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Hier le Bibelot allait mieux, la bouteille de sirop au thym avait joué son rôle de placebo, pas question de rester à repasser, trainer tranquille chez soi.

Nous sommes donc partis le nez au vent, nos pas nous ont conduits à Notre Dame, les touristes absents du mois d'Août sont tous là, un plan dans une main, un hot dog graisseux ou une glace à prix d'or dans l'autre.

Je n'aime pas trop la foule et je me dirige vers l'Hôtel Dieu, le plus vieil hôpital de Paris, il a été fondé en 651 et jusqu'à la Renaissance, il fut le seul hôpital de Paris.

Les jardins sont beaux et la statue amusante, les carabins sont toujours aussi facétieux, nous rencontrons une blouse blanche et nous commençons à discuter. Vous le savez tous, l'hôpital va mal, l'hôpital doit être rentable et un batiment superbe en plein Paris attire les convoitises.

Qui veut la peau de l'Hôtel Dieu, le personnel ne le sait pas, il sait seulement que les services ferment les uns après les autres, la stomatologie ? Envolée ! La maternité ? Fermée à la suite du décès de son patron (on a déja trouvé mieux pour fermer un service).
Ne reste pour l'instant que la chirurgie thoracique, j'espère que le chef de service est en bonne santé...

Trainer le nez au vent vous plonge dans la réalité cruelle, les cliniques sont rachetées par la Générale de Santé pour devenir encore plus rentables, et les hôpitaux placés dans une zone touristique sont menacés de fermeture à court terme.

Hier, la Merveille a été très sage, longue promenade, elle ne va plus voir les canards, elle ramasse des petits cailloux, des feuilles, s'installe par terre dans l'allée et discute avec ses cailloux, une longue sieste et nous sommes rentrés.

Il faut dire que le Bibelot a un rhume, seul Mab sait comment se comporte l'homme avec un rhume, il se plaint, boit du sirop à la bouteille , du sirop pour bébé au goût caramel.

Il a commandé au pharmacien son sirop magique, du sirop au thym.

Nous devions passer la journée chez un ami, l'ami a annulé, je crois que ça arrange tout le monde, le Bibelot est grognon, et un Bibelot grognon, c'est comme une Merveille qui n'a pas assez dormi.

Comme il fait un temps de saison, il pleut, je vais en profiter pour chasser la poussière.

Le Bibelot vient d'aller se recoucher, il a 37°3, je n'arrive toujours pas à comprendre cet homme, il se casse des vertébres cervicales, il ne bronche pas, il se fait retirer un rein, il marche plusieurs heures par jour, il a un rhume, il demande le SAMU...

L'homme, qui m'a habituée à une rigueur sans faille, est devenu people !

Il compte sur ses doigts, il suppute, il ajoute : "Non, c'est pas lui ?"

L'homme, depuis ce matin, se penche avec attention sur la grossesse "supposée" de Rachida Dati.

Dans le village de ma copine qui vit à Londres, ses parents, les voisins, tous font la même chose.

Et moi, pendant ce temps là, je m'en fous comme de mon premier sac à main, je ne suis pas fière de Martin Hirsch qui a vendu son âme, l'Abbé Pierre doit faire des sauts de carpe dans son cercueil.

Je ne suis pas fière du Président de tous les Français, j'ai pas voté pour lui, qui est tout le contraire de Robin des bois, il prend aux pauvres pour donner aux riches. Il a raison, les pauvres sont plus nombreux que les riches.

Je ne suis pas dupe, la grossesse de Madame Dati, la propriété de Christian Clavier, c'est de la poudre aux yeux, pendant que la foule s'amuse, on détruit la sécurité sociale, on instaure une médecine à deux vitesses et on fait vivre les gens dans des taudis, on nous empoisonne avec des pesticides.

Nos parents étaient sûrs que notre vie serait meilleure que la leur, maintenant nous sommes sûrs que nos enfants auront une vie plus difficile que la nôtre.
Sauf l'enfant "supposé" de Madame Rachida Dati...

Ne dites pas : "Nous sommes entrés dans une période de récession" mais : "nous connaissons une période de croissance négative".

Vous pouvez présenter le journal de 20 heures.

Le dimanche matin, lorsque je vais sur le marché, je passe régulièrement au supermarché du coin, j'ai toujours oublié quelque chose.

J'ai déja remarqué que toutes les caissières que je connaissais ont disparu, disparue la jeune Maliene qui rêve de vivre à Bamako, disparue l'étudiante qui travaille pour payer ses études. Ne pas les garder longtemps, de peur de devoir les augmenter, de risquer la prime d'ancienneté, les indemnités de licenciement, etc... Ouvrir encore plus tôt le matin et fermer plus tard le soir. La queue à n'importe quelle heure, le client n'est, après tout, qu'un cochon de payant.

Hier matin, c'était l'enfer, la queue serpentait dans tout le magasin et pourtant certaines caisses ne sont pas ouvertes, ce supermarché, le d'Artagnan de la grande distribution vient d'installer des caisses automatiques.

Tu fais le boulot toi même, tu perds du temps, tu prends la place d'une caissière et en plus tu n'es même pas payé.

Ca va vous plaire à vous, un magasin avec des automates et sans vie, des vigiles partout ?

En ce qui me concerne, j'aime mes jeunes caissières et je boycotte déjà le pays où la vie est moins chère, je ne vais pas aller donner mes sous à des machines.
Je sens qu'acheter ma lessive va ressembler au parcours du combattant...