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30/03/2006

Le mot et la chose

J'aurais voulu écrire une note pleine de légéreté, de futilités, d'exposition, même l'incroyable, la copine chercheuse d'appartement qui dans un moment d'égarement aurait acheté un somptueux 3 pièces.

Hélas, 3 fois hélas, j'ai le mot sur le bout de la langue, j'ai la chose qui me fait un petit noeud d'angoisse, petit le noeud, nous commencions à être bien préparés.

Ne tournons autour de la chose, l'homme a un cancer du rein, nous avons attendu 2 heures pour entendre le mot.

Il subira une ablation de la chose, et pour la suite, on verra.

Je vous remercie de votre soutien à tous, on se sent moins solitaire.

29/03/2006

L'attente

On dirait que Blogspirit a des problèmes ce matin, j'ai voulu commenter chez Lulu et chez Eric, j'ai posté mon commentaire, j'ai lu "Impossible d'afficher la page" et hop mon commentaire est passé, je n'ai pas bégayé du clavier comme Eric.

Que dire de l'attente, ça fait trois semaines qu'on attend, 3 semaines longues et très courtes à la fois, nous vivons dans le flou, ça apporte un certain confort le flou, c'est d'ailleurs pour ça que j'ai préféré, l'homme également que le scanner vagabond, reste sur le bureau du médecin jusqu'à demain.

Demain un homme, que nous n'avons jamais vu, dira la vérité, sa vérité édulcorée ou non. Nous avons bien notre petite idée, pas follement gaie mais nous n'avons pas prise sur l'évènement, bon ou mauvais d'ailleurs.

La vie nous ballote, nous fait des cadeaux, nous les reprend et quel que soit le verdict, nous devrons faire avec, dire que la perpective de se faire retirer un rein enchante l'homme, c'est faire preuve d'un bel optimisme.

Nous sommes très entourés, nous parlons, enfin j'arrache les mots de la bouche de l'homme, et nous dormons comme des loirs.

Nous déjeunons ou dinons au restaurant avec des amis mais c'est vrai, je m'éloigne peu, je reste dans le coin, pas d'expo, pas de magazinage, une pause nécessaire, l'homme travaille, je m'occupe et la journée passe vite.

Demain est un autre jour.

28/03/2006

La Divine Comédie

Vous qui entrez ici, laissez toute espérance. Dante

J'en apprends de vertes et de pas mûres sur notre service de santé depuis que l'homme est malade. Sachez que maintenant, nous ne sommes plus des patients (pas très patient, en ce qui concerne l'homme) mais des clients, l'intendant de l'hôpital est devenu un commercial, il a des objectifs à remplir, il doit assurer la rentabilité de l'hôpital et si son bon coeur l'emporte, il est viré.

Un nombre important d'infirmières, je n'ai pas réussi à en connaitre le nombre exact, vaccinées avec des vaccins mal dosés, souffrent d'une sclérose en plaques, elles se battent en vain contre l'Etat.

La Directrice de l'Assistance Publique, notre énarque touche 18 000€ nets par mois, sans compter l'appartement de fonction qu'elle occupe dans l'Ile Saint Louis, pendant ce temps là, des médecins étrangers enchaînent garde sur garde, sans certitude pour leur paiement, pendant que les médecins "français de souche" choisissent les cliniques et les professeurs émérites ont une clientèle privée pour les récompenser de rester dans le public, donc après la programmation des accouchements, nous assistons à la programmation des opérations, en fin de semaine les services sont vides, le WE dernier, 4 malades à l'étage de l'homme, 3 personnes pour surveiller 2 étages, des médecins en WE et des convocations en pagaille pour les opérations du lundi et du mardi.
Français tu te fais opérer à la chaîne.

Le scanner de l'homme a été retrouvé, je ne dirai pas par qui, il sera sur le bureau du médecin jeudi, jour du RV.

Pendant que nous nous battons pour que les jeunes trouvent un emploi, pour arrêter la mascarade des stages, on privatise en douce l'hôpital et bientôt la Sécurité Sociale.

Nous aurons un système de santé à l'américaine, ceux qui auront de l'argent iront à Cedar Sinaï, les autres à Bellevue.

