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05/03/2019

Ma déclaration.

Le Goût vous entretient longuement de mes petits défauts, de mon habitude de traîner lorsque nous allons au ravitaillement, ce qui revient souvent.
De mon habitude détestable d'arriver en retard.
De ma rousseur qui n'existe plus que dans sa mémoire et autres billevesées.
Je ne vous parle jamais de ses manies...
C'est un homme.
Il vieillit.
Il a encore le cheveu dru.
Il a encore le pas alerte.
S
auf en montée...
Mais comme tous les hommes, il ne remarque que ce qui l'avantage.

Il ne rate jamais un train.
Et pour cause ! Il est tellement en avance qu'il pourrait prendre celui d'avant.
En revanche il peut rater un avion en faisant sonner son réveil à cinq heures.
Mais de l'après midi parce qu'il n'a pas vu "PM" sur l'écran du radio-réveil.

Je parle d'aller au ravitaillement ?
Il me suffit de me tourner pour le voir harnaché !
Vêtu comme s'il faisait moins quinze alors que je suis pieds nus.

Il a fait une liste ?
Il l'oublie !
Il met trois heures à choisir un pot de miel mais est beaucoup moins regardant sur la qualité du chocolat et des petits gâteaux qui vont avec.

Ah il faut le voir ! Tel la plus jeune de ses petites filles, il prépare ses gâteaux, petits, et les décore de deux carrés de chocolat.

Il est tout de suite plus humain, vous ne trouvez pas ?

Provision, le Goût, le temps élastique

04/03/2019

D'abord, j'aime pas la pêche.

lakevio.jpg

Une partie de pêche.

Un jeudi, de bon matin, debout sur une roche, je laissai flotter ma ligne dans le tourbillon des belles eaux claires. Ah, quel bonheur, quand au bout de quinze à vingt minutes, en allongeant et retirant lentement l'amorce sur l'eau agitée, tout à coup une secousse répétée m'avertit que le poisson avait mordu et qu'ensuite le bouchon descendit comme une flèche habilement lancée.

C'était un gros ! Je le laissai filer, et puis, relevant la gaule à la force du poignet, une truite colorée fila dans les airs et se mit à sauter au milieu des ronces coupées et des herbes pleines de rosée.

(d'après Erckmann-Chatrian)


Mal réveillée, un jeudi, en plus de bon matin, je traînais des pieds derrière mon flirt et ses amis.
Evidemment je portais le sac de ravitaillement, j'ai toujours pensé qu'ils préféraient dans la pêche le casse-croûte à la prise...

Debout sur une roche, en équilibre instable, après avoir supplié un des garçons d'accrocher un appât à l'hameçon, je laissais flotter ma ligne dans le tourbillon des belles eaux claires, en rêvassant à la pensée du gros livre qui m'attendait dès cette corvée achevée.

Ah, quel bonheur ! Un peu de flatterie ne gâche rien...
Quand au bout de quinze à vingt minutes d'ennui, en les regardant faire, en allongeant et retirant lentement l'amorce sur l'eau agitée, tout à coup, je sursautai, une secousse répétée m'avertit que le poisson avait mordu et qu'ensuite le bouchon descendit comme une flèche habilement lancée, j'appelai un garçon à la rescousse et lui tendis ma canne à pêche.

Il était dit que ce jour là, je boirais le calice jusqu'à la lie, on me rendit la canne.

C'était un gros, je suivis les instructions de mon ami. Je le laissai filer, et puis relevant la gaule, à la force du poignet, une truite colorée fila dans les airs et se mit à sauter au milieu des ronces coupées et coupantes, et des herbes pleines de rosée qui mouillaient mes ballerines.

Je savais déjà que je ne pourrais pas manger cette truite...