été très sage !

Hier, l'homme et moi sommes partis au Musée de la Vie Romantique, un passage par un restaurant de poissons, la Criée pour ne pas le citer, une chaîne qui débite des poissons charognards, enfin j'exagère, pas encore de poisson chat au menu !

En sortant, l'envie de Musée s'était envolée, ne restait plus que l'envie de traîner dans la ville, un petit tour Passage Jouffroy, juste le temps de s'apercevoir que le Passage se donnait un petit air de luxe, des galeries, un pâtissier dont les magazines font l'éloge, j'ai acheté une fois chez lui, j'ai plutôt été déçue.

Un petit tour dans le quartier des assurances pour rejoindre Saint Lazare, prendre un bus et rentrer directement chez nous, l'occasion de voir que ce quartier est en pleine mutation, que le patrimoine des assureurs a été bradé, qu'il ne reste que des facades en pleine rénovation et des bureaux à louer, bureaux qui ne seront pas loués, la tendance est à l'éloignement de Paris mais qui resteront vides, pas question de loger des miséreux là !

Au retour, assis dans le bus pour un bon moment - embouteillages même le dimanche - des voitures immatriculées 75 avec une seule personne.
Nous sommes passés devant la Gare du Nord, nouveaux lampadaires années 50 allumés, ambiance , il y avait même de vrais pauvres.

Et dans le bus, une catherinette, je croyais que la Saint Catherine n'était plus fêtée !

Petite fille, je lisais et relisais "Journal d'Anne Frank". Anne Frank, c'était moi, j'étais dans le grenier, je regardais Peter, j'avais faim et je n'avais pas peur, j'étais immortelle.
J'avais raison, Anne ne mourra jamais.

Un jour, j'ai lu que l'arbre, celui qu'Anne regardait de son grenier, était menacé par la pollution, la Municipalité d'Amsterdam faisait son possible pour le sauver.

Je suis allée voir la Maison d'Anne Frank, c'était tout petit, étroit, et effectivement l'arbre veillait sur la maison, j'ai vu les photos découpées dans les journaux par Anne, son manque d'intimité et pour la première fois, j'ai eu peur, la barbarie humaine n'a pas de limite.

Une grève de métro et les media parlent de "prise d'otages" alors que pendant ce temps là, les otages croupissent dans le monde, les gens crèvent de faim, des malheureux partis à la recherche d'une vie meilleure meurent avant d'arriver sur une terre promise.

Hier, je lisais un article, l'arbre d'Anne Frank est à nouveau menacé, il vient d'obtenir un dernier sursis, début 2008.

L'arbre d'Anne est plus qu'un symbole, il est à l'image de notre vie...

La vie n'est un long fleuve tranquille pour personne mais si on pouvait nous oublier un moment, je sens que ça nous ferait du bien.

J'étais déjà fauchée. Lorsque votre conjoint, travailleur indépendant, se retrouve malade, il perd ses clients, c'est le côté "libéral" du monde.
Je m'adapte, je porte mes vieux cachemires et tant que je peux m'acheter des livres de poche, aller dans les musées, ça va.

En revanche, je supporte de moins en moins l'hôpital, scanner de contrôle pour l'homme, puis visite chez le chirurgien, puis nouvelle visite chez un autre spécialiste qui demande d'autres examens.

Et dès janvier, la ronde infernale, va recommencer, j'ai l'impression d'avoir pris 10 ans en même pas deux ans.

Heureusement que la Merveille existe mais certains jours mon moral est comme le temps, gris.