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22/09/2020

Elle.

Mon arrière-grand'mère est la personne qui a le plus compté pour moi.
J'ai eu la chance de la connaître longtemps.
J'avais presque dix-huit ans lorsqu'elle est morte.

Ma mère, trop jeune et trop volage, m'a souvent confiée à elle.
Je l'en remercie.

Mon arrière-grand'mère avait des principes, ne sortait jamais sans chapeau et sans gants et disait « Il vaut mieux une vilaine reprise qu'un trou bien fait ! »

Malheureusement, si elle avait des qualités à revendre elle cousait très mal.
Je me souviens avec attendrissement de ses vilaines reprises...

Elle m'emmenait au Parc Monceau.
Ce parc, que je n'aime pas beaucoup, n'a pas changé.
À l'époque on y croisait des nurses en costume qui parlaient anglais aux enfants.
Aujourd'hui on y croise les nounous et des enfants blonds qui parlent arabe avec elles.
Rien n'a vraiment changé.
Ça respire toujours l'ennui même si parfois on rencontre des élèves du lycée Carnot essayant de fumer discrètement des cigarettes qui font rire.

Puis j'ai grandi.
J'ai commencé à lui faire ses courses sans jamais aller ailleurs qu'aux endroits indiqués.
Les œufs ? Tout en haut de la rue Poncelet ! Presque aux Ternes.
Le pain ? À l'opposé, rue de Prony !
La « Veillée des chaumières », car mon arrière-grand'mère ne donnait pas dans la gaudriole, dans une petite rue sans commerce sauf le marchand de journaux.

Le Goût connaît mon arrière-grand'mère sans jamais l'avoir rencontrée.
Elle était partie tutoyer les anges mais je lui parle souvent d'elle.

Il me suit rue de Courcelles et comme moi, il n'aime pas beaucoup le parc Monceau.

arrière grand'mère, Rue Poncelet, Paris

17/10/2019

Les Veillées des chaumières.

Ce matin, j'écoutais la revue de presse de France-Inter et j'ai eu l'oreille attirée par "Les Veillées des Chaumières", magazine disponible seulement par abonnement.

Aussitôt, je suis retombée en enfance.
Je suis chez mon arrière-grand'mère, assise bien droite sur sa chaise.
Chez elle, il n'est pas question de s'avachir.

Je ne me souviens pas exactement de l'âge que j'ai.
Je seulement que je sais lire et que je lis tout ce qui me tombe sous la main y compris ce magazine.

Mon arrière grand'mère me dit "Tu vas t'user les yeux ma petite-fille ! Tu ferais mieux de jouer !
Mais je préfère lire.

Je me souviens d'un feuilleton dont l'héroïne s'appelle Brigitte.
Je me demande si elle n'est pas infirmière à la campagne.
Je la revois à la campagne conduisant une Vespa et c'est presque incongru pour un journal si convenable.

On y trouve des recettes de cuisine et des modèles de tricot.
Mon arrière-grand'mère n'en tire aucun profit, elle tricote de petites horreurs en jaune et rose avec de la laine détricotée plusieurs fois...
Elle est économe, un peu pingre, je l'adore surtout que je ne suis pas obligée de porter ses "trucs".
C'est ma petite sœur qui a cette chance...

Les veillées des chaumières, Berthe Bernage, arrière grand'mère

02/12/2016

la midinette de mon arrière-grand' mère

paris avant,arrière grand'mère,souvenirs


Il ne se passe pas un jour sans que j'aie une pensée pour mon arrière-grand'mère.

Celle qui nous a aimées.
Celle qui m'a gardée pendant que ma mère avait déserté le domicile conjugal.
Celle qui nous appelait "mes petits rayons de soleil".
Celle qui m'envoyait en haut de la rue Poncelet pour acheter ses œufs.
Celle qui m'envoyait à l'angle de la rue de Prony pour acheter son pain.
Et la rue de Prony est loin de la rue Poncelet...

Mon arrière-grand' mère avait "une Midinette" .
Elle avait une cuisinière à gaz comme tout le monde mais elle préférait faire des "petits plats" sur sa Midinette.
Elle qui détestait la campagne, qui y avait vécu une triste jeunesse, en avait gardé l'habitude de cuisiner sur sa Midinette.
Elle mettait pour  nous un poulet dans le four de la Midinette et y faisait cuire ses meilleures pommes de terre.
Elle y faisait aussi pour nous des pommes au four et du pain perdu...

Je n'ai jamais retrouvé le goût du pain perdu de mon arrière grand'mère.
Il avait le parfum de l'enfance et de l'amour partagé.

Je revois mon arrière-grand' mère, toute petite mais droite, s'endormir en lisant le Parisien Libéré qu'elle continuait à appeler  le "Petit Parisien", ce journal que je devais encore aller chercher dans un endroit bien précis.

C'est à cause du Goût que mes souvenirs remontent...