27/03/2017
Le mur.
Je suis né dans un pays où le travail est rare et la misère courante.
Peu importe le lieu de ma naissance, nous sommes nombreux à vouloir fuir la misère ou la guerre.
Comme beaucoup, j'ai cru arriver dans un pays de Cocagne.
C'était un rêve, ceux qui en étaient revenus les poches vides me l'avaient dit.
Après un long périple je suis arrivé en Californie.
J'étais sûr de pouvoir travailler.
Sur un chantier, faire la plonge, accepter n'importe quel travail.
Je ne connais pas bien la politique de ce pays.
Je sais seulement qu'ils ont élu un président qui n'aime pas les étrangers, Trump.
Il veut rendre l'Amérique aux Américains, je ris jaune, l'Amérique n'est peuplée que de gens venus d'ailleurs.
Aujourd'hui j'ai peur, je rase les murs ou je prends un air faussement décontracté et je regarde passer les gens.
J'avais pensé à la France mais on prépare aussi des élections.
Une femme a le vent en poupe qui, elle aussi, veut chasser les étrangers.
Pourtant, là aussi, je veux bien travailler dans un restaurant.
Je sais que dans les cuisines, là-bas, ça parle toutes les langues.
Je veux devenir un peintre, le peintre de la misère.
Je sais que je n'aurai aucun problème pour trouver des modèles...
09:08 | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : lakevio, jeu, portrait.
Commentaires
Quelle tristesse d'avoir le sentiment de rejet de toutes parts, tu dénonces bien ce refus d'accueillir et de donner sa chance.
Écrit par : Praline | 27/03/2017
Je lui trouve un air faussement désabusé
Écrit par : mab | 27/03/2017
tiens moi aussi je lui trouvais une tête de peintre !
Écrit par : maevina | 27/03/2017
tristesse et espoir, j'aime beaucoup.
Écrit par : la Mère Castor | 27/03/2017
Tu as mis le doigt là où ça fait mal ! Et tu as raison pour les Américains : ils sont tous venus d'ailleurs... sauf les Amérindiens que les autres auraient bien voulu chasser !
Écrit par : Gwen | 27/03/2017
j'aime beaucoup ce récit, heure-bleue
et tu as raison: les Américains viennent tous d"ailleurs", seulement ils l'ont oublié!
Écrit par : Coumarine | 27/03/2017
Le charme éternel de l'artiste maudit... En attendant, ce qu'il veut surtout, c'est travailler, gagner sa dignité, sa liberté!
Écrit par : la baladine | 27/03/2017
La misère est moins terrible au soleil, qu'ils disaient. Vas-y voir !... Tous ces petits corps gonflés, en Afrique, qui tiennent à peine sur leurs jambes, c'est mieux ?
Et je suis bien d'accord avec toi : rendons l'Amérique aux Américains, il ne restera pas grand monde car on sait ce qu'il est advenu aux "natifs" !...
Allons-nous descendre encore plus bas ?...
Écrit par : lakevio | 27/03/2017
le tiens n'est pas un monstre ! Tu es bonne...
Écrit par : colombine | 27/03/2017
putain ça fou le moral en l'air ton truc ! Ok c'est vrai, on est tous des migrants, même Jésus était migrant...elle gagnera pas la dame!
Écrit par : Tarrah | 27/03/2017
Quand mon mari débutait péniblement sa vie de petit commerçant, j'avais trouvé un boulot de plongeuse. Mais, attention, pas dans la mer des caraïbes. Et bien, je peux dire que ça ne me dérangeait pas trop, que ça déstresse, qu'on ne pense à rien en lavant des casseroles..que tant qu'un ptit con n'est pas venu semer sa m.... tout allait bien. Nous étions 3, la patronne qui se payait son salaire avec les pourboires et osait à peine me commander, le cuistot, le mieux payé et moi. On rigolait bien tous les 3....et puis, il a fallu qu'un merdeux terminant son armée, arrive et veuille jouer au grand patron, pour que j'ai envie de lui en coller deux et ne parte en claquant la porte en le traitant de ptit con. Et la mère qui disait "mais qu'est-ce qui m'arrive, il ne manque plus que ça !" Quand j'étais venue chercher mon solde de tout compte, elle avait chougné "vous comprenez bien que je n'avais pas le choix, que je ne pouvais pas prendre votre parti, c'est mon fils".
J'ai bien compris, mais nous ne nous sommes plus jamais reparlées. Je l'ai même superbement ignorée, quand, un jour, elle est venue à la boutique. (ouais, toujours mon défaut, la rancune).
C'est con à dire, mais ceux qui font la plonge sont des êtres invisibles. Et, ma foi, pour un sans papier, rien de tel pour passer inaperçu. J'ai du respect pour ces gens-là, d'autant plus que ma mère l'a fait aussi pendant 10 ans, suite à la mort de mon père.
Il est vrai que dans les cuisines des grands restos, ça parle toutes les langues. Combien sont payés ces pauvres hères ? L'exploitation de la misère humaine me "débecquette" au plus haut point.
Écrit par : julie | 27/03/2017
Beau récit ou tu mêles la fiction à la triste réalité.
Écrit par : tanette2 | 27/03/2017
je ne serais pas sur ta page , je me serais posé la question. C'est une note que j'aurais devinée être de toi. Tellement possible!
Écrit par : emiliacelina | 27/03/2017
Il a raison de ne pas pouvoir voir l'autre (les autres) en peinture ! J'espère qu'il va trouver une issue, en cuisine ou en peinture (les deux ? un job de jour, une passion de nuit) et vivre "normalement"
Écrit par : Véro | 27/03/2017
Votre récit est sombre et beau. Je pense toujours qu'un jour, se soit nous qui devront émigrer... On sera, alors bien content d'être accueilli quelque part. Je pense que ce point de vue ne traverse même pas l'esprit de la dame qui a le vent en poupe.
A lundi prochain
J.-J.'60
(A force de regarder les youtubeurs, mon langage sombre dans les "tchao" "Bisous bisous" "bye" et... censuré!)
Écrit par : Jeanjacques666 | 28/03/2017
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