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12/09/2016

La débâcle

Paysans, argent, suicide ou meurtre.
Ils sont là, le regard triste, les livres de compte sont rangés.

Ca fait trop longtemps qu'ils comptent et recomptent.
Ils ont tout sacrifié à leur exploitation, en vain.

Il ne veut plus aller voir le banquier, c'est toujours la même chose.
Il connaît son discours :

- Il faut arrêter avant qu'il ne soit trop tard, vendez votre troupeau, vos terres, payez vos dettes et repartez à zéro.

Repartir à zéro, c'est facile pour un directeur de banque, un qui reçoit un salaire chaque mois, qui touche même des primes sur ses résultats.
Et un bon résultat, ça peut être aussi bien la fermeture d'une usine, d'un magasin, une faillite qu'un placement au rendement élevé.

Ils n'ont même pas pris de petit déjeuner.
Ils hésitent encore.
Sa ferme, son outil de travail lui vient de son père, elle, elle est née dans cette
ferme ou sa mère est morte trop tôt il y a des années.
Ils ne supportent pas l'idée de vivre en ville.
L'usine ?
Ils n'en veulent pas.
Ils ne peuvent pas.

Il lui demande une dernière fois "tu le veux vraiment ?".

Elle ne recule pas.
Elle lui tend le fusil.
Il tire et retourne l'arme contre lui