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26/06/2017

Une histoire vraie.

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Vous ne me voyez pas.
Je suis toute petite, impatiente, chapeautée et gantée.
J'attends, j'ai les yeux fermés alors ils pensent que je dors.
Que c'est le grand âge, l'air de la campagne.

Je ne dors jamais bien à la campagne.
Je suis une vieille dame qui a vécu les huit premières années de sa vie à la campagne.
Pas la campagne des Parisiens, non la campagne de la vie des enfants placés dans une ferme.
La vie des enfants sans nom.
Les enfants des filles perdues engrossées par un fils de famille.

J'ai cassé la glace de la bassine pour me laver l'hiver.
J'ai eu froid.
J'ai travaillé durement dans les champs.
J'ai appris à lire et à écrire toute seule.

Un jour, je suis partie à Paris.
Et j'ai travaillé, travaillé, travaillé.
J'ai acheté la maison et les champs, je les loue.
On ne peut pas me gruger, je connais le travail de la ferme.

J'aime Paris de toutes mes forces.
La guerre a volé mon fils, le petit dernier.
Elle a volé ma fille partie s'installer au Maroc.
Il m'est resté l'aîné, le beau parleur, celui qui plaît aux femmes avec sa grande taille et ses yeux bleus.
Il me reste un fils et Paris, alors la campagne et les bancs moussus, je vous les laisse du moment qu'ils me rapportent de l'argent.