La débâcle
12/09/2016
Ils sont là, le regard triste, les livres de compte sont rangés.
Ca fait trop longtemps qu'ils comptent et recomptent.
Ils ont tout sacrifié à leur exploitation, en vain.
Il ne veut plus aller voir le banquier, c'est toujours la même chose.
Il connaît son discours :
- Il faut arrêter avant qu'il ne soit trop tard, vendez votre troupeau, vos terres, payez vos dettes et repartez à zéro.
Repartir à zéro, c'est facile pour un directeur de banque, un qui reçoit un salaire chaque mois, qui touche même des primes sur ses résultats.
Et un bon résultat, ça peut être aussi bien la fermeture d'une usine, d'un magasin, une faillite qu'un placement au rendement élevé.
Ils n'ont même pas pris de petit déjeuner.
Ils hésitent encore.
Sa ferme, son outil de travail lui vient de son père, elle, elle est née dans cette ferme ou sa mère est morte trop tôt il y a des années.
Ils ne supportent pas l'idée de vivre en ville.
L'usine ?
Ils n'en veulent pas.
Ils ne peuvent pas.
Il lui demande une dernière fois "tu le veux vraiment ?".
Elle ne recule pas.
Elle lui tend le fusil.
Il tire et retourne l'arme contre lui
15 commentaires
Il y en a un qui a de la chance.
Toi, c'est sur le banquier que tu aurais tiré...
Oui, comme Le GoÛT, je dirais que le banquier s'en tire bien ! Mais quelle horreur que cette triste histoire, pourtant répétitive dans les "faits divers" actuels. Les paysans se suicident beaucoup actuellement, hélas...
C'est pas eux qui méritaient cette fin là...
Et elle le suivra ou pas?
Oh les pauvres, si jeunes et déjà si malmenés par la dure vie de paysan... c'est trop triste et trop injuste :-(
Mourir ensemble c'est bien, j'espère qu'ils ne laissent pas d'orphelin...
(heureusement, le commentaire du Goût me fait pouffer de rire !)
Mais elle ne va pas le suivre...son regard est coquin!
et on débute la semaine gaiement !!!
mais non! Si je comprends bien il tire sur elle avant de retourner le fusil sur lui ! ....et on dit que plaie d'argent n'est pas mortelle !..N'empêche ! Tu exagères HB ! Tu es la première que je lis aujourd'hui, tu m'en fiches un coup au moral !!
waouch.....
Hélas, hélas, ça arrive très souvent ce genre de situation. Mais, souvent, il n'y a que le paysan qui se tue. Soit il prend le fusil, soit il se pend. J'en ai connu un qui a fait ça.
Je me suis toujours demandée comment ils pouvaient s'en sortir, avec les énormes machines agricoles à rembourser qui coûtent la peau des fesses. Les paysans n'ont jamais bien aussi le temps de leur côté. Cette année, certains ont décroché le pompon. La pluie au printemps, le manque de pluie cet été, la grêle.....
Je pense que les banques ont un sacré patrimoine.
J'ai lu différentes versions. La tienne est la plus expéditive. Waou, tu n'y es pas allée avec le dos de la cuillère !
Oups! solution définitive, comme disent les Allemands ;-)
Je vois qu'on est d'humeur joyeuse, par ici :-)
Et c'est encore la banque qui gagne, quel gâchis...
Merde alors ! Ils n'avaient pas le droit... Un désespoir si profond, vécu à deux, c'est rare. Ils auront au moins tout partagé ensemble, jusqu'au bout.
Hélas.... C'est la triste réalité de notre monde paysan. Dit-on encore paysan ? La banque...Quand j'allais mal, il y a deux ans, ma banquière voulait me vendre une assurance obsèques ... Ca ne s'invente pas !
Ben dis donc, ça rigole pas par ici.
Très bien amené.
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