Librairie encore.
26/11/2016
J'avais vendu ma librairie parisienne car travailler sans cesse, c'est faisable, ne pas gagner sa vie, c'est pénible.
Bon, je ne savais pas encore que je replongerais.
Chacun ses faiblesses, la mienne s'appelle "librairie".
Je voulais travailler dans une librairie mais pas la mienne.
C'est reposant aussi de laisser les échéances à d'autres...
J'ai trouvé facilement dans la banlieue Ouest.
Chez une vieille dame très riche.
Pas avec sa librairie.
La librairie, c'était sa récréation.
J'y étais presque toujours seule.
Une librairie toute en longueur.
La clientèle n'était pas du tout la même qu'à Paris.
C'était plutôt le genre bermudas, chemises à petites fleurs et messe du samedi soir.
Le genre qui tient le stand "pâtisserie-fruits rouges" à la kermesse de l'école...
C'est là que j'ai connu Madame de., qui ne portait pas de bermuda, n'allait pas à la messe et ne pratiquait pas la charité chrétienne.
Les autres non plus d'ailleurs...
Vers quinze heures, j'avais un "client", pas du coin, à l'accent "titi parisien".
Il ressortait toujours les mains vides, du moins je le croyais.
Ce manège a duré des mois.
Un jour, il est arrivé tout content.
- Salut, je viens te payer, j'ai traversé une mauvaise passe, je t'ai volé de la poésie, maintenant que je gagne des sous, c'est normal que je te paie.
Ca devenait une manie, mes voleurs venaient me payer, bon ça ne m'est arrivé que deux fois.
Mon voleur de poésie a continué à venir me voir, à payer sa poésie et à me saluer d'un "merci patronne !".
Quand il tombait sur la "vraie patronne" il partait en disant "tu diras à la patronne que j'ai payé, hein ! T'oublie pas !"
Bon rassurez vous, je n'ai pas rencontré d'autres voleurs repentis.
Mais d'autres voleurs, sûrement, à commencé par celle qui m'a pris mon portefeuille à Montmartre...
18 commentaires
Bon week-end patronne!
Un voleur de poésie, c'est déjà de la poésie...
Quelle époque épique !
¸¸.•*¨*• ☆
Oui vive les poètes .
Quand je pense que tu m'as dit que ta première faiblesse c'était moi...
A qui se fier !
si tous les voleurs étaient comme ça, on leur donnerait notre chemise
tu avais de la chance avec tes voleurs !
Je ne savais pas que ça existait les "voleurs de poésie" et c'est charmant !
Un poète sans le soi, c'est bien connu ! J'en connais deux qui auraient pas pu vivre de leurs écrits. Sont devenus fonctionnaires pour avoir le temps d'écrire. (Même pas vrai d'abord !)
Un voleur de poésie, c est désuet et charmant
Je comprends ton attachement aux libraries...
Ah la chose écrite.....
Chère Heure-Bleue,
Vos souvenirs de libraire m'ont donné des idées. Je n'ai pas volé de livres mais, hier, alors que j'étais dans la ville de mon enfance, La Chaux-de-Fonds, je hanté la Méridienne. Une librairie indépendante qui fête ses 20 ans d'existence cette année. J'avais en tête un titre que je voulais acheter et finalement je suis ressorti avec 4 livres et deux cartes. Une de ces carte est pour vous. Je ne sais pas encore par quel moyen je vous la ferai parvenir...
Verlaine. Mes Verlaine sont encore dans des cartons, à 60 kilomètres de chez moi!
Cette fin des temps est propice à la lecture de poésie...
Je vous souhaite une semaine riche en lecture et écriture. Le tableau du lundi proposé par Lakévio semble une énigme...
De la Ville fédérale, le 26 novembre 2016
Jean-Jacques'22
Nota Bene
Dans la tradition germanique, la fin des temps est la période située entre la fin de la chute des feuilles et la première neige. Moments magiques...
Mais ma parole tu les attirais ! mais je les aime bien ces voleurs-là, qui restituent en réglant la facture.
Je me demande comment ils arrivaient à dissimuler des livres, sous le manteau peut-être...
Pauvres voleurs-poètes, maintenant ils sont piégés par les vidéos de surveillance ;-)
Tu es tombée sur deux voleurs honnêtes :-)
Alors gratte encore tu vois tu nous racontes des souvenirs enfouis et on adore. Tu vois, ton blog a encore de longs jours devant lui.
écoute pour moi c'est du jamais vu, des voleurs repentis!!! hi hi deux quand même c'est énorme! Il y a des drôle de gens, mais il aimait tellement le poésie qu'on lui pardonne facilement...bon dimanche!
Un peintre, puis un poète... Tu fus la libraire des artistes, les vrais, les sans le sou, mais foncièrement honnêtes! Pourquoi ne suis-je donc qu'à moitié surprise?
Tu as vraiment l'art pour faire des rencontres originales...
Qui aurait pu imaginer un voleur de poésie... ?!
C'est tout de même joli !
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