11/11/2019
Fais moi mal Johnny...
Je vous parle d'un temps que seules les grand'mères peuvent connaître.
Mon père avait survécu à la Pologne, ma mère l'avait épousé pour échapper à son beau-père.
Quand je suis née, elle n'avait pas encore vingt ans...
La guerre était finie, la Guerre Froide battait son plein.
La France, qui avait connu la faim, n'était pas contre un steak.
On ne pensait pas encore que les pets de vaches, qui mangeaient de l'herbe bêtement dans les prés, dévastaient la couche d'ozone.
On reconstruisait le pays.
Les voitures étaient rares.
Les premières voitures garées dans ma rue étaient regardées comme des vaisseaux extra-terrestres.
C'est tout juste si les enfants avaient une âme.
Rendez vous compte, ils allaient jouer au square sans accompagnateur !
A l'époque de "Salut les Copains", une de mes camarades est tombée amoureuse d'un commis boucher.
"Il ressemble à Johnny ! " disait-elle.
Comme lui il avait les cheveux blonds et les yeux bleus trop petits mais la ressemblance s'arrêtait là.
Nous passions devant "La" boucherie plus de vingt fois par jour.
Le commis se laissait admirer et ma camarade n'était pas la seule à le trouver à son goût.
Imaginez son émoi lorsqu'elle le voyait décharger les carcasses de vaches -oui la vache est plus tendre que le bœuf-.
Elle ne pensait pas alors à Rembrandt, elle ne voyait que les muscles de ce garçon.
Je trouvais qu'elle se contentait de peu.
Faute de grive, on mange un steak de soja n'est-ce pas...
L'Homme est aujourd'hui trop souvent considéré comme quantité négligeable.
On regarde plus souvent son chien que lui et il m'arrive de penser que certains ont plus de considération pour une vache qu'ils n'ont jamais vue que pour la vieille dame qui promène son chien...
07:00 | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : le goût-lakevio, l'écorché, steack