31/01/2015
Mon père était fou.
Mon père était fou.
Comme Primo Levi.
Je crois qu'il était né comme tout le monde, avec des rêves.
Puis la guerre, la Pologne, le froid, la faim et la délivrance par les Russes, tout cela a tué ses rêves.
Je ne sais pas exactement comment mon père a été délivré.
Je ne sais finalement pas grand chose...
Au début, il ne parlait pas.
Après on ne l'a pas écouté.
C'était vieux tout ça.
La guerre ? On ne connaissait que par les livres...
Mon père détestait les Russes.
Il faut dire qu'il avait fait un long périple avec eux.
Odessa, la Turquie, d'autres ports méditerranéens et d'autres endroits que j'ai oubliés.
Il n'a pas fini à Haïfa, sinon je ne serais pas Parisienne, je ne serais même pas du tout.
Il avait la phobie des médecins.
Il a vu un médecin huit jours avant de mourir et c'est uniquement parce que sa mémoire avait pris le large avant lui.
Il a jeté à la porte, en le traitant de nazi,un ophtalmo que ma mère avait réussi à convaincre de se déplacer...
Ah Dieu ! Que la guerre est jolie ! Disait Apollinaire.
Je crois que mon silencieux de père ne pensait pas ça du tout.
Il a passé sa vie à lire des livres d'Histoire.
Il voulait peut être comprendre l'incompréhensible...
10:48 | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : camp, russes, guerre