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09/05/2022

Devoir de Lakevio du Goût N°122

Rue-plus-courte-de-Paris.jpg

À la demande générale de deux personnes, je vous propose donc un « devoir de Lakevio du Goût ».
Et je remercie Alainx et Pivoine de leur intérêt pour ces « devoirs ».
Vous est-il arrivé d’emprunter une rue aussi courte que la « Rue des Degrés » ?
J’espère que vous avez une histoire pas trop brève à raconter sur une rue brève.
J’aimerais aussi que cette histoire commençât par :
« Hier, il ramassait les miettes de pain tombées sur son pantalon, par terre, en faisant des efforts énormes. »
Et qu’elle finît par :
« Nous étions debout sous la pluie, parmi les provisions de bouche. »
À lundi donc, si vous voulez…

Hier, il ramassait les miettes de pain tombées sur son pantalon, par terre, en faisant des efforts énormes.
Il faisait toujours des efforts énormes...
Déjà pour garder son travail chez Boulinier.
S'il aimait les livres, il aimait moins son travail.

Il faut bien constater que Boulinier n'attirait plus les foules.
Toutes les librairies du groupe avaient été vendues, le groupe dispersé.
Vous connaissez sans doute les conséquences de ce genre de vente.
On compresse surtout les salaires, on écrase le personnel et on fait trimer deux fois plus ceux qui restent.

Alors, il n'allait plus déjeuner au café pendant sa coupure.
Il mangeait assis sur les escaliers en regardant passer les forçats du tissu ployant sous le poids des rouleaux et il comptait les années qu'il lui restait à travailler.
Il n'était pas le seul à vouloir vieillir pour enfin vivre.
Il retournerait vivre en Creuse.
Il ne craignait pas l'ennui.

A force de le croiser, nous discutions parfois avec lui.
Il pleuvait peu sur Paris mais ce jour là, une averse soudaine survint et nous surprit.
Nous étions debout sous la pluie, parmi les provisions de bouche...

Commentaires

Le sort des libraires n'est pas plus enviable que celui des épiciers, on dirait...

Écrit par : le-gout-des-autres | 09/05/2022

Nombreux sont ceux qui voudraient avoir quelques années de plus pour ne plu subir les pressions du monde de travail...

Écrit par : Fabie | 09/05/2022

Oui. Et évidemment, tu connais bien la question... j'essaie de faire vivre les deux librairies que je fréquente (enfin, de contribuer à les faire vivre...) tropismes et tulitu...

Écrit par : Pivoine | 09/05/2022

excellent, ton texte! et bravo pour la façon dont tu intègres les phrases imposées!

Écrit par : Adrienne | 09/05/2022

"Vouloir vieillir pour enfin vivre"... triste contradiction :-(

Écrit par : Praline | 09/05/2022

Assez terrible en effet la petite phrase que reprend Praline. Ça m'a frappé. Hélas combien pensent la même chose…
Je trouve ce texte assez « fort », témoin d'une évolution inquiétante en quelques phrases ajustées.
Sommes-nous la dernière génération de « liseurs » ? La prochaine sera-t-elle uniquement consommatrice d'écran ?

Écrit par : alainx | 09/05/2022

Triste et désolant programme et pourtant tellement d'actualité hélas .

Écrit par : colette | 09/05/2022

Bien triste réalité !!!
belle journée

Écrit par : esterina | 10/05/2022

Il reste encore des grossistes en tissu sur Paris, on trouve encore des ateliers où triment des clandestins, des forçats comme tu dis ? A Vichy, l'une des plus anciennes librairies vient d'être rachetée et rénovée comme dans les années 50, les belles boiseries d'antan ont été dégagées..Pourvu qu'elle dure...faut dire que la fenaque se trouve à quelques dizaines de mètres.

Écrit par : julie | 11/05/2022

Par passion, j'ai pu travailler jusqu'à mes 65 ans ! J'étais enquêtrice pour l'Ifop et Insee. J'ai pu ainsi toucher toutes les couches de la société, depuis le "quart-monde" jusqu'à des ministres. J'ai adoré cela et a fait changer mon regard sur autrui...

Écrit par : Gwen | 11/05/2022

C est triste d être pressé de vieillir. Quand mes enfants parlent de retraite je leur répète : ne soyez pas trop pressé... ca viendra bien assez tôt... quoique... qui sait ce qui les attend ?

Écrit par : Emiliacelina | 13/05/2022

Les commentaires sont fermés.