24/03/2022
Pourquoi j'ai mangé mon père.
Depuis le début de cette guerre, je pense chaque jour à mon père.
Mon père, enfermé en Pologne, avait été "délivré" par les Russes.
Après sa "libération" il leur voua une haine farouche...
Je connais peu de choses de son passé.
J'ignorais même qu'il parlait allemand.
Lorsque je l'ai entendu le parler, je lui ai dit "mais tu parles allemand ?"
Il m'a répondu "Il faut toujours comprendre son ennemi."
Bien qu'il mit deux ans à revenir en France, il n'eut pas le temps d'apprendre le Russe...
Pendant la Guerre Froide, alors que l'épisode des missiles de Cuba faisait craindre une troisième guerre mondiale, mon père nous disait régulièrement "Je préfère vous tuer de mes propres mains que vous laisser aux mains des Russes !!! ".
Je ne suis pas une experte en géopolitique, mais Dieu que la guerre est moche !
Je crois aujourd'hui que mon père le savait mieux que bien des spécialistes qui dissertent sans fin pendant que les gens meurent...
09:58 | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : guerre, russie, délivrance, père
31/01/2015
Mon père était fou.
Mon père était fou.
Comme Primo Levi.
Je crois qu'il était né comme tout le monde, avec des rêves.
Puis la guerre, la Pologne, le froid, la faim et la délivrance par les Russes, tout cela a tué ses rêves.
Je ne sais pas exactement comment mon père a été délivré.
Je ne sais finalement pas grand chose...
Au début, il ne parlait pas.
Après on ne l'a pas écouté.
C'était vieux tout ça.
La guerre ? On ne connaissait que par les livres...
Mon père détestait les Russes.
Il faut dire qu'il avait fait un long périple avec eux.
Odessa, la Turquie, d'autres ports méditerranéens et d'autres endroits que j'ai oubliés.
Il n'a pas fini à Haïfa, sinon je ne serais pas Parisienne, je ne serais même pas du tout.
Il avait la phobie des médecins.
Il a vu un médecin huit jours avant de mourir et c'est uniquement parce que sa mémoire avait pris le large avant lui.
Il a jeté à la porte, en le traitant de nazi,un ophtalmo que ma mère avait réussi à convaincre de se déplacer...
Ah Dieu ! Que la guerre est jolie ! Disait Apollinaire.
Je crois que mon silencieux de père ne pensait pas ça du tout.
Il a passé sa vie à lire des livres d'Histoire.
Il voulait peut être comprendre l'incompréhensible...
10:48 | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : camp, russes, guerre