26/03/2006

Lettre à Monsieur le Ministre de la Santé

Monsieur le Ministre,

Je vous fais une lettre que vous lirez peut être, si vous avez le temps.
C'est bizarre mais je ne vous sens guère concerné par ce qui nous arrive, si par malheur vous êtes malade, vous vous retrouvez au Val de Grâce, et je reste persuadée que les soins que vous recevrez seront d'une efficacité remarquable et payés par la République, entre autres par votre servante...

J'avoue regretter de n'avoir pas le cursus de votre directrice des hôpitaux de Paris, cette personne, qui a fait l'Ena, travaillé chez Danone aurait du continuer à s'occuper de ses yaourts.

Monsieur le Ministre, j'ai la faiblesse de croire qu'un être humain n'est pas un produit jetable, vous me répondrez que je suis une utopiste, que ce qui prime c'est la rentabilité et que la maladie n'est pas un marché rentable pour la contribuable que je suis, vous n'irez pas jusqu'à m'avouer qu'un mort n'a plus de besoins.

Je me permets de vous dire que vous faites des économies de bouts de chandelle et que ces dernières finissent pas coûter très cher, je n'hésiterai plus, comme mes concitoyens à attaquer votre Ministère s'il arrive quelque chose de fâcheux à mon mari.

Depuis le 4 mars, jour où il eût besoin de l'Assistance Publique, il fait des allers et retours rapides de son appartement à un hôpital universitaire, on lui rince le rein, c'est douloureux mais vous Monsieur le Ministre, vous ne le savez pas, je vous souhaite d'avoir des reins en bon état (d'ailleurs ce n'est pas vrai, je vous souhaite de connaitre la souffrance, ça vous rendrait peut être humain !).

Donc hier, une fois de plus, j'irais même jusqu'à dire une fois de trop, on a renvoyé mon mari chez lui, l'hôpital ayant perdu son scanner (ceci dans le cadre d'une économie bien conduite) en lui confirmant son RV avec un professeur, que je souhaite en bonne santé, pour le 30 mars (je souhaite que le scanner perdu ait refait surface d'ici là).

Cet hôpital universitaire réputé pour ses services d'urologie et de néphrologie me fait craindre le pire pour des hôpitaux moins prestigieux.

Soyez certain, Monsieur le Ministre de la Santé, que je garde soigneusement toute preuve des manquements de NOS SERVICES HOSPITALIERS et que je n'hésiterai pas un seul instant à vous trainez en justice.

24/03/2006

A quand les lendemains qui chantent !!!

Chaque fois qu'il pleut, je finis à l'hôpital. Mon fils, ce matin vient aider son père qui avait des problèmes avec son ordinateur, un très méchant virus qui transite par une boite de logiciels qui s'est fait pirater

Nous gardons l'ours à déjeuner, il doit partir voir son employeur pour se faire payer, c'est raté, l'homme se remet à saigner et comme on nous l'a expliqué, nous repartons à l'hôpital dans le service du professeur X celui qui doit rencontrer l'homme le 30 mars, coût d'une première visite 135€, sauf qu'aujourd'hui, il n'est pas là et que c'est l'interne qui a déja soigné l'homme qui le reçoit, après une longue attente.

L'homme explique qu'il a passé un scanner, que normalement les résultats de son scanner doivent peut être être arrivés, nous n'avons pas pensé à passer par le service, heureusement, me direz vous, l'homme souffre et l'interne n'aura jamais en main le scanner, le service ne répond pas, compression de personnel.

L'interne explique à l'homme qu'il va sûrement laisser son rein dans l'histoire ou un bon tiers du rein, qu'il aurait bien aimé le garder mais que faute de lit, il doit retourner chez lui, il lui donne le numéro de son portable, lui explique qu'il peut l'appeler en pleine nuit (il est de garde), qu'il va essayer de retrouver le scanner et qu'éventuellement l'homme sera pris en charge avant le 30.

Nous avions un service de santé que le monde entier nous enviait, c'est fini, nous ne sommes que des cochons de payeurs qui creusons avec nos reins le trou de la sécu.

Monsieur de Villepin, pendant que vous faites le beau en maillot de bain, certains de vos concitoyens meurent chez eux, faute de soin.

La France est riche, nos prélèvements divers et variés, mais j'ai l'impression qu'ils servent à payer le train de vie de l'état.

Monsieur de Villepin, je n'ai jamais voté àdroite et je vous promets que je ne vais pas commencer aujourd'hui.