Sur les traces du passé.
25/11/2019
Quelque chose m’est suggéré en regardant cette toile.
Mais vous ? Que vous dit cette toile ?
Si voulez bien faire ce « devoir de Lakevio du Goût », vous le commencerez par cette phrase « J’ai arpenté pendant plusieurs jours le XVIème arrondissement, car la rue silencieuse bordée d’arbres que je revoyais dans mon souvenir correspondait aux rues de ce quartier. »
Et le clorez par « Ce fut un chagrin désordonné. »
J'ai arpenté pendant plusieurs jours le XVIème arrondissement, car la rue silencieuse bordée d'arbres que je revoyais dans mon souvenir correspondait aux rues de ce quartier.
Je sais ce que je cherche dans ce quartier que je connais mal encore aujourd'hui.
Je cherche la petite fille que j'étais.
Celle qu'on habillait en gris souris pour qu'on ne la remarque pas.
Je ne me souviens que du froid et de mon manteau fin comme du papier à cigarettes.
Mais j'avais de la chance.
Je ne portais pas d'étoile, "l'étoile".
Je ne savais pas que j'aurais dû...
Mes parents avaient disparu je ne sais où, emmenés un matin.
Depuis je vivais chez une vieille employée de ma grand'mère.
Cette employée était "une méritante" qui disposait d'un petit appartement appartenant à la famille.
Je ne me souviens pas vraiment de ce quartier.
Les traces en ont été effacées et mes pas dans la neige se mêlent à d'autres pas...
Je ne cherche pas un souvenir heureux, ce serait vain.
Je ne me souviens que de la grisaille.
Je me rappelle avoir pleuré lors de la disparition du chat de Jeanne.
Ce fut un chagrin désordonné.
17 commentaires
L'Histoire colle aux semelles, hein, lumière de mes jours.
Ah ! Je comprends bien ton "chagrin désordonné" Heure Bleue. Il me touche.
Ma grand-mère paternelle ne l'a jamais portée non plus. Ni sa mère. Je ne sais pas pourquoi ni comment. Pourtant, sur l'état civil ma grand-mère est marquée, sous son nom, en bien gros, Allemande. Sa mère a été naturalisée peu avant la guerre. Triste époque.
J'ai vu il n'y a pas longtemps les fils de Simone Veil parler de leur maman, et aussi leur maman parler des camps, c'était poignant !
On ne peut oublier un tel passé.
Et même il ne faudra jamais l'oublier.
Tiens, j'ai fait autant dire la même approche. Tu me diras, vu où j'habite, le passé, ça marque. Mais, une chose m'intrigue, pourquoi la petite fille dont tu parles n'a pas un joli manteau rouge ? Mais si, tu réponds à ma question, pour qu'on ne la remarque pas...Abjecte cette étoile..
Triste époque en effet. Comment va le petit chat jaune ?
Je ne sais pas, j'ai raccroché au nez de ma soeur, mais mon autre soeur m'aurait dit si le petit chat était mort.
Très émue à te lire, je t'embrasse doucement. ♥
décidément la neige nous plombe... pourtant c'est si joli !
A Versailles on avait décrété que mon père devait porter l étoile car notre nom aurait été juif. Ce qui est faux car on en trouve des tas sur les monuments aux morts du Morbihan. Ma grand mère a repris son nom de jeune fille et s en est allée planquer mon père en Bretagne chez une tante qui vivait au fond d un trou. Ils vivaient dans les caves et n avaient rien a manger. Ils ont failli s évanouir en arrivant a Guingamp. La patisserie face a la gare vendait des mokas au beurre! Mon père en parle tout le temps encore !
Bonjour Heure Bleue,
bien grave et triste histoire..
Belle journée à toi!
Beaucoup d'émotion et de choses non-dites, comme des pas dans la neige.
Bisous
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Ce beau texte m a fait penser à Dora Bruder
C'est démoralisant....mais ça va avec l'ambiance du moment...bisous.
Bonjour Heure-Bleue, au travers du devoir de maîtresse Lakevio, tu évoques là avec force et justesse , un passé difficile à oublier . Une page douloureuse de notre histoire qu'il nous faut nous rappeler afin de ne plus jamais connaitre ni de près ni de loin cette période sombre.
Oh oui. Cette histoire m'a aussi émue, avec ce dépouillement si particulier à certains de tes textes.
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