23/09/2019
La femme de dos.
Racontez-nous lundi un conte qui commencera par cette phrase du grand Albert :
« Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient, d’eux seuls préoccupés, goûtaient l’un à l’autre, soigneux, profonds, perdus. »
Conte qui se conclura par ces mots du familier Verlaine :
« Son nom? Je me souviens qu’il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila. »
Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient, d’eux seuls préoccupés, goûtaient l’un à l’autre, soigneux, profonds, perdus.
Ils dansaient pour la dernière fois.
Ils allaient se séparer et ils le savaient.
Je me projetais déjà dans ma nouvelle vie.
Une vie sans corvée, d'adolescente, une vie que je n'avais pas vécue car j'avais remplacé ma mère et élevé mes deux sœurs et mon petit frère.
Je ne voulais pas d'enfant.
J'en avais déjà élevé trois et trouvais cela suffisant.
Largement suffisant...
Je regarde le tableau qui représente exactement ce que je veux vivre.
C'est drôle comme les responsabilités exercées trop tôt peuvent rendre immature...
Lui, imbécile aveugle, pense qu'en perdant sa compagne il perd plus que l'amour.
Il voit à peine au delà de la perte d'une intendante.
De moi qui lui prépare ses bagages lors de ses fréquents déplacements.
De la cuisinière experte qui l'attend au milieu de la nuit.
Qui allait lui cirer ses chaussures maintenant ?
Nous dansons...
Nos corps s'accordent...
L'habitude ?
J'ai pensé à un ancien flirt.
J'allais essayer de le retrouver.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila.
09:57 | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : jeu, lakevio-le goût, portrait
03/04/2017
Cabinet portrait
Lorsque je suis arrivée dans ce musée de province, je me m'attendais pas à voir ce portrait.
La dernière fois que j'avais vu cette femme, j'avais cinq ans.
Elle partait me laissant à mon père.
Elle n'est jamais revenue.
Le temps a passé et je l'ai oubliée.
Je me suis mariée, j'ai eu des enfants puis des petits-enfants.
Ma vie était plutôt heureuse.
Bon, j'avais bien ce petit point au cœur parfois mais qui ne cache pas une blessure ?
A la revoir dans ce musée, j'ai d'abord reconnu ses yeux.
Elle avait changé, elle ne portait plus ses éternelles jupes plissées et elle avait le sourire.
J'ai regardé la signature du peintre.
C'était lui !
Celui qui m'avait pris ma mère !
Je suis sortie.
Je me suis aperçue que cette femme ne représentait plus rien pour moi...
09:21 | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : portrait, jeu, lakevio