L'élégance des veuves
31/10/2016
L'une a perdu sa grand'tante, l'autre son vieux mari.
Un barbon de trente ans son ainé...
Elles se retrouvent au Luxembourg.
Il fait beau.
La jeune veuve a de la chance, elle n'a pas d'enfant.
Il lui serait autrement plus difficile d'épouser enfin le beau Victor, évincé par ses parents parce que moins riche que le barbon.
Elles sont privées de bal.
L'une par la mort d'une vieille tante qu'elle n'aimait pas et dont la moustache lui piquait les joues.
L'autre par la mort d'un homme qu'elle n'aimait pas et qui lui faisait subir "le devoir conjugal".
Elle en a eu des migraines la pauvrette.
Elle en a eu, des "périodes" qui duraient trois semaines...
Elles sont heureuses de se retrouver sans obligation.
Le deuil a parfois des avantages, elles papotent, elles cancanent, elles se moquent du nez de la Polignac, de la religiosité de Mademoiselle de Beauregard, trop laide pour trouver un mari et qui s'est entichée du curé de la paroisse de Saint Germain.
Le deuil est parfois confortable, le noir leur va si bien.
Aucun gandin n'ose venir les importuner, elles les regardent du coin de l'œil.
C'est bien de retrouver l'insouciance de leur jeunesse par la grâce de convenances qui vont bientôt disparaître.
16 commentaires
C'est bien vrai qu'elles sont élégantes, et qu'elles n'ont pas l'air très affligées.
Je ne sais pas ce qu'il en était dans votre jeunesse, mais j'ai aimé le noir presqu'à outrance quand j'étais jeune. Et mon premier pantalon était noir, arraché de haute lutte à ma mère.
Quelle élégance et quel maintien, on avait en ce temps là... Tiens, tu as songé au Luxembourg quand j'ai pensé les Tuileries ! Bon courage pour le dentiste !
Très joli, ton texte, bien écrit, bien construit.
Tu encenses trop le veuvage à mon goût...
Convenances, faites pour passer au-dessus.
Insouciance des jeunes filles mais maturité de femmes. les veuves noires reluquent en douce le prochain ! De vraies mantes religieuses...
j'ai adoré ton texte si savant !
Mama mia mais tu ferais presque du veuvage une fête, un moment bienheureux... remarque ça doit bien ressembler à ça quand on a épousé un vieux de trente ans son aîné, et par intérêt et forcée par ses parents, et quand le devoir conjugal est presqu'un viol... ça en fait des paramètres de délivrance ! :-) Allez zou, au diable les convenances, qu'elle envoie valdinguer sa longue robe noire et qu'elle vole vers le beau Victor, non mais y a du rattrapage à faire, hihi !
tout vient en son temps parfois le veuvage est un moment qui se savoure .............
Je passe te dire aurevoir heure-bleue
Bonne continuation...
C'était une époque difficile pour les femmes - encore que ces deux-là semblent à l'aise et pas trop affligées, le veuvage était sans doute une période de répit.
très réussi !
Très joli texte, dommage qu'en vieillissant le noir nous va moins bien
un barbon de trente ans son aîné!!!!!! pas étonnant qu'elle se sente libérée... il fallait bien s'attendre à ce qu'un jour, il parte avant elle ! Encore un peu de patience pour sauver les convenances et ....... bonjour Victor ! Agréable à lire ton texte !
C'est amusant que Le Goût et toi les ayez vues veuves... Le deuil à la Belle Epoque se portait pour tous les parents, seule la durée différait... Mais il est vrai que le veuvage a longtemps été le seul moyen pour une femme de s'émanciper totalement!
Je n'avais pas pensé à leur faire épouser des barbons riches (mais c'est un pléonasme )!
Le noir est la couleur de la liberté ! Hélas, je crains qu'elles trouveront bien vite des contraintes sur leur chemin...
